Magazine Politique

Obama, le Monnerville américain

Publié le 24 avril 2009 par Mcabon

Lis moi avec webReader

Barack Obama aurait même été jusqu'à copier cette affiche de Gaston Monnerville.

Barack Obama aurait même été jusqu'à copier cette affiche de Gaston Monnerville.

Après l’élection de Barack Obama, il n’y a rien eu de plus exaspérant que cet étalage de complexe d’infériorité de la France face à son voisin américain : ils l’ont fait, pas nous. Un noir à la Maison blanche, vous vous rendez compte. Même Toni Morrison, Prix Nobel de Littérature, en rajoute cette semaine dans l’Express en parlant d’Obama : « Nulle part ailleurs, un homme ne pourrait ainsi sortir du néant pour accéder aux plus hautes fonctions. Je ne dis pas que le racisme est mort. (…) Et je suis persuadé (sic) que chez vous, en France, tout Prix Nobel et professeur titulaire à Princeton que je suis, on ne m’aurait pas donné un job ». Je me souviens d’un musée aux Etats-Unis où l’on peut apercevoir une photo en noir et blanc. On y voit des toilettes publiques. Sur l’une des portes, on peut lire « White only », blancs seulement. Nous sommes dans les années 60. Tout noir que l’on peut être, il me semble qu’à l’époque moderne, cela ne soit jamais arrivé en France.

Cette manière d’écrire, de réécrire l’histoire quitte à s’acquitter de gros mensonges pour mieux la faire correspondre à son état d’esprit est particulièrement choquant.

Soyons clair, l’élection de Barack Obama est un moment historique. Parce qu’il est le président des Etats-Unis, première puissance mondiale, parce qu’il représente un symbole porteur d’espoirs politiques et sociétaux pour son pays et pour le monde. Le style de ses premiers mois de présidence laisse à penser que son mandat sera celui du dialogue avec les autres pays. Bienvenue à une Amérique plus humble. Le racisme est une gangrène. Ceux qui l’acceptent imposent ce prisme dans le débat public et oublient parfois notre histoire.

Monnerville, nous voilà !

J’avais oublié Monnerville. Gaston. Elu d’abord en Giyane puis dans le Lot. La Guyenne après la Guyane. Petit-fils d’esclave, Gaston Monnerville est président du Sénat sous la Vème république, avant Alain Poher. C’est le livre de Daniel Picouly (Mai 68), superbe d’inventivité, qui m’y a refait penser.

Le 29 mai 1968, la France vacille. A Paris sur les barricades, dans les manifestations, on ne marque que de cela. De Gaulle se serait enfui. Parti rejoindre Massu pour discuter de son avenir, il franchit la frontière du pays « sans en informer les autorités ». Au moins officiellement. Selon la Constitution de la Vème république, cela vaut pour le Président de la République, une démission d’office. Techniquement, la Présidence par intérim est assurée par le président du Sénat, à savoir Gaston Monnerville. Dans le livre de Picouly, Monnerville aime à regarder les statues dans le jardin du Luxembourg. Il leur parle. Il est parfois plus facile de s’entendre avec de la pierre qu’avec les autres politique. Car Monnerville n’est pas un allié de De Gaulle. Pompidou qui aspire à prendre la succession du général craint Monnerville. Sans compter que les partisans du général ne signale pas sa disparition immédiatement. Tout cela concours à une vacance de pouvoir réelle mais non officialisée. Quand on sait que De Gaulle est parti, il est déjà revenu. Monnerville ne sera pas président de la République par intérim.

Cumul = recul

Pourquoi ce recul finalement ? André Larané y voit finalement la conséquence du cumul des mandats dans la classe politique, « qui permet à quelques jeunes hommes bien nés de consolider d’une élection à l’autre leur assise politique et d’exclure tous les francs-tireurs de la compétition. L’affaire du vote de la loi Hadopi à l’Assemblée nationale en raison d’une tactique de vote du PS et de l’absentéisme des députés de la majorité, témoigne de cela. Dans un entrefilet du Nouvel Observateur de cette semaine, Xavier Bertrand, secrétaire générale de l’UMP, par le truchement de l’un de ses conseillers, dit combien il est surpris de voir que diriger un parti est un job à plein-temps. On veut bien le croire quand on sait qu’il est aussi adjoint au maire de Saint-Quentin, membre de la communauté d’agglomération de Saint-Quentin et député. Et Xavier Bertrand de s’interroger « comment fait Martine Aubry pour diriger le PS à mi-temps ? ». Et bien Martine Aubry n’est que maire de Lille et présidente de la Communauté Urbaine de Lille. Cela explique tout.

« Il n’y a pas de vertu sans courage »

En 1933, Gaston Monnerville est député de la Guyane. Réputé bon orateur, il prononce un discours de soutien aux juifs d’Allemagne à l’occasion de l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

« Me tournant vers les persécutés d’Allemagne, je leur apporte mon fraternel salut et je leur dis :Nous, les Fils de la Race Noire, nous ressentons profondément votre détresse. Nous sommes avec vous dans vos souffrances et dans vos tristesses Elles provoquent en nous des résonances que ne peuvent pas saisir pleinement ceux à qui n’a jamais été ravie la liberté. S’il est vrai que l’hérédité est la mémoire des races, croyez que nous n’avons pas perdu le souvenir des souffrances de la nôtre ».

Et de conclure son discours par « Il n’y a pas de vertu, sans courage ». Yes, he could.

http://video.google.com/videoplay?docid=8540849263866587407


Retour à La Une de Logo Paperblog