Magazine Focus Emploi

Communication : pourquoi cette obsession du temps réel ? - sur Fluctuat

Publié le 15 avril 2009 par Jérémy Dumont

L'info Business du moment est le rachat possible de Twitter par Google pour une somme qui pourrait avoisiner 250 millions de dollars.
La raison essentielle pour laquelle la vieille Google veut s'en emparer est que le moteur de recherche en temps réel de Twitter serait en passe de surpasser ses antiques diesel qui mettent parfois plusieurs minutes à agréger de nouveaux contenus.

Le temps réel c'est l'avenir (méditez l'absurde beauté de cette phrase deux secondes, pas plus, avant de poursuivre).
Son obsession confine pourtant un peu au grotesque.
C'est le crash de l'avion sur l'Hudson River qui a donné ses lettres de noblesse à la notion : des inconnus "twittaient" en direct ce qu'ils voyaient ("ils marchent sur l'eau!" " etc... )
Le fait qu'il y ait eu des témoins directs (et témoignant en direct) du crash qui ont twitté est une information qui a presque autant fasciné journalistes et accrocs des medias que l'attitude héroïque du Commandant de bord.
Pourtant, la seule différence avec un témoignage classique résidait dans le fait que la personne ne racontait pas son histoire au micro de CNN mais une heure plus tôt sur Twitter.

Communication : pourquoi cette obsession du temps réel ? - sur Fluctuat

Le temps réel n'a donc objectivement pas grand intérêt. Ci-dessous une Twittersearch sur le sommet de l'Otan :

Communication : pourquoi cette obsession du temps réel ? - sur Fluctuat

 
On y apprend dix fois (trente deux, ou plus au moment même ou vous lisez cette information) qu'Air Force One va atterrir ( décidément les histoires d'atterrissage d'avion semblent devenir l'obsession des accrocs du temps réel) et la plupart des infos sont des liens qui pointent vers des sources medias (au sens large).
Avec son système de recherche de news, Google est nettement plus performant (cliquez pour voir une capture Google news à 12h28 aujourd'hui).

Twittersearch est sans doute plus rapide, mais qui s'en soucie si c'est pour apprendre que Nicolas Sarkozy vient d'atterrir à Strasbourg... (il y a trois minutes, au fait).
L'expression elle-même est un peu trompeuse d'ailleurs - ce qui n'est pas en temps réel, qu'on vous "reporte", est-il donc bidon ? La notion trimballe l'idée qu'il n'y a pas de filtre médiatique, que tout est là tout de suite, "pour de vrai".
Le temps réel est la dernière procuration pour l'expérience directe. On utilise l'expression pour renforcer l'idée de la réalité, or c'est bien plus le principe du substitut à cette réalité qui prévaut : je suis avec eux en train de regarder des gens marcher sur l'Hudson River.

Si j'étais Finkielkraut je glisserais sans doute ici un paragraphe sur l'anti-intellectualisme du temps réel médiatique mais ce n'est pas le problème. Le temps réel est névrotique, c'est d'ailleurs aussi une lubie de tarés de medias et surtout de technologie qui s'intéressent plus au procédé qu'à son utilité (réelle) alors que c'est presque comparable à regarder une vidéo-surveillance en continu.
Ou 24 h chrono. Au moins la série fait elle sans doute l'utilisation la plus honnête du temps réel : celle qui vous dit que vous êtes dans une bonne grosse fiction.

Bonus : soyez plus rapide encore avec Flutter :

Communication : pourquoi cette obsession du temps réel ? - sur Fluctuat

Auteur : Easywriter
Source : Fluctuat
Publié par : Nicolas Marronnier
Publié sur : le vide poches / échange

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jérémy Dumont 84 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte