Magazine Politique

Le contexte américain dans la parano du 11-Septembre

Publié le 13 septembre 2007 par Argoul
Revenons sur le contexte de la paranoïa du 11-Septembre. Nulle analyse sérieuse ne peut jamais se faire dans l’abstrait, en se passant du contexte. Contrairement à ce que croient les naïfs, les Etats-Unis ne sont pas la France, même si les feuilletons télé omniprésents en donnent à certain l’illusion. Les institutions, les mœurs, les relations de société ne sont pas les mêmes. A les rependre telles quelles, le naïf risque à tout moment le contresens. Notamment sur un sujet sensible comme les attentats du 11-Septembre :

• Le débat américain sur le 11-Septembre est construit comme une instruction de procès à l’américaine. Or leur système est différent du nôtre. En France, reste de « Jugement de Dieu » et de « souverain Juge », le magistrat enquête et décide souverainement. Aux Etats-Unis, le juge arbitre entre les arguments juridiques des uns et des autres. Les films, vidéos et articles de « révélations » sont donc, dans ce système de preuves à l’américaine, uniquement à charge : ils n’énoncent nulles vérités définitives mais posent des questions. Leur but est la contre-enquête, le public étant mis en position de juge à l’américaine. Il ne s’agit donc absolument pas d’une inquisition “à la française” qui aurait pour devoir de dégager une « vérité » de synthèse sur le sujet ! Pour mieux comprendre les procédures américaines, lisez les romans policiers plutôt que les manuels de droit. Ceux de John Grisham (surtout les premiers), de Robert Daley, et un récent Michael Connelly, « La défense Lincoln », paru en 2005 et traduit en Points-Seuil en 2007. On ne peut pas prendre pour argent comptant une telle charge accusatoire, elle ne le demande pas ; elle appelle au contraire le débat. Ce n’est pas nos habitudes en France – où l’on cherche le « définitif » platonicien, selon les canons de la scholastiques catholique. Il faut faire bien attention à ne pas mélanger les attitudes pour avoir l’esprit clair sur ce sujet. Connelly : « La question n’était pas de savoir si Blake avait tué sa femme ou pas, mais bien plutôt s’il y avait assez de preuves pour le condamner au procès. C’étaient là deux choses bien différentes… » p.138 Les interrogations sur une duplicité gouvernementale sur le 11-Septembre sont du même type : une accumulation qui demande le débat, face à l’Opinion érigée en Juge-arbitre – rien à voir avec une quelconque « preuve » qui serait Vérité Révélée.

• Que des scénarios analogues au 11-Septembre aient été testés maintes fois par la Défense US n’est en rien une preuve de machiavélisme. Ce sont des stress-tests, dont les organes de sécurité sont friands (l’habitude en vient tout doucement en France tant cela permet d’apprendre de la pratique - voir la grippe aviaire ou les tests anti-terroristes grandeur nature). Tom Clancy, pour « Dette d’honneur » (dès 1998 !) où il faisait s’écraser un pilote civil japonais sur la Maison Blanche par vengeance, s’est documenté sur internet comme il le fait toujours pour écrire ses romans, rien de secret. De plus, la possibilité du terrorisme avait été prédite il y a longtemps ! Bernard-Henry Lévy l’avait évoqué le 18 septembre 1978 dans L’Express…

• De même, les éléments physiques tirés d’un examen sommaire des manuels de résistance des matériaux ne sauraient être suffisants. Les ingénieurs savent bien qu’il y a la théorie “toutes choses égales par ailleurs” - et la pratique, qui n’est JAMAIS “toutes choses égales par ailleurs”. Cette vision fixiste répond à une structure mentale très française, mais elle n’est qu’un argument de plus, à démonter aux USA pragmatiques. L’effondrement sur lui-même des tours jumelles est-il dû à des charges explosives ? La simple possibilité physique par analogie (qui est le seul argument du film « Loose Change » de Dylan Avery), malgré la longueur de la séquence et les effets techniques séduisants de “loupe”, n’emporte pas la conviction. L’air chauffé qui souffle les vitres peut être en lui-même une image d’explosion tout à fait convaincante. Des techniciens des effets spéciaux en savent probablement pas mal sur le sujet.

• Quant aux « témoignages », chacun sait (aux Etats-Unis plus qu’ailleurs) combien ils sont sujets à caution. Relire Agatha Christie et les enquêtes de son Hercule pour s’en convaincre. Les gens croient avoir vu, puis ils ne savent plus trop, mais si un autre dit quelque chose d’analogue, alors cela devient pour eux une “vérité vraie”, amplifiée encore par le système en boucle des médias qui se répètent à l’infini, en échos (écoutez France Info une heure durant, vous vous apercevrez bien vite que le journaliste finit par dire l’inverse de ce qu’il a dit avant, tant il ne sait plus où il en est, du style la bourse a “baissé” alors qu’elle a monté, etc.) C’est une tactique bien connue des prétoires américains où il faut impressionner le jury - pas un argumentaire sérieux.

• Rappelons que les commissions d’enquête du Congrès possèdent des pouvoirs d’investigation redoutables et indépendants (contrairement aux nôtres…) et que c’est leur rôle bien compris d’être un contrepouvoir au Président. Peut-être n’ont-elles pas approfondi la question, mais elles n’ont sûrement pas menti comme un certain conseiller d’Etat français l’a fait - sciemment, à la télé, et les yeux dans les yeux - sous Mitterrand et Fabius à propos du Rainbow Warrior… Nous ne sommes vraiment pas dans le même monde. Le trou du Pentagone a donc peut-être fait l’objet d’un maquillage public sur sa cause (missile plutôt qu’avion ?). Peut-être pour des raisons de sécurité nationale liées au terrorisme (peut-être intérieur comme à Oklahoma City ? Ou une fuite d’un dépôt de l’armée comme pour l’anthrax ?) mais certes pas pour “aller bombarder l’Afghanistan”. Les Américains l’ont montré, ils n’ont besoin d’aucun prétexte intérieur pour aller faire la guerre dans un autre pays et l’ONU les préoccupe peu, on l’a vu.

• De plus, malgré les fantasmes de « Complot », le système démocratique américain continue de fonctionner - DEPUIS 6 ANS ! Les opposants à G. W. Bush n’ont surtout levé AUCUN lièvre durant la campagne présidentielle de 2004. C’est pourtant bien là où personne ne se fait de cadeaux et où tout se passe ! Les journalistes échaudés par le suivisme “patriotique” sur l’Irak ne sont pas près de laisser passer quoi que ce soit à l’équipe présidentielle. Quant aux “Gorges profondes” (l’informateur des journalistes lors du Watergate), elles existent toujours et sont prêtes par morale de la liberté, particulièrement forte aux Etats-Unis, à livrer à la presse ce qu’elles croient juste si une telle menace existait. La levée du secret sur les documents officiels est un droit constitutionnel et, au fil des années, tout finit par se savoir : massacrer 3000 Américains pour 30 millions de $ (comme il est suggéré dans ‘Loose Change’ ou autres vidéos) me semble un peu léger au regard de l’histoire…

(Les références sont sur la note précédente)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Argoul 1120 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines