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Privé de leader, le PS peine à mobiliser.

Publié le 22 avril 2009 par Lozsoc
Siège du PS, rue de Solferino
Siège du PS, rue de Solferino

A moins de deux mois des élections européennes, l’UMP récolterait 27% des intentions de vote, soit deux points de plus que le PS qui totaliserait 25% des suffrages, selon un sondage CSA pour Le Parisien diffusé ce mardi.

Cette tendance n’a rien de surprenante même si le PS comblera certainement son retard dans les prochaines semaines.

Elle confirme en tout cas l’échec de l’actuelle direction du PS qui, inaudible depuis cinq mois, peine à mobiliser une base militante déboussolée. Cette dernière a le sentiment justifié d’avoir été flouée à l’issue du Congrès de Reims en novembre dernier. Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire à maintes reprises, il y a incontestablement une perte de confiance entre la base du PS et une direction qui semble faire de plus en plus de la lévitation.

De nombreux socialistes, encartés ou simples sympathisants, sont tiraillés entre deux désirs contradictoires : le premier est que leur vote puisse contribuer, d’une certaine manière, à faire barrage à une droite brutale et arrogante ; le second est que leur vote ne puisse être interprété comme un soutien aux putschistes de novembre.

Beaucoup d’entre eux souhaitent une victoire électorale modeste et voteront de ce fait en faveur des listes PS. Mais beaucoup d’autres ne feront probablement pas le déplacement et s’abstiendront, ou bien alors se reporteront sur d’autres listes (au centre, chez les écologistes, ou à la gauche du PS).

En observant la réalité du terrain, on se rend compte que les militants se posent la question de l’utilité de leur vote dans un scrutin qui – qu’on le déplore ou non – ne les passionne déjà guère.

Mais cette question a pris une acuité nouvelle depuis 2005, année où le PS a voulu associer sa base militante à l’élaboration de sa ligne politique. La majorité de socialistes qui a voté « oui » au projet de Constitution européenne n’a pas été respectée et n’a pu empêcher que le PS se divise sur la campagne référendaire.

En novembre 2006, les quelque 63 % de socialistes qui ont choisi Ségolène Royal pour les représenter à l’élection présidentielle de 2007 n’ont pas davantage été respectés puisque la candidate a dû aussi bien se battre contre Sarkozy que contre une partie de ceux qui étaient supposés la soutenir. Nous l’avons abondamment commenté. Aussi nous ne nous y attarderons pas.

Et puis, il y a eu les pitoyables manœuvres du Congrès de Reims ainsi que nous l’avons dit au début de ce billet…

Aucune leçon politique n’a été tirée de ces événements. Au contraire, c’est la fuite en avant.

Tout ceci a laissé des traces et a provoqué de profondes blessures qui ne se sont pas refermées quoi qu’en disent aujourd’hui ceux qui voudraient faire taire les divergences d’hier sous prétexte de constituer maintenant une « union sacrée » contre Sarkozy. On a pu le mesurer lors du consternant « Printemps des Libertés ».

Martine Aubry et Ségolène Royal
Martine Aubry et Ségolène Royal

Il faut donc regarder la réalité en face, sans se raconter des histoires. Au début de cette année, le PS n’a plus de leader, mais une direction faible qui repose essentiellement sur des arrangements entre chefs d’écuries présidentielles où chacun joue sa carte personnelle au détriment de l’intérêt collectif.

Parallèlement à ce combat des chefs, il existe aussi un appareil et « un socialisme alimentaire » qui ne visent que sa propre perpétuation. C’est à se demander parfois si, pour certains, il n’est pas en définitive plus confortable de demeurer perpétuellement dans l’opposition.

Si François Mitterrand était parmi nous, il en serait probablement navré sans en être surpris outre mesure, lui qui a combattu pendant plus de 20 ans ce défaitisme si ancré dans la culture politique de la gauche, toujours sujette à l’éparpillement, toujours fascinée par son surmoi gauchiste, toujours tentée par le purisme doctrinal et la posture intransigeante au détriment du pragmatisme et de l’efficacité électorale.

Le PS est donc prisonnier d’une logique inadaptée à la physionomie des institutions de notre pays orientée vers une présidentialisation accrue.

Or, s’il veut espérer remporter les présidentielles de 2012, le PS a besoin d’un leader, ce qu’il n’a toujours pas, parce qu’il s’est révélé incapable de saisir l’opportunité qu’a représentée la clarté du choix des militants durant ces dernières années.

Hélas, on a toutes les raisons de douter qu’il s’en choisisse un rapidement.

Dès lors, il n’y a rien d’étonnant que le PS soit aujourd’hui derrière l’UMP malgré le contexte politique, économique et social désastreux du pays, malgré la rage sourde qui monte de toutes les régions de France. Cette rage éclate parfois, ici ou là, dans des mouvements sociaux qui ne demandent qu’à se fédérer.

Et on sait qu’il n’y a rien de pire que ce désespoir incapable de s’inventer un destin et des perspectives d’avenir, parce qu’aucune offre politique alternative crédible ne semble être en mesure de le canaliser et de le juguler.


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