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Quand les nÉoconservateurs osent tout… c’est À Ça qu’on les reconnaÎt!

Publié le 17 mars 2009 par Anomalie


Dans la série « quand les néoconservateurs… », après notre article « quand les néoconservateurs nous font rire », nouvel épisode : « quand les néoconservateurs osent tout » ! Et force est de constater que quand ils osent, ils osent… Si le ridicule tuait, ils pratiqueraient allégrement leur auto-génocide ! Leur nouvel exploit est signé David Bescond, dans un billet publié sur le site d’obédience nouvelle droite Rebelles.info (ça ne s’invente pas !), et repris par drzz.info, la plateforme néoconservatrice la plus importante et la plus intéressante de la blogosphère française.

Quand les nÉoconservateurs osent tout… c’est À Ça qu’on les reconnaÎt! David Bescond part d’un tableau recensant les pertes occidentales en Afghanistan. Louable, me direz-vous, et informatif de surcroît, ce qui n’est pas négligeable.

Quand les nÉoconservateurs osent tout… c’est À Ça qu’on les reconnaÎt! Mais la conclusion qu’il en tire est tellement tordue et délirante qu’elle mérite d’être citée in extenso. Les passages les plus incroyables sont par nous soulignés ! Ouvrons les guillemets :

« On constate que les mois de janvier et février n’ont jamais été aussi meurtriers que durant cette année 2009. Et mars semble suivre le même chemin. On peut également remarquer une nette dégradation pour le mois de décembre 2008 comparativement aux autres mois de décembre. Un hasard ? Non. À cela deux explications. Comme je l’ai écrit dès le 28 septembre 2008 : « J’affirme qu’avec l’adoption du plan Paulson les Etats-Unis ne seront plus en mesure de financer ces deux guerres. Les terroristes peuvent se frotter les mains. Du moment ou le Congrès votera en faveur du plan Paulson, ils auront gagné la guerre. La chute de Kaboul ne sera plus qu’une question de temps ». Or, depuis, Barack Hussein Obama a encore aggravé les choses en votant un nouveau plan de relance de plusieurs centaines de milliards rendant encore plus aléatoire pour l’économie américaine la poursuite de l’effort de guerre en Irak et en Afghanistan.Psychologiquement les talibans sentent que le vent est en train de tourner. Cela galvanise les troupes. Cela facilite le recrutement de nouveaux fanatiques qui pensent la victoire désormais possible. Autre erreur cruciale de Barack Hussein Obama, sa volonté affichée d’entamer des négociations en Afghanistan avec les talibans « modérés ». Pour les talibans et les djihadistes, cette annonce est un aveu de faiblesse. Là encore cela galvanise les troupes, cela gonfle le moral des islamistes. Or qu’avais-je écrit le 21 janvier dernier : « La présidence de Barack Hussein Obama sera catastrophique. Nous nous dirigeons vers une présidence faible lors des crises internationales qui ne manqueront pas d’intervenir durant les quatre prochaines années. Une présidence qui sera placée sous le signe du renoncement, de la négociation à outrance et de l’aveuglement conduisant à un recul de l’influence américaine dans le monde. Déjà Pékin, Moscou, Chavez, Ahmadinejad, le Hezbollah, le Hamas, Al-Qaïda et le mollah Omar, pour des raisons et des ambitions différentes, sont dans les starting-blocks prêts à mettre le nouveau président américain à l’épreuve ». C’est pourquoi je pense que l’augmentation des pertes des troupes occidentales en Afghanistan depuis décembre n’est pas le fruit du hasard. Les talibans et Al-Qaïda, à tort ou à raison, ont senti une faille dans la détermination des Etats-Unis. Depuis le départ, ils pensent que Barack Hussein Obama n’aura pas la même volonté inflexible de combattre le terrorisme international. Ils mettent ce dernier à l’épreuve. À lui de savoir relever le défi ».


Rien de bien nouveau dans ce genre d’arguties pour les lecteurs de Nouveau Monde Info. On reconnaît les sempiternels poncifs sur une prétendue « faiblesse » occidentale exploitée par les islamistes, par opposition à la « fermeté » qui prévalait au cours des huit dernières années. Ou comment conjurer par des discours creux et doctrinaux la réalité des faits : les huit dernières années suggèrent en effet radicalement l’inverse, c’est-à-dire une progression sans précédent de l’islamisme dans le monde… Dans un article publié le 21 octobre 2008, nous mettions déjà en garde contre les manipulations tellement prévisibles que n’allaient pas manquer de nous servir les néoconservateurs si McCain était battu. Nous écrivions : « Posons l’hypothèse de l’élection d’Obama. Soyons certains qu’à la minute même où il sera investi en janvier 2009, Obama sera tenu personnellement responsable de la moindre attaque islamiste ! Les néoconservateurs claironneront alors : nous avions raison, l’Apocalypse est à nos portes ! ». Et voilà : David Bescond a été désigné comme l’idiot-utile devant claironner ! Par un tour de passe-passe dont seuls les vrais manipulateurs ont le secret, Obama est rendu responsable de la situation déplorable laissée par George W. Bush en Afghanistan !
Un excellent commentateur signant sous le pseudonyme « Schwarzkopf », rappelle pourtant quelques faits que la passion propagandiste de David Bescond a opportunément occultés.

