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Les contes de l'ordi sacré : La vengeance du caribou fou 7

Publié le 29 avril 2009 par Porky

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EPISODE 7 : Où une conversation inattendue tourne vite à la querelle et où le caribou fou déstatufie Gudule : Horreur et épouvante.

 Le Masque de fer se sentit grandement offensé par la réponse fort désinvolte de son interlocuteur ; mais comme c'était un Penseur Gentleman, il ne montra pas son courroux, se contentant de dire : « Fais, fais, parle, je t'en prie. Explique-toi. Mais que tes explications soient claires et concises car ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. » « En deux mots, tête de nœud : je ne suis pas mon frère, j'ai un sens artistique nettement plus développé que le sien, et je vais t'en coller une pour t'apprendre à confondre ce qui ne peut pas l'être. » Le Masque de fer, prudent, recula de quelques pas. « Je me doute bien que tu n'es pas ton frère, rétorqua-t-il, fort logique. Mais alors qui es-tu si tu n'es pas lui ? » « Je suis moi, répliqua le caribou fou en roulant des yeux menaçants. Et ça suffit amplement comme explication. Maintenant repose tes miches sur ton engin à roulettes et tire-toi de là avant que je t'aplatisse comme une galette ! »

 Le Masque de fer fronça ses épais sourcils (invisibles à cause du masque, mais ça n'empêche pas le froncement) et croisa les bras en un geste aussi élégant que puissant. « Sais-tu à qui tu parles, ô animal prétentieux et mal élevé ? » dit-il, grandiloquent. « Oui, répondit nettement le caribou fou. A un trépané de l'entendement qui ferait bien de se les agiter, sinon, je vais m'énerver ! Dégage de mon soleil, et vite ! » « Jamais le Comte de *** ne s'est laissé parler sur ce ton sans réagir ! » cria le Masque de fer en cherchant une hypothétique épée à son côté. Et il tendit le bras vers l'animal maléfique. « En garde, maraud ! poursuivit-il en pourfendant l'air de sa toujours hypothétique épée. J'ignore qui tu es et pourquoi tu as pris l'apparence de celui qui autrefois m'a aidé à me débarrasser de cette pou... heu... dame. Mais tu vas payer cher ton outrecuidance ! »

A peine avait-il achevé ces mots que la patte du caribou fou s'abattit sur son épaule, lui fit exécuter un superbe demi-tour et tandis que l'autre patte lui donnait une vigoureuse poussée dans le bas du dos, il se sentit soulevé par le col de sa chemise, puis se retrouva à califourchon sur sa mobylette, laquelle partit tout à coup au grand galop dans une nauséabonde pétarade et le malheureux Masque de fer fut emporté malgré lui par un engin diabolique qui refusait de lui obéir.

« Voilà ! fit le caribou fou en se frottant les pattes. Un de moins. Il ne me reste plus qu'à prononcer l'incantation, et il y en aura deux de plus. » Et soudain, l'indécision revint au pas de course. « Oui, mais si je la déstatufie, elle va recommencer à m'enquiquiner avec ses sortilèges à la noix... Il va falloir que je la surveille comme le lait sur le feu vu sa nullité en sorcellerie. Misère, que faire, que faire ?... » Et il se grattait le museau, les oreilles, tandis que ses yeux, tout en tournant sur eux-mêmes, commençaient à sortir lentement de leurs orbites. « Pas de panique ! se dit-il en les remettant à leur place. Après tout, c'est moi son maître. Elle n'aura qu'à m'obéir et je lui laisserai le moins d'initiative possible. Oui mais... Elle est vraiment immonde... Est-ce que je vais encore pouvoir supporter ça ?... Tant pis ! J'ai besoin d'elle pour exterminer mes ennemis. Je la flanquerai en première ligne, comme ça c'est elle qui prendra le retour de bâton dans la figure s'il y en a un. Moi, je me contenterai du rôle d'éminence grise. »

Ayant dit, le caribou fou fit quelques exercices de gymnastique destinés à assouplir une plastique quelque peu ankylosée par le séjour dans la grotte de Sirius, puis, ayant fermé les yeux et s'étant caché derrière un rocher,  il prononça une vague incantation.

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 D'abord, il ne se passa rien. Puis tout  coup, la statue sembla bouger et après quelques vacillements qui n'annonçaient rien de bon, explosa, projetant des myriades de pierres aux alentours. Quand la fumée se fût dissipée, le caribou fou se releva prudemment et risqua un œil en direction du tas de gravas qui gisait désormais sur la plage engalettée. Au milieu des divers cailloux qui la composaient autrefois, Gudule était en train de gifler à tour de main le Servile Séide afin de lui apprendre à ne pas avoir empêché leurs ennemis de la statufier. « Elle n'a pas changé, se dit le caribou fou, soudain démoralisé. Enfer et damnation, que vais-je bien pouvoir faire de cette morue hystérique ? » Pendant ce temps, Gudule, ayant achevé de rosser son séide, s'était lancée dans un hymne vibrant à la gloire du soleil, de la vie retrouvée et de la sorcellerie. C'en fut trop pour le caribou fou. « Ta gueule ! rugit-il en surgissant de derrière son rocher. Déjà quand tu parles, c'est l'épouvante, mais si tu te mets à chanter !... » « Oh, mon maître, mon maître, