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Obama n'est pas noir.

Publié le 13 avril 2009 par Kasparov
Obama n'est pas noir.
La nuit de l'élection de Barack Obama, je n'avais pu résister à la tentation de suivre en direct, sur une chaîne d'information perpétuelle - malgré les marchands de sable et mes obligations diurnes à venir – le compte-rendu stratégique de son historique victoire.
Non sans satisfaction.
Satisfaction à peu près semblable à celle que j'éprouve lorsque j'analyse une belle partie d'échecs. Après quelques heures tendues, quelques Etats nécessairement dévolus à l'un ou l'autre, et un suspens montant, la position républicaine s'effondra d'un coup, et cette civil war policée s'acheva par ce que nous interprétions ici, dans cette Suisse du Monde qu'est la France, comme une grande victoire de la démocratie et de l'intelligence, etc., etc.
Et sans nul doute.
On ne pouvait que se réjouir de la victoire démocrate. De la symbolique de l'homme noir au pouvoir. De ce que les Américains sont capables. En réalité. Après, de surcroît, en France, des années de confusion entre « Les Américains » et l'administration Bush qu'une majorité avait élue.
Toutefois, il y eut et il y aura bien des vessies prises pour des lanternes à supposer que l'élection et la politique de Barack Obama changeront quoique ce soit aux problèmes fondamentaux du monde à venir. Obama peut bien faire preuve d'une perspicacité stratégique, et même d'un sens authentique de l'éthique largement supérieurs à son prédécesseur. Il n'en restera pas moins qu'il est le produit de la représentation électorale.
Qu'il sera, tout simplement, un politicien aguerri, jouant justement sa partie d'échecs.
Qu'il s'inscrira, surtout, dans la question de l'écart à peu près supportable entre la masse citoyenne, la puissance, et l'institution du visage dirigeant, le pouvoir charismatique. Il faut que cet écart soit supportable pour cette puissance. Il vous faut du Chef, qui vous donne le sentiment d'être Bon maître du peuple. Le propre des Démocraties Virtuelles, via les systèmes multiples des représentations (sénat, députés, maires, etc.) est de ne jamais sortir de cela, de cette problématique dont il doit être décidé par avance qu'elle est l'équation exemplaire de la démocratie.
Le médiatisme peut bien, dès lors, nous expliquer à quel point ce Président n'est pas comme les autres (au point qu'un roublard et prétentieux Sarkozy gesticulera au G20 et à l'Otan pour s'en faire remarquer et aimer). Par exemple parce qu'il est noir... La belle affaire, passé le symbole, passé ce que cette question, il est vrai, draine de stupidité raciste résiduelle chez ''quelques-uns'', aux States comme chez nous.
Mais tout cela, ce point hypnotique médiatique, ne fera pas avancer d'un pouce la seule question de la démocratie à venir. Celle des rapports entre la représentation filtrante, d'une part, et la puissance directe des masses, d'autre part. Obama fera illusion. Gouvernera peut-être un peu mieux qu'un autre, ou un peu moins bien. Obama est un produit du système de la représentation qui limite ce que nous avons à entendre par démocratie. A savoir une existence réelle, directe et constante du peuple. Dont les modalités sont à inventer. Mais le médiatisme a ce talent insensé et comme inconscient de faire passer l'inessentiel pour l'essentiel : une couleur de peau plutôt que la critique du système lui-même de la démocratie représentative et limitative.
Obama n'est pas essentiellement noir...

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