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Guy Roux, travailler plus (vieux) pour craquer plus (tôt)

Publié le 26 août 2007 par Roman Bernard
Guy Roux, travailler plus (vieux) pour craquer plus (tôt)

Autre raison d'associer actualités sportive et politique, avec l'Affaire Guy Roux. Pas seulement sa démission du poste d'entraîneur du Racing Club de Lens, mais l'Affaire depuis ses commencements, le 28 juin dernier, lorsque la commission juridique de la Ligue de football professionnel a déclaré l'ancien entraîneur de l'AJ Auxerre, 68 ans, trop vieux pour entraîner son nouveau club artésien.
A l'époque, Guy Roux s'était indigné de ce que l'on puisse se passer de son expérience sous prétexte de règlements qu'il estimait spécieux. Il est vrai que l'existence d'une limite d'âge (65 ans) pour exercer le métier d'entraîneur est absurde, vu le nombre d'entraîneurs âgés ayant mené des équipes à la victoire : Raymond Goethals, vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions en 1993 avec Marseille, à l'âge de 71 ans, en est l'exemple le plus prestigieux.
Absurdes, les protestations de Guy Roux l'étaient tout autant : c'est lui qui avait défendu l'adoption de ce règlement. Une fois que celui-ci s'appliquait à lui-même, il a donc décidé de le contourner. Il a en cela bien été aidé par le gouvernement, trop content de pouvoir s'approprier ce monument du football français, qui n'a d'ailleurs jamais caché son appartenance à la droite... moi non plus, mais sans doute pas à celle-là : lors de la catastrophique (pour la France tenante du titre) Coupe du monde 2002 en Extrême-Orient, Guy Roux, qui commentait certains matches, s'était emporté contre cette jeunesse française qui, après avoir séché les cours pour manifester contre Le Pen, faisait à nouveau l'école buissonière pour regarder le Mondial. J'avais été assez choqué par ces propos, ayant moi-même manifesté -erreur de lycéen.
Quoiqu'il en soit, la récente Affaire Guy Roux a été l'occasion pour le gouvernement de trouver un prétexte pour défendre ses conceptions -que je partage- sur la nécessité, du fait de l'allongement de la vie, de repousser, quand cela est possible et souhaitable, le départ en retraite.
J'imagine que MMe Bachelot et Lagarde, ainsi que M. Sarkozy (sur l'hyperactivité médiatique du président, lire l'excellent billet d'Eric Dupin... preuve qu'on peut être, comme moi, de droite et en avoir déjà marre de Sarko), qui étaient tous montés au créneau, sont bien embarassés, à présent que Guy Roux a déclaré qu'il n'avait plus la grinta nécessaire pour continuer à exercer son métier. J'ai peur que la gauche et ses relais médiatiques ne s'emparent de cette affaire pour tenter de démontrer qu'à 68 ans, on est trop vieux pour travailler. Ce serait au moins aussi gonflé que les éructations du coach au bonnet.
La santé de ce dernier, en effet, n'est pas vraiment représentative de celle de la majorité des hommes de 68 ans : Guy Roux a subi en 2001 un double pontage coronarien, ce que l'intéressé a considéré comme l'explication principale à son incapacité à entraîner les Sang et Or.
La leçon de cette histoire, outre le fait que Guy Roux aurait encore une fois mieux fait de se taire, est que le départ à la retraite, s'il ne doit pas être fixé à une limite d'âge arbitraire, ne doit pas non plus être forcément postérieur à celle-ci.
Il doit être fait progressivement, avec des aménagements d'horaires et de pénibilité du travail pour certains métiers, et quand le salarié ne peut pas aller plus loin sans mettre ses vieux jours en danger. Cela demande sans doute nettement plus de souplesse et d'imagination que la société française ne semble en être capable.
Roman B.


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