Magazine Humeur

Remède de Diaffoirus contre la crise : le travail dominical !

Publié le 27 avril 2009 par Kamizole

brice-hortefeux-4-mars-2009.1240857903.jpgLe gouvernement ressort des cartons la proposition de loi sur le travail du dimanche… qui avait reçu l’accueil que l’on sait, y compris parmi les élus de l’UMP… Selon une technique sarkoïdale éprouvée : représenter les mêmes textes jusqu’à épuisement total des opposants… pour vaincre par KO, jet de l’éponge ou coup bas. Il avait promis, après le fiasco de la loi Hadopi de remettre de l’ordre dans sa majorité et chez les parlementaires de l’UMP. A part les menaces sur les futures investitures pour les élections, je ne vois guère comment cela se pourrait faire.

Sauf à changer le règlement intérieur de l’Assemblée et du Sénat : obligation de voter tous les textes dans le sens souhaité par le pouvoir exécutif ?

Je ne pense pas que le travail dominical dans un contexte de triple crise, financière, économique et sociale aussi gravissime que celle que nous subissons puisse être un remède efficace au chômage de masse avec, en parallèle, une perte de pouvoir d’achat, qui pour n’être pas prise en compte par l’Insee, n’en existe pas moins…

Mais bien évidemment, nos si «chers» ministres qui vivent à l’œil (aux frais de la Princesse et du contribuable) ne font pas comme nous leurs courses dans les hyper et supermarchés. Sinon, ils remarqueraient comme nous la valse des étiquettes…

L’obstination quasi asinienne de Nicolas Sarkozy n’est guère surprenante : à l’évidence, en bon petit «télégra-phiste» des intérêts exclusifs du Medef et de ses amis multimilliardaires, notamment des multinationales de la grande distribution, il a dû faire des promesses qu’il se doit d’honorer. Renvoi d’ascenseur en quelque sorte.

Il s’agirait, dixit Brice Hortefeux, de respecter une promesse électorale de Nicolas Sarkozy. Aussi curieux que cela puisse paraître, sachant le nombre de promesses non respectées… Il en est toutefois – les plus ultralibérales et toutes celles «portées» au nom de l’idéologie et des souhaits du Medef – qui n’ont pas souffert le moindre retard.

Comme la réforme des «régimes spéciaux» de retraite. Mais dont peu de personnes ont remarqué qu’en raison des concessions faites grâce à la mobilisation des personnels, elle reviendra finalement encore plus cher que le maintien du statut antérieur ! Mais l’idéologie est sauve : les salariés qui en bénéficiaient sont rentrés – en apparence – dans le régime commun…

Je ne suis pas foncièrement ni par principe opposée au travail le dimanche… J’y ai été astreinte, mais sans déplaisir, lorsque j’étais infirmière. De même que j’ai parfois remplacé des collègues les jours fériés pour ensuite pouvoir cumuler une semaine de repos supplémentaire grâce aux journée de récupération… Encore percevions-nous la «prime Veil» : 150 francs – équivalent à environ 40 euros actuels – par samedi, dimanche et jour férié. ..

Je ne pense pas que les prétendus «volontaires» auront droit à pareille largesse, malgré la fallacieuse promesse de Nicolas Sarkozy : «travailler plus pour gagner plus» !

Encore faudrait-il cerner les secteurs d’activité et les commerces où de telles ouvertures peuvent se justifier. Nombre de commerces de proximité sont déjà ouverts le dimanche matin. Il serait évidemment absurde qu’un super-marché tel le Franprix de Montmorency soit fermé quand c’est, sans doute grâce au marché, très certainement leur meilleur jour en termes de chiffre d’affaires.

Il y a trois ans, lors d’un précédent séjour dans l’Héraut, j’avais trouvé complètement stupide que l’on obligeât le petit super-marché Spar de Pomérols à fermer le dimanche alors même que l’Intermarché d’Agde était ouvert… Mais à environ 15 km ! Depuis, les autorités ont dû revoir leur politique et il est désormais réouvert le dimanche matin ais-je pu constater l’automne dernier. A voir l’afflux, ce n’était point du luxe.

Je pense depuis plus de 15 ans que les grandes surfaces généralistes n’ont nul besoin d’être ouvertes le dimanche – sauf exceptionnellement, comme c’est déjà le cas, au mois de décembre – car elles le sont déjà suffisamment longtemps 6 jours par semaine : de 8 h 30 à 22 heures pour la plupart, du moins en Région parisienne et dans nombre de grandes villes, des dérogations tout à fait justifiées devraient concerner certaines grandes surfaces spécialisées, notamment bricolage et matériaux, ameublement et équipement de la maison lato sensu.

