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Le Grand-Paris, débat de droite ou de gauche ?

Publié le 11 septembre 2007 par Jean-Paul Chapon

Paris est sa banlieue va se sentir moins seul ;-) Roger Karoutchi à son tour lance le débat du Grand-Paris et ouvre un site sur internet. Prenant le relais de Nicolas Sarkozy, le président de la République qui le 26 juin dernier avait profité de l’inauguration de Roissy 3 pour créer la surprise avec son gros pavé dans la mare francilienne sous forme de SDRIF en touche et de Grand Paris, Roger Karoutchi, président du groupe UMP au Conseil régional d’Ile-de-France propose selon le Parisien (édition de Paris du 11-09-2007) que soit élaborée « une loi cadre sur l’Ile de France afin de créer une structure spécifique pour mieux gérer le cœur dense de l’agglomération ». Puisque le comité interministériel sur l’Ile-de-France, annoncé pour cet automne est repoussé à fin 2008, toujours selon le Parisien, souhaitons que Roger Karoutchi arrive à convaincre ses collègues de l’UMP d’utiliser les espaces de débat qui existent déjà, en dehors bien entendu de son nouveau site et de Paris est sa banlieue.

Dans 2 jours d’abord, la séance du Conseil régional de jeudi reviendra certainement sur le Grand-Paris version UMP. Mais dans 15 jours, l’UMP continuera-t-elle à boycotter la Conférence Métropolitaine, où elle pourrait débattre avec ses collègues du centre et de gauche ? Le prochain thème de la Conférence qui doit se tenir à Paris le 25 septembre est le développement économique. Et une des raisons de la nécessité de ce Grand-Paris est bien de recréer une dynamique autour de l’agglomération parisienne et de permettre son développement, notamment économique. Alors autant jouer le jeu, ce qui n’empêchera pas les élus de droite de développer leur argumentation. Sauf si le jeu de l’UMP n’est que politicien, ce qui en ces périodes d’ouverture tant prônée par le Président de la République serait particulièrement navrant, voire malhonnête.

Dans tous les cas, si l’UMP veut s’approprier le thème du Grand Paris, comme les UDF, tendance Nouveau Centre et Modem, l’ont déjà fait, il serait bon que la gauche ne laisse pas le champ libre et se fasse entendre dans le débat. Bertrand Delanoë, le maire de Paris, l’a compris, puisque après avoir déclaré dès le 26 juin que « la municipalité parisienne est disponible pour participer à une telle réflexion », dès sa première interview, le jour de l’annonce de sa candidature, il déclarait également au Parisien que pour l’agglomération il était « favorable à une nouvelle étape. » qu’il présentait ainsi : « au lendemain des élections de 2008, mettons-nous autour de la table. Pour concevoir d’autres outils communs et élaborer un schéma institutionnel. Car Paris est plus grand que Paris », le tout sans prononcer pour autant le terme de Grand Paris. Alors le Grand Paris, le tabou de la gauche, trop lié à une image autoritaire, Napoléon III annexant la banlieue ou le Général de Gaule redessinant l’agglomération ?

Il est vrai que pour le maire de Paris, la situation est plus délicate, et il lui est difficile de parler du Grand Paris sans que les deux exemples précédents ne ressortent et de le taxer de volonté hégémonique ou d’autoritarisme. Mais pour autant, il ne doit pas laisser la droite préempter le débat. Et ses collègues de banlieue devraient comprendre que l’importance de l’enjeu dépasse les simples intérêts paroissiaux des petites communes de l’agglomération. Vélib’ de façon caricaturale vient de le rappeler. Le morcellement administratif actuel empêche d’apporter des solutions à l’échelle de la Ville aujourd’hui. Il faudra beaucoup de pédagogie pour faire comprendre ou accepter que Paris est une grande ville qui va bien au-delà du périphérique. La semaine dernière, ParisObs dans un article sur la rue de Rivoli, expliquait qu’elle était fréquentée non seulement par des « banlieusards sortant de la station des Halles, mais aussi par des employés et des cols blancs parisiens ». Comme si l’un ne pouvait pas être l’autre, banlieusard et col blanc parisien ! Le Grand Paris, ce n’est pas l’annexion de la banlieue par Paris, ou réciproquement. Il faut sortir de ce clivage et cette opposition, des clichés et de la stigmatisation. Il s’agit juste de donner à une ville qui existe déjà les clés et les outils qui lui permettent de réussir pour devenir une grande ville, réunifiée et cohérente. Paris est plus grand que Paris, et Paris est sa banlieue ;-)

Mais il faudra aussi profiter de cette nouvelle étape de l’histoire de la capitale pour réfléchir à son organisation. On n’imagine pas par exemple créer un arrondissement nouveau par commune intégrée dans un nouvel ensemble. Cela n’aurait pas de sens. Mais en même temps, peut-on dire que maintenir le découpage interne à Paris intra-muros tel qu’il est aujourd’hui aurait beaucoup plus de sens ? Quelle est la logique qui met le 2ème et le 15ème arrondissements de Paris sur le même plan ? C’est aussi disproportionné que de comparer le Pré-Saint-Gervais à Boulogne ou à Montreuil. Pourquoi pas à côté de regroupements en « banlieue » un Paris intra-muros avec 4 ou 5 « gros » arrondissements, ou des regroupements de part et d’autre du périphérique ? Une réorganisation de l’espace, intra et extra muros, est absolument nécessaire pour accompagner la création de cet ensemble cohérent. Créer des centralités dans l’agglomération, développer le quartier au sein de ces plus grands ensembles. Un vaste réflexion sur la mise en place d’institutions justes et démocratiques doit être à la base de cette transformation.

Paris est sa banlieue depuis près de trois ans se présente comme un lieu de réflexion sur la question du Grand Paris. Plus que jamais, il est aujourd’hui ouvert à ceux, hommes et femmes politiques, économiques ou acteur de la vie de l’agglomération qui souhaitent apporter leur point de vue.

à suivre…

Jean-Paul Chapon


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