Mais écoutons-le plutôt introduire deux de ses tableaux.
Les canards sauvages (photographie ci-dessus) :
“Les enfants du bon Dieu ressemblent aux canards sauvages, finalement : ils se mettent des couleurs, ils friment, ils paradent. Ici, ce ne sont pas n’importe quels canards — c’est du canard de parade — il n’y en a pas deux pareils, ils sont un petit peu ridicules comme nous les humains, sympathiques en même temps, ils font un effort pour être bien jolis et présentables. Et comme ça, pssshhiiit, ils traversent la vie.”
Sant Jestin
“Jestin en breton, c’est un prénom. Sant Jestin a sa chapelle dans le Trégor, j’avoue que je ne l’ai pas trouvée. Sant Jestin, il ne lui est rien arrivé, on n’en parle jamais, donc je pense que c’est un saint qui n’a jamais réussi à faire de miracle. Il foirait. Très sympathique, tout le monde allait le voir quand même. Ici, il tente le miracle sur un paralytique, sous les yeux de Lucifer, témoin ironique et de la population qui n’y croit pas. Un saint nul, sympathique, mais tout de même très nul.”
(Ci-dessus à gauche, la savoureuse “Bigoudène cultivée”)
Mikeal se dit peinteur plutôt que peintre. Peinteur, ça n’est pas un vrai Peintre, c’est un gars qui fait des images. Moins bien que peintre, mais tout de même louable. Mouais. Est-il alors aussi écriveur, théâtreur, rimailleur, auteur ? Tiens, auteur, ça marche. Ah ben voilà. Et conteur, ça marche aussi : Michel Jestin invente une manière de conter en images. Invente ? Oui, oui, invente, car ni les images d’Épinal ni les taolennoù début de siècle n’avaient cette verve, ce détachement, cette profondeur.
Exposition : à l’Avel Vor, à Plougastel-Daoulas, du 4 avril au 15 mai 2009, entrée libre du mardi au vendredi 9h-12h, 13h30-18h.