L’abbé Pierre refile le “ruban” à Chirac

L’abbé Pierre dominait l’exercice toutes catégories confondues, voilà Chirac qui l’emporte haut la main dans la catégorie des politiques. Étonnant baromètre des personnalités politiques préférées des français qui vient d’être publié. Il y a ceux qui hurleront à la mystification ou plus vraisemblablement au manque d’intérêt complet de ce genre d’enquêtes; c’est pas si sûr.

Évidemment de tels sondages ne sont que “fleurs” éphémères, soumises aux aléas climatiques de l’actualité et des gros titres du moment, mais il demeure que des caractéristiques générales se dégagent et semblent prégnantes au fil des mois, voire des années dans ces affections populaires.
Oublions les appartenances politiques partisanes de ceux qui arrivent en tête mais recherchons les points communs.

Ceux ou celles qui l’emportent sont en général éloignés du pouvoir véritable ou ressentis comme tels. Ils n’apparaissent pas comme faisant partie du jeu ou alors de manière très “périphérique” : c’est sans doute cruel pour Rama Yade et Kouchner, mais c’est ainsi.

C’est ainsi également pour Chirac, grand vainqueur cette année, avec 74% des faveurs -qui l’eu cru ?- Rama Yade, on ne cesse de gloser sur sa disgrâce d’hier, de demain et d’après-demain, c’est un atout formidable. Elle devance ainsi son mentor ministériel Kouchner, lequel conserve une bonne troisième place en dépit du livre de Péan ?

Le bon Bernard doit être fumacede rendre la place de l’Abbé Pierre à Chirac et de se faire doubler (ils sont à égalité) par sa secrétaire d’Etat en très nette progression alors qu’il régresse sensiblement.  En dépit des avatars récents, il conserve un

bon rang, car lui aussi n’apparaît pas aux yeux des Français comme un véritable responsable, mais comme un exécutant sans véritable pouvoir, un faire valoir. Et puis c’est un “brave et bon docteur”, vous n’y pourrez rien!

Un élément d’appréciation semble également important : la recherche du consensus impossible et du rassemblement.

La fameuse phrase de Coluche : “pour moi ça va … Ne changez rien pour moi” … pourrait aussi illustrer une des figures imposées du palmarès. Dans un pays qui a peur de tout et qui ne veut pas affronter l’avenir, un pays qui aimerait bien un peu de communisme avec le pouvoir d’achat des capitalistes, il vaut mieux ne pas trop en rajouter sur les réformes effectives. Mais … Attention … Le Français est pour le changement et même radical … pour les autres : un changement radical-socialiste sans larmes ni douleurs, tout dans la douceur et sous anesthésie. “Pour moi ça va” … allez donc couper la tête du voisin.

Enfin, au diable les donneurs de leçons, les empêcheurs de tourner en rond. Qu’on y songe, Valéry Giscard d’Estaing , même déchu, n’a jamais pu occuper cette première place chiraquienne ! Tout simplement parce que Giscard a toujours continué à vouloir occuper les médias et ramener sa fraise : l’Europe par ci, la constitution par là etc. Basta!

Chirac, lui, se repose tranquillement au Maroc, voyage au Japon, peaufine sa fondation etc. et n’emmerde pas le monde avec ses états d’âme : une leçon d’humilité et nos concitoyens aiment bien.

Quelles sont les personnalités politiques préférées des Français ?
LE-MONDE.FR | 15.04.09

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