Quoi de plus banal qu’un de ces pigeons qui se baladent sur les trottoirs, volent d’un arbre à l’autre, et lâchent de temps en temps une fiente sur le sol ?
Il n’est pas peu dire que nous ne portons pas en sympathie ces volatiles ! Ceux qui veulent les nourrir préfèrent désormais se cacher, de peur de subir la vindicte populaire. Logique : qui n’a jamais râlé en découvrant sa voiture couverte de ces déjections dégoulinantes ? Qui ne s’est jamais écarté, l’air dégoûté, de ces pigeons picorant quelque saleté sur le goudron ? Qui n’a jamais reçu sur la tête _ ou sur l’épaule _ une horrible fiente juste avant un rendez vous ?
Qui n’a jamais eu envie de balancer un bon coup de pied dans le cul de ces oiseaux de malheur ?
Bref, le pigeon a mauvaise presse en ce moment.
Tout ceci est-il bien justifié ?

Ce virage à 180° ne serait-il pas le symbole d’une civilisation urbaine qui s’est coupée de sa terre nourricière ? Nous vivions en symbiose avec la Nature, porteuse de sens, de vie et de ressources. Désormais celle-ci est une menace. On extermine les pigeons, on les chasse, on a peur d’eux.
Mais pourquoi avoir peur des pigeons, et pas des moineaux ou des chats, me direz-vous ?

Pensez donc : en battant des ailes, le pigeon libère une quantité phénoménale de saloperies microscopiques, qui s’empressent de se coller à nos vêtements et nos cheveux, ou alors que nous avalons si nous nous baladons la bouche ouverte. Je vous laisse imaginer la suite : vêtements douteux, démangeaisons, allergies.
Finalement, je pense que les pigeons n’ont que ce qu’ils méritent.
Qui sème la fiente récolte la vindicte.