En effet, l’argument avancé par un certain nombre de personnes, à savoir que le dimanche est un jour favorable pour ce type d’achats fait en général en famille, me paraît pertinent. Que l’on n’objecte pas que le dimanche est fait pour d’autres activités. Certes, et je suis la première à penser que c’est également un jour nécessaire pour se retrouver en famille, pour partager un repas, se promener au grand air, faire du sport, visiter musées et expositions, aller au cinéma, etc…

Il ne s’agit pas pour autant de promouvoir la visite de grandes surfaces spécialisées comme promenade dominicale systématique – quelle horreur ! – mais de constater que le choix et l’acquisition de certains biens nécessitent en général l’accord de tous les membres de la famille et que le dimanche est souvent le seul jour de la semaine où ils peuvent être tous réunis.

En outre et à la seule condition que les salariés qui travaillent le dimanche soient réellement volontaires – et mieux rétribués – je suis persuadée depuis aussi longtemps que cela peut être avantageux pour des étudiants et certaines personnes qui choisissent par exemple de ne travailler que les week-end pour passer plus de temps avec leurs enfants pendant la semaine.

Ce qui peut poser néanmoins un problème de garde d’enfants pendant ces deux jours, sauf si le conjoint ou les grands parents prennent le relais.

Il s’agira enfin de s’interroger sur la portée économique et sociale d’une telle mesure – si elle était généralisée à l’ensemble de la grande distribution et du commerce – comme palliatif au chômage de masse.

Encore une fois, nos dirigeants semblent n’avoir rien compris à la nature de la crise. Non seulement ils sont incapables de changer de braquet : aider les entreprises, faire le moins possible sur le plan de l’indemnisation du chômage et moins encore pour l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages les plus modestes et les classes moyennes… Je lisais encore dernièrement qu’il n’y aurait aucun «coup de pouce» pour le SMIC…

Bravo ! Continuez sur cette lancée et bientôt - faute de ressources suffisantes - des dizaines de milliers de consommateurs n’auront plus les moyens d’acheter quoique ce soit.

En effet, ils persistent dans l’erreur de considérer qu’il existerait une crise de «l’offre» alors qu’à l’évidence – et bien avant la crise – ils refusent d’admettre qu’il s’agit d’une crise de la «demande» d’où le refus obstiné de toute politique de relance de la consommation.

Que celle-ci doive être ciblée, notamment pour éviter que les importations à bas coût des pays émergents – la Chine au premier plan – creusent encore plus l’abyssal déficit de la balance des paiements m’est d’autant plus une évidence que ce phénomène s’était déjà produit entre 1981 et 1983.

Mais qui a délocalisé à outrance dans ces pays, faisant perdre, de surcroît une large partie du tissu industriel français ? Et autant d’emplois qualifiés.

Je reste d’ailleurs persuadée que nombre d’entreprises qui mettent la clef sur la porte actuellement le font en continuant de délocaliser. Et que toutes les restructurations iront toujours davantage dans ce sens.

La crise n’a en rien servi de leçon.

Or, et compte tenu tant des licenciements massifs déjà intervenus ou à venir et des pertes substantielles de pouvoir d’achat depuis 10 ans, je ne vois pas en quoi le travail dominical pourrait être un remède au chômage de masse.

Les entreprises concernées se borneront à redéployer leurs effectifs sur la semaine sans embaucher sinon de manière tout à fait marginale. Elles risquent même de licencier un certain nombre de personnes si leur chiffre d’affaires baisse du fait d’une moindre consommation des ménages.

Quelques embellies ponctuelles de la consommation ne font pas le printemps et même Laurent Wauquiez admet enfin qu’il ne faut attendre nulle reprise de l’emploi avant 2010. Et sans doute, beaucoup plus tard.

Je viens de lire que l’on annonce déjà 64.000 chômeurs supplémentaires pour mars 2009… La barre des 3,5 millions est presque atteinte. Beau palmarès.

SOURCES

20 minutes

Le travail du dimanche revient

Une nouvelle proposition de loi sur le travail dominical

Le Figaro

Hortefeux rouvre le débat sur le travail dominical

Le Monde

Hortefeux annonce une proposition de loi sur le travail du dimanche

Les Echos

Travail du dimanche : une proposition de loi en juillet

Libération

Fillon: «J’ai toujours dit que ce texte reviendrait»

Travail du dimanche: les syndicats et la gauche montent au créneau

Hadopi, travail du dimanche: la manie du passage en force?

Nouvel Obs

Travail le dimanche : le gouvernement revient à la charge


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