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Nice 12 : une élection par procuration

Publié le 26 avril 2009 par Letuyo

Nice 12 : une élection par procuration

A une semaine du scrutin dans le 12ème canton de Nice, les ténors sont omniprésents dans l’ombre des candidats.

Le premier adjoint de Christian Estrosi, la protégée de Patrick Allemand, le fidèle de Jacques Peyrat et l’ami de Patrick Mottard. Un an après les municipales, les anciennes têtes de liste ont trouvé une occasion de tester le rapport de force. C’est le socialiste Patrick Allemand qui a offert cette opportunité en démissionnant du Conseil général, cumul de mandats oblige. Il a choisi de propulser Frédérique Grégoire Concas, l’épouse de Marc Concas, ami de longue date et tombeur de Ciotti dans le 1er canton en mars dernier.

A l’UMP, on n’a pas oublié cette claque. Le choix du « bon » candidat n’a donc pas été chose aisée. Eric Ciotti aurait été un candidat naturel (ce canton fait partie de la 1ère circonscription, dont il est le député). Mais pas question pour le binôme de Christian Estrosi de prendre le risque de perdre à nouveau, qui plus est contre l’épouse Concas. Ciotti a préféré aller se faire élire dans le canton de Saint-Martin-Vésubie, que Gaston Franco lui a offert en échange de prestigieuses et lucratives activités à la mairie de Nice. Les noms de Pierre-Paul Leonelli et Fatima Khaldi ont également circulé, avant d’être finalement écartés. Khaldi, la super-novice de Bon-Voyage, passait mal du côté du Mont Boron. Quant à Leonelli, dit « la Scoumoune » depuis qu’il a réalisé le tour de force de perdre dans le canton de Villefranche, puis dans le 12ème et le 2ème canton de Nice, il n’était clairement pas dans la bonne dynamique. Ce sera donc Benoît Kandel, affublé d’une suppléante haute en couleurs, l’ex-speakerine Denise Fabre.

La rigueur militaire à l’épreuve du clientélisme

Pas « décontrastés » pour deux sous, ces deux-là ont hérité bien malgré eux de la mission complexe qu’est la reconquête de ce canton détenu par la gauche depuis plus de 10 ans, et qui mélange quartiers « résidentiels » et « populaires ». Du Mont-Boron à Bon Voyage, le 1er adjoint au maire de Nice découvre depuis une quinzaine les joies d’une campagne électorale. Une place en crèche, un logement HLM, un trottoir à refaire, un arrêt minute à créer… la rigueur militaire à l’épreuve du clientélisme d’une élection cantonale. Un baptême du feu visiblement fatiguant. Mais l’ancien patron des gendarmes azuréens ne faiblit pas, bien épaulé par des militants rôdés à l’exercice, et une « machine UMP » toujours bien huilée.

A droite se dresse face à lui le toujours aimable André Chauvet, « chef » de ce qu’il reste de Peyratistes au Conseil municipal de Nice. Il peut d’ailleurs compter sur le soutien de l’ancien ténor du barreau : Peyrat accompagne Chauvet sur les marchés, et reprendrait presque le goût du combat politique. Quant à Patrick Mottard, l’autre grand perdant des dernières municipales, il essaie de continuer d’exister dans le paysage politique. Il présente Sami Cheniti, robuste gaillard bien connu dans la partie populaire du canton pour son travail associatif et soutenu par le MoDem.

Plutôt sprint que semi marathon

Voici donc quatre postulants, plus ou moins inconnus, tous candidats pour la première fois à une élection sous leur propre nom. Ils se lancent sans échauffement dans cette course au 12ème canton qui ne ressemble pas vraiment à un marathon. Ni même à un « semi », n’en déplaise à Benoît Kandel, qui a couru dimanche dernier la classique du printemps en moins de 2 heures. Non, ce canton se gagnera au sprint. Le 1er tour aura en effet lieu le dimanche 3 mai, soit moins de 4 semaines après la démission de Patrick Allemand.

Ce dernier, titulaire du siège depuis 1998, crie d’ailleurs au « mépris » des électeurs. Il accuse le préfet (maître du calendrier) de faire le jeu de l’UMP en raccourcissant la campagne au maximum. Pourtant, Patrick Allemand ne peut pas dire qu’il est pris au dépourvu. C’est lui qui a choisi sa date de démission. Il l’a même largement anticipée en multipliant les sorties sur le terrain avec celle qu’il veut voir lui succéder.

Les votes par procuration

Il n’empêche, les socialistes agitent désormais le spectre de la fraude électorale. Marc Concas, en juriste averti, souligne que les votes par procuration sont réservés aux électeurs inscrits à Nice, et non pas à l’ensemble des citoyens azuréens, comme l’aurait aimé l’UMP. L’enjeu n’est pas négligeable, car compte tenu de la faible participation attendue une poignée de voix pourraient faire basculer l’élection.

Cette fois, les socialistes ne pourront pas compter sur une triangulaire. En 2004, le Lepéniste Gilbert Pigli s’était qualifié au second tour, ce dont Patrick Allemand avait tiré profit au détriment du candidat UMP de l’époque, Jérôme Rivière. Mais depuis, les cartes ont été redistribuées. Le FN a littéralement implosé à Nice et ne présente même pas de candidat dans ce canton où il avait pourtant recueilli près de 25% des suffrages au 2ème tour, il y a 5 ans. Jérôme Rivière a lui été sorti de l’UMP après avoir joué les dissidents aux législatives contre Eric Ciotti.

Pas de grande légitimité pour le vainqueur

Du coup, à droite de la droite les Identitaires tentent de reprendre le flambeau. Ils présentent une certaine Aulde Maisonneuve, inconnue au bataillon mais soutenue par Patricia Pellero, ancienne conseillère municipale FN à Nice. Le médiatique pompier maître-chien Patrick Villardry, autrefois proche de Jacques Peyrat, complète le tableau à droite, tandis qu’à gauche le leader communiste Robert Injey se lance dans la course. Aucun accord n’a en effet été conclu avec le PS, pourtant partenaire au conseil municipal. Enfin, le directeur d’école Yvon Guesnier (Nicea) complète le tableau à gauche.

Avec un plateau aussi varié et une participation qui s’annonce très faible (moins de 20% sans doute), difficile de faire un pronostic. Ce qui est acquis, c’est que le vainqueur sera un conseiller général par procuration, élu pour son étiquette et ne bénéficiant pas d’une grande légitimité populaire compte tenu de l’abstention.

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