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Le marché français est-il "protégé" par son PER ?

Publié le 11 septembre 2007 par Loïc Abadie
Le CAC approche actuellement, vers 5400 pts de seuils importants, et un argument avancé par certains analystes est que le PER (rapport cours/ bénéfices) du CAC40 serait suffisamment bas (autour de 13) pour empêcher une baisse importante du marché, et lui donnerait au contraire un bon potentiel de hausse.
Qu'en est-il réellement ?
- D'abord rappelons les références historiques long terme, observés par exemple sur le marché US : 
Les PER de marché oscillent habituellement dans une fourchette entre 10 et 20, en fonction des conditions économiques...en situation de bulle spéculative, ils dépassent 20, alors qu'au contraire en situation de pessimisme important, ils reculent sous les 10.
Sur le CAC, on trouve des niveaux
Ces références portent sur des PER réels (donc des bénéfices réalisés effectivement par les sociétés, et non des prévisionnels, souvent optimistes).
Actuellement le PER réel du CAC (basé sur les bénéfices de 2006) se situe selon mes calculs à 19,77 en non pondéré (moyenne des 40 PER du CAC) ou 16,77 en pondéré.
Si on regarde le marché parisien en général, au delà du CAC : 
-> le PER moyen réel du SBF 250 se situe à 22,27
sur d'autres marchés, j'ai recherché le PER médian (50% des valeurs présentent un PER supérieur à la médiane)
Voici les résultats : 
Eurolist A : 19,6
Eurolist B : 20,1
Eurolist C : 18,57
Alternext : 23,2
Le détail des calculs sur cette feuille excel : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/59/04/76/PER-france.xls
Sur le CAC40 maintenant, son PER est un peu moins haut que le reste du marché, c'est vrai. Mais les entreprises qui composent le CAC sont assez particulières : 50% de la pondération du CAC est constituée de valeurs cycliques, qui seront les premières visées en cas de récession / déflation, qui ont effectivement un PER faible (parce que le marché anticipe logiquement qu'elles vont souffrir du retournement à venir).
- valeurs bancaires et financières
- BTP
- sidérurgie / matières premières.
Le PER du CAC se trouve artificiellement décalé vers le bas par cette pondération !
Le bénéfice moyen des sociétés du CAC a ainsi progressé de 39% par an en moyenne de 2004 à 2006...alors que la croissance générale était restée très modeste. En cas de retournement de conjoncture, l'amplification du cycle jouera à plein en sens inverse.
Si on regarde par contre les PER de valeurs du CAC à priori peu sensibles à une crise, ils sont très élevés : 30 pour EDF, 22 pour Danone, seul France-Télécom faisant exception à la règle.
Conclusion : les PER moyens ou médians du marché parisien se situent autour de 20, donc tout en haut de la fourchette historique, celui du CAC étant un peu inférieur (16,7 à 19,7 selon qu'on pondère ou non la moyenne), mais faussé par la pondération excessive des valeurs cycliques dans cet indice. 
Cela peut être acceptable si on anticipe une expansion rapide de l'économie, mais la protection offerte en cas de croissance moins forte qu'anticipé est inexistante...sans parler de ce qui se produirait en situation de récession.
Les PER actuels du marché n'offrent donc aucun parachute contre une forte baisse si la conjoncture se retourne (même modérément), contrairement à ce qui est dit dans la presse.

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