"La démocratie libérale, vis-à-vis de l'économie capitaliste, est, du moins potentiellement, un Janus à deux visages : alors même qu'elle encode, reflète et légitime les relations sociales capitalistes, elle leur résiste, les contre et les tempère dans le même mouvement.
Plus simplement, la démocratie libérale a ouvert, au cours des deux derniers siècles, une modeste brèche éthique entre économie et politique. Même si la démocratie libérale fait siennes nombre de valeurs capitalistes (les droits de propriété, l'individualisme, les postulats hobbesiens qui sous-tendent tout contrat, etc.), la distinction formelle qu'elle établit entre les principes moraux et politiques d'une part et le système économique de l'autre a également servi de rempart contre l'horreur d'une vie intégralement régie par le marché et mesurée par ses valeurs."
Wendy Brown, Les habits neufs de la politique mondiale, néolibéralisme et néoconservatisme, Editions Les prairies ordinaires.