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Dommages collatéraux

Publié le 19 avril 2009 par Toulouseweb
Dommages collatérauxILFC, le plus gros loueur d’avions, garde la tęte haute.
Le département américain du Trésor et la Federal Reserve consacrent des moyens financiers spectaculaires ŕ la survie d’AIG, American International Group, numéro 3 mondial de l’assurance, frappé de plein fouet par la récession. Tout d’abord victime de la tristement célčbre crise des subprimes, ensuite englouti par la tourmente financičre, noyé par la récession, AIG souffre de tous les maux qui se sont abattus en quelques mois sur la plančte Finance.
Si le secteur aéronautique ne quitte pas AIG des yeux, c’est pour tenter de mieux comprendre le volet américain de la récession et, surtout, anticiper le sort qui sera réservé ŕ l’une de ses filiales, l’International Lease Finance Corp., ILFC. C’est le plus important loueur d’avions commerciaux au monde et, ŕ ce titre, le plus gros clients d’Airbus et Boeing.
Il est acquis qu’ILFC fait partie des bons actifs d’AIG et, dčs lors, a pour vocation de trouver repreneur. Ce qui n’est pas une mince affaire en ces temps troublés. D’oů l’inquiétude perçue ici et lŕ et qui n’est probablement pas fondée.
ILFC est actuellement propriétaire d’un peu moins de mille avions et en gčre une centaine de plus pour leurs propriétaires. Ce parc imposant se compose exclusivement d’appareils récents et d’autant plus demandés que nombre de compagnies préfčrent la location ŕ l’achat. D’oů un portefeuille clients trčs important : 84 en Europe, 41 en Asie et 17 en Amérique du Nord.
Du point de vue des compagnies aériennes, en cas de passage ŕ vide conjoncturel, grâce aux locations, il est relativement facile de se défaire d’une capacité excédentaire, cela bien que les contrats ne puissent évidemment pas ętre interrompus du jour au lendemain. C’est néanmoins la raison pour laquelle on a pu craindre que certains clients d’ILFC ne rendent prématurément un certain nombre d’avions ensuite difficiles ŕ replacer. Jusqu’ŕ présent, ce n’est pas le cas, bien qu’une dizaine de compagnies utilisant des avions loués ŕ ILFC soient actuellement en dépôt de bilan.
Steven Udvar-Hazy, créateur de l’entreprise il y a une trentaine d’années, l’a vendue ŕ AIG tout en restant aux commandes. Aujourd’hui, s’il le pouvait, il reviendrait immédiatement en arričre pour redevenir seul maître ŕ bord. Entre-temps, on constate que les commandes spectaculaires d’avions, toujours annoncées en fanfare dans le cadre de grands salons de l’aéronautique, cachaient une gestion d’une trčs grande prudence. D’oů les informations rassurantes que l’on peut recueillir aujourd’hui.
Ainsi, le nombre d’avions supplémentaires actuellement en commande s’élčve ŕ 168 mais 49 seulement sont livrables en 2009 et tous placés, les autres étant programmés sur non moins de 10 ans. Par ailleurs, le nombre de locations qui se terminent cette année, 26, est proportionnellement modeste. En 2010, ILFC a prévu de prendre livraison de cinq avions seulement et ils sont déjŕ loués.
Parfois, le hasard fait bien les choses. ILFC a en effet commandé non moins de 74 Boeing 787, sans se douter que ce programme connaîtrait un retard considérable. Dčs lors, ils seront livrés ŕ un moment oů, en toute logique, les beaux jours seront revenus ou poindront ŕ l’horizon. A ce jour, ILFC n’en a pas moins déjŕ loué 31 des 787 qu’elle a commandés. La situation est comparable pour l’Airbus A380, trčs en retard, dont le loueur californien a acheté dix exemplaires.
Flamboyant, orfčvre en matičre de déclarations spectaculaires lui assurant de grandes retombées médiatiques, trčs soucieux d’entretenir une image personnelle au demeurant séduisante, Udvar-Hazy cachait bien son jeu. Il aura fallu attendre la crise pour découvrir son vrai talent, ŕ savoir sa capacité ŕ gérer l’entreprise en bon pčre de famille. Il ne fait pas de doute que, secrčtement, Airbus et Boeing lui en savent gré.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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