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Le sécuritaire en sécurité

Publié le 22 avril 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Le sécuritaire est le Fort Alamo de la droite. La violence, un fond de commerce. La victime, un client. Il exhale dans ce pays un fumet fétide. Un mélange de vieilles recettes rances, accommodé de technologies de contrôle et de gestion communicationnelle. La décomposition organique du corps social opérée en 2002 atteint le stade fossile ; visqueux, poisseux et nauséabond.

Les fondamentaux
Quand fleurent les postes grassement rémunérées la machine à faire peur se met en branle. C’est une manie, un tic, une psychopathologie, la droite sort son képi à l’approche de chaque scrutin. Il rappelle à son électorat et aux hésitants que le monde est très dangereux. Et ce, par des démonstrations dont on ne cache plus l’instrumentalisation. Les évènements de la gare du Nord à l’orée des présidentielles, la descente de 1 000 policiers à Villiers-Le Bel en février 2008, juste avant les élections municipales. Le scrutin européen approche, les “blacks blocs” saccagent un quartier populaire de Strasbourg lors d’un sommet international. Selon les paroles du président “il n’y a eu aucun dysfonctionnement“. L’aubaine, d’une pierre, coup double. On réinstaure un sentiment d’insécurité pré-insurrectionnel dans un contexte international avant un vote à portée international. La magie du hasard.
C’est à Nice, un 21 avril, que N.Sarkozy renoue avec ses antiennes sécuritaires. Il est accueilli par le fidèle pantouflard C.Estrosi dont le principal fait d’armes n’est pas l’affrètement d’un Falcon 900 pour être à l’heure à un apéritif, mais le dépôt en 1992 un projet de loi pour rétablir la peine capitale. Devant une cohorte d’uniformes rutilants, le chef de l’UMP fustige les bandes, prend courageusement la défense des victimes, vitupère les pacifistes cagoulés dans les manifestations. Rien d’original, si ce n’est un cran de plus dans l’inflation sécuritaire. N.Sarkozy aime tant s’adresser aux tripes de ses concitoyens. Il sait par expérience que c’est un retour immédiat sur investissement.

L’”Alliomarisme”
Crispée dans un tailleur année 60, le* ministre de l’intérieur est au diapason des nouveaux préceptes ultras sécuritaires préconisés par le Parano-Businessman A.Bauer. Sur les tablettes, caméras de surveillances partout, discours monolithique et saturation médiatiques. Le ministère de l’Intérieur veut enregistrer tout le monde et sous toutes les coutures. Le nombre de caméras sur la voie publique passera de 20 000 en 2008 à 60 000 à 2009. Aucune étude indépendante sérieuse ne prouve la corrélation entre l’augmentation des dispositifs de filmage du citoyen et la baisse de la criminalité. Le coût de là “la protection filmée” s’élève, par exemple, à Marseille à 1 600 000 €**.
M.Alliot-Marie jacasse, puissamment. Un staccato inscriptible qui impose une prouesse de concentration pour qui veut suivre plus de dix minutes. Elle n’est pas adepte du “parler cash”, quintessence de la langue de bois en vigueur au gouvernement. À propos de l’incarcération de J.Coupat, le birbe ministre déclare que “ce ne sont pas les journaux qui rendent la justice“. Ils sont pourtant utiles et conviés lors des arrestations spectaculaires, à Tarnac par exemple. Elle déclare lors de l’interview donnée à France Inter que “les CRS avaient été irréprochables“, niant le “caillassage” filmé des manifestants lors du sommet de l’OTAN. Ardente zélatrice de la vidéo, elle n’aurait pas visionné les fichiers montrant les forces de l’ordre caparaçonné lancé des pavés sur le manifestant. Elle fait l’impasse sur les violences faites aux personnes qui ont augmenté de 14 %. Et finalement, l’horloge soulage tout le monde. Mensonges froids, reniements tendus, mépris.

La lutte contre l’insécurité est un leurre. Pour la droite, c’est le contrôle est l’ordre social qui motive les mesures politiques. La manœuvre consiste à entretenir l’insécurité pour accentuer la pression sécuritaire. Réduire l’insécurité entraînerait le tarissement de la manne élective. C’est dans ce cloaque gluant et empesté, que brasse paisiblement la droite française.

*Elle tient elle-même au masculin, consciente de sa féminité
** Selon la ligue des droits de l’homme

Vogelsong - 21 avril 2009 - Paris


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