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Suppressions de postes

Publié le 23 avril 2009 par Malesherbes

Régulièrement, lorsqu’une entreprise réduit ses effectifs, on nous parle de suppressions de postes. La neutralité de ce mot postes permet de désincarner un peu l’opération, comme si cette destruction d’objets abstraits n’entraînait pas de blessures chez des êtres de chair et de sang. Dans le même mouvement, on s’empresse généralement de préciser que ceci sera réalisé sans licenciements secs, par des départs en retraite ou des mises en préretraite.

On tente ainsi de masquer le fait que cette démarche entraîne presque automatiquement une augmentation du chômage. En effet, le tissu productif d’un pays est une entité vivante, avec des entreprises qui disparaissent et d’autres qui naissent. Mais, dans une période de crise, et davantage encore dans une crise de l’ampleur de celle que nous connaissons actuellement, que certains tentent déjà de nous faire considérer comme bientôt derrière nous, la mortalité des entreprises s’accroît tandis que les jeunes pousses ont de grandes difficultés à s’établir et prospérer. Chaque suppression de poste se traduit alors par une possibilité d’emploi qui disparaît pour les jeunes qui abordent le monde du travail.

Mais il y a plus grave. Dans nombre d’entreprises industrielles, en particulier celles fonctionnant en feu continu, telle la sidérurgie, les installations sont actives en permanence. Les ouvriers sont alors postés. Lorsque l’on parcourt ces usines, on est souvent frappé par le déséquilibre entre le nombre de personnes croisées dans les ateliers et par leur effectif. C’est que l’obligation de travailler avec plusieurs équipes impose un nombre de salariés important. Un fonctionnement en trois huit nécessite ainsi, pour faire face aux jours de repos et aux congés, au moins quatre équipes. Supprimer un poste de travail entraîne alors la disparition de quatre emplois. Exprimer la contraction d’un effectif en réduction de postes relève donc d’une certaine malhonnêteté.

Lorsque, face à la mévente de ses produits, une entreprise est contrainte de réduire sa production, elle laisse inutilisées certaines unités ou diminue le nombre de ses équipes. On déduit des postes supprimés quels sont les emplois qui vont disparaître et, considérant la situation personnelle de chacun des salariés concernés, le nombre de licenciements secs à envisager. Dans le cas de Caterpillar à Echirolles, comme ce nombre s’établissait au départ à 733, on peut supposer que le calcul avait été fait à l’unité près. Lorsqu’est annoncé ensuite un nombre de 600, cette valeur a 99 chances sur 100 de n’être en fait qu’une valeur estimée. Si tel est le cas, on se trouve alors devant l’alternative suivante : ou bien ceux qui avancent ce nombre sont des menteurs, ou bien il résulte de calculs exclusivement financiers, sans rapport avec les exigences d’une production bien maîtrisée. Dans la première hypothèse, on risque d’aggraver la perte de confiance du personnel. Dans la cette seconde, on peut douter de la capacité des dirigeants à redresser l’entreprise. Dans l’une comme l’autre, ils font la preuve de leur manque de compétence.


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