Dans moins de deux mois, rendez-vous au Bourget.
Le salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget ouvrira ses portes le 15 juin, c’est-ŕ-dire dans moins de deux mois. Il est d’ores et déjŕ possible d’en esquisser les points forts en męme temps que les thčmes d’inquiétude qui y seront développés. Un exercice de style instructif…
Bien sűr, ce sera le salon de la crise, de la récession, de sérieuses préoccupations conjoncturelles, financičres, sociales. Le tout dissimulé derričre une trčs belle façade : les organisateurs confirment qu’ils affichent complet. Ce qui signifie que les 52.000 mčtres carrés sont loués jusqu’au dernier, tout comme les 350 chalets mis ŕ disposition des exposants. Lesquels seront au nombre de 2.000, attendant de pied ferme plus de 150.000 visiteurs professionnels venus de 150 pays et, accessoirement, 3.500 journalistes.
Ce salon sera aussi celui des 100 ans officiels de l’industrie aéronautique française. C’est en 1909, en effet, que s’est déroulée au Grand palais la premičre exposition internationale de la locomotion aérienne (notre illustration). On pouvait y admirer des appareils sur le point d’entrer de plain-pied dans l’histoire, notamment un biplan des frčres Wright, un monoplan de Robert Esnault-Pelterie, des Voisin, Blériot et autres Farman, des moteurs Gnome & Rhône.
Le centičme anniversaire de cette manifestation remarquable intervient malheureusement dans un contexte maussade, bien que chacun s’efforce de faire bonne figure. La forte inertie qui caractérise le secteur aérospatial, une industrie lourde, fait qu’elle affiche actuellement des résultats tout ŕ fait convenables tout en sachant qu’elle s’achemine vers des moments difficiles, au plan civil tout au moins. Les commandes se font rares.
Chaque salon du Bourget, de deux en deux ans, affiche un thčme officieux. L’édition 2009 sera donc marquée par la récession en męme temps qu’elle permettra, une fois de plus, d’évoquer les difficultés techniques qui freinent interminablement quelques-uns des plus grands programmes de ces derničres années. Ainsi, deux vedettes brilleront par leur absence, le Boeing 787 et l’Airbus militaire A400M.
La liste provisoire des matériels exposés ou présentés en vol illustre une tendance qui n’est plus nouvelle, ŕ savoir la raréfaction des programmes nouveaux. Dčs lors, les regards se tourneront par défaut vers l’impressionnant avion de combat américain F-22 Raptor (le budget 2010 du Pentagone vient de lui rogner les ailes) et, dans une tout autre catégorie, le biréacteur régional russe Sukhoi Superjet. Ce dernier est développé en étroite collaboration avec le groupe italien Finmeccanica, lequel affiche des ambitions planétaires (il exposera non moins de dix-sept avions et hélicoptčres).
Clin d’œil au passé, lors des journées finales (le samedi 20 et le dimanche 21 juin), une trentaine d’avions historiques seront présentés en vol. Et, exception ŕ une rčgle sévčre, pour la premičre fois depuis 1975, la Patrouille de France participera au programme. C’est l’annonce de moments de détente, de grand spectacle, dans un monde que ne reconnaîtraient évidemment pas les visiteurs du salon de 1909.
Les pionniers se sont discrčtement retirés depuis bien longtemps, la part du ręve s’est évaporée ŕ tout jamais, la mondialisation s’est solidement installée et les financiers ont pris le pouvoir. Ainsi va l’industrie aérospatiale, ŕ l’image de toute notre époque.
En cherchant bien, grands professionnels mis ŕ part, les visiteurs du Bourget connaîtront néanmoins de grandes satisfactions. Et, sans hésiter, ils décideront sans doute de revenir en 2011 dans l’espoir d’enfin admirer le 787 et l’A400M.
Pierre Sparaco - AeroMorning