L’histoire dure depuis 1987, avant chaque élection Jean-Marie Le Pen prépare le terrain avec une saillie sur les Juifs. Pourtant condamné pour avoir tenu des propos révisionnistes, le président du Front national a relancé la polémique en déclarant une nouvelle fois que « les chambres à gaz étaient un détail de l’histoire ».(1) La Shoah qui constitue l’un des grands traumatismes de l’histoire européenne forme une tribune de choix pour celui qui participa autrefois au deuxième tour des élections présidentielles, avant de voir ses électeurs happés par Nicolas Sarkozy.
Jean-Marie Le Pen qui pourtant ne siège que très rarement au Parlement européen est coutumier de ce type de déclarations mais cette fois elles pourraient bien prendre un sens différent au regard de son intervention lors des bombardements de Gaza par l’armée israélienne. Jean-Marie Le Pen avait en effet déclaré que Gaza était semblable « à un camp de concentration »(2), sous-entendant que l’armée israélienne commettait un génocide à l’encontre de la population palestinienne. Pourtant le député européen du FN Patrick Sessler(3), avec qui Le Pen partage le même goût pour le révisionnisme, allait voter contre la résolution du Parlement européen visant à condamner l’intervention militaire israélienne.
Le Front national joue en effet sur les deux tableaux depuis plusieurs années, rencontrant les extrémistes des deux bords afin d’alimenter le conflit au sein des différentes communautés qui vivent en France. Un reportage réalisé par Paul Moreira(4) avait d’ailleurs mis à jour cette stratégie du Front national qui visait à déporter le conflit israélo-palestinien en France afin d’alimenter les heurts entre communautés.
Ce petit jeu de duplicité amicale mené par le FN devait favoriser le développement des violences. Même s’il est difficile d’évaluer l’impact du Front national dans l’augmentation des actes de violence entre juifs et musulmans en France, l’objectif du FN pourrait bien être en partie atteint avec le phénomène de repli communautaire qui ne cesse de grandir depuis plusieurs années et la quasi institutionnalisation de certaines idées à l’image du parti antisioniste de Dieudonné pour les élections européennes. La communauté juive n’est pas non plus en reste avec l’absence de condamnation du Bétar(5) qui ces dernières semaines a choisi de régler ses comptes avec les associations de défense des Palestiniens à la manière des hooligans(6). On se souvient aussi des paroles de Roger Cukierman, alors président du CRIF dans un journal israélien alors que Le Pen venait d’accéder au deuxième tour de l’élection présidentielle en 2002 : « le succès de Le Pen est un avertissement aux musulmans de France, leur indiquant de se tenir tranquilles ».
Le Front national joue avec les deux adversaires feignant de s’intéresser comme Marine Le Pen à des groupes d’études franco-israéliens au Parlement européen tout en s’attachant le soutien de Dieudonné. En attisant le conflit en interne, le FN entend prouver qu’une société multi-ethnique est inenvisageable en France au vu des conflits entre communautés. A l’image d’ailleurs de ce qui se passe en Israël où juifs et Palestiniens ne cessent de s’entretuer.
L’extrême droite ne s’est jamais vraiment éloignée de ses grandes théories autrefois initiées par l’Action française et Charles Maurras qui consistaient à fonder une société autour d’une même et seule race. L’idéal d’une France blanche et chrétienne n’a pas disparu, on retrouve la persistance de cette obsession du juif infiltré parmi les élites et de l’islamisation massive de la société française.
Malheureusement la radicalisation des différentes communautés et leur besoin d’importer un conflit qui se déroule au Proche-Orient favorisent les discours du Front national qui pourrait bien retrouver un électorat massif lors des prochaines élections si le gouvernement de Nicolas Sarkozy continue de faire la sourde oreille en favorisant le repli communautaire et en refusant d’aborder frontalement ce problème qui touche dorénavant la République.
Laurent Monserrat
1- Devant le Parlement européen, mercredi 25 mars, le leader du Front national a réaffirmé que les chambres à gaz étaient un « détail » de l’histoire. Il intervenait en réponse à ses détracteurs qui veulent l’empêcher de présider la prochaine session inaugurale de l’assemblée, en tant que doyen, s’il est réélu.
Le Pen recidive à propos des chambres à gaz
envoyé par StrasTv 2- “L’offensive militaire de grande envergure lancée contre les populations civiles concentrées contre ce qui est un véritable ghetto, un véritable camp de concentration, me paraît choquante et je souhaite que cela cesse”, a dit le président du Front national lors de ses voeux à la presse. “Ces gens sont enfermés dans un territoire dont ils ne peuvent pas sortir, il est évident que cela ressemble à un camp de concentration”, a ajouté Jean-Marie Le Pen. (08/01/09) 3- Vidéo dans laquelle Patrick Sessler le député bruxellois du Front National explique pourquoi il a été seul à voter contre une résolution au parlement européen condamnant l’opération militaire israélienne à Gaza.4- Reportage diffusé sur Canal+ dans le cadre de “Lundi investigation” le 7 avril 2003. Un résumé est d’ailleurs proposé sur le site Périphéries.
5- Reportage réalisé par France 5 sur la jeunesse du Bétar
Betar milice
envoyé par Ali_La_Pointe 6- Une vidéo envoyée par le Bétar en signe d’avertissement aux différents mouvements français de soutien à la Palestine : Avertissement à l’israélienne
AVERTISSEMENT A L’ISRAELIENNE
envoyé par eldadregev Sur cette question : à lire aussi sur Internet
- Au coeur du FN, la question israélienne en débat, article de Jean-Yves Camus
- Article de l’encyclopédie universalis sur l’histoire de l’extrême droite
- Article d’Akram Belkaïd : La Shoah et les faux amis des Palestiniens
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