« D’après le tableau fourni par David Bescond, le nombre de morts en Afghanistan serait à l’heure actuelle, de 62 pour l’année 2009. Le billet de l’auteur est daté du 16 mars. Une simple règle de trois amène un total de 310 morts pour la fin de 2009. Par rapport à 2008, l’augmentation serait donc de 5,44 %. Les augmentations précédentes sont de 26,72 % de 2008 sur 2007, de 21,47 % de 2007 sur 2006, de 46,92 % de 2006 sur 2005, de 124,14 % de 2005 sur 2004.
Prenons les chiffres autrement : voyons quelle proportion de pertes représentent les mois de janvier et février sur l’année. En 2002, cette proportion est de 31,88 %. En 2003, de 19,30 %. En 2004, de 22,41 %. En 2005, de 3,08 %. En 2006, de 9,42 %. En 2007, de 8,62 %. En 2008, de 7,14 %. Moyenne générale : 14,55 %. Cette moyenne n’est guère représentative, étant donné la disparité des chiffres, en deux blocs, de 2002 à 2004, et depuis 2005. Notons toutefois qu’elle est plus homogène avec les données des trois dernières années. Appliquons cette proportion à l’année 2009. Si 48 tués représentent 14,55 % des tués de l’année, le total sera de 329, soit 19 de plus que le chiffre précédent, et une augmentation de 11,90 % par rapport à 2008, soit encore inférieure à l’augmentation moyenne constatée des sept années précédentes.
Au vu de cela, il paraît hasardeux d’imputer la recrudescence des attaques au seul changement de présidence aux Etats-Unis. En dehors des trois années 2002, 2003 et 2004, qui marquent un palier, le chiffre des pertes n’a pas cessé de croître depuis (sous la présidence de George Daboliou)La raison ne tient qu’à ce que cette guerre, depuis le départ, est mal engagée, pour de mauvaises raisons, et qu’elle est mal menée».



Belle illustration de la différence entre une ratiocination à vocation idéologique, et une analyse rationnelle, étayée de faits et de chiffres. La seconde démonte implacablement les conclusions de la première. Curieusement, en 2005, 2006, 2007 et 2008, David Bescond n’écrivait pas : « Psychologiquement les talibans sentent que le vent est en train de tourner. Cela galvanise les troupes », alors même que l’augmentation du nombre de tués était bien plus conséquente que celle sur laquelle il se fonde aujourd’hui pour servir ses « arguments » ! Mais voilà : à l’époque, c’est George W. Bush qui était en fonction, et George W. Bush, icône lucide et sans tache de la lutte contre le Mal, bataillait courageusement contre le terrorisme international…
Plus incroyable encore est l’affirmation selon laquelle « cela facilite le recrutement de nouveaux fanatiques qui pensent la victoire désormais possible ». Comme si les talibans avaient un jour pensé la victoire impossible ! Ceux qui nous lisent régulièrement savent au contraire que « le recrutement de nouveaux fanatiques » a commencé dès 2004 ! Ceux qui nous lisent régulièrement connaissent les conclusions du rapport de la Rand Corporation sur le caractère contre-productif de la stratégie de Bush en Afghanistan, et du rapport de l’ICOS sur la progression inexorable des talibans depuis 2005. Ceux qui nous lisent régulièrement connaissent les travaux de Ahmed Rashid, le plus grand spécialiste de la question talibane, qui confirment le renforcement d’Al Qaida dans la région et l’élargissement de la base de soutien traditionnelle des talibans. Ceux qui nous lisent régulièrement savent comment la stratégie dévastatrice de l’OTAN a contribué à étendre de manière exponentielle le vivier des djihadistes de demain. Bref, ceux qui nous lisent régulièrement savent que la situation catastrophique dont David Bescond est en train aujourd’hui de préparer l’attribution à Barack Obama prévaut en fait en Afghanistan depuis 2005! Quand on vous dit qu’ils osent tout !
David Bescond s’indigne en outre, avec un raccourci saisissant, de la volonté d’Obama de « négocier avec les talibans modérés », ne sachant manifestement pas de quoi il parle. Les experts stratégiques, les hauts gradés de la hiérarchie militaire (à l’instar du général Carleton-Smith, commandant du corps expéditionnaire britannique en Afghanistan), faisant écho aux diplomates et aux officiers de l’OTAN, savent depuis plus d’un an que la guerre ne peut plus être gagnée, et que la pacification passe par l’association des chefs de guerre islamistes les moins radicaux et les plus corruptibles au pouvoir. Ils le disent, ils l’écrivent, encore faut-il savoir lire et écouter. David Bescond passe sous silence le fait que ce revirement politique a en fait été initié par le général Petraeus, sur le modèle irakien, où l’amélioration de la situation sécuritaire est directement corrélée à l’association des « islamistes modérés » sunnites de l’Anbar au processus de pacification ! Ahmid Kerzaï lui-même, chef de l’Etat afghan, pourtant fidèle de George W. Bush, ne cesse d’en appeler à cette solution depuis trois ans, devant l’ampleur de l’échec de la guerre américaine. Même chose en Somalie : les « islamistes modérés » ont dû être associés au pouvoir, après avoir été chassés par les néoconservateurs à peine deux ans plus tôt. Pourtant, David Bescond n’en pipe mot ! C’est logique : il ne peut pas en imputer la faute à Obama-le-capitulard…
Notre grand dossier sur le désastre de la stratégie néoconservatrice apporte toutes les informations utiles à ceux qui veulent bien les connaître. Pour les autres, comme David Bescond, sa lecture sera une pure perte de temps : ils continueront à pratiquer l’ignorance volontaire et la désinformation.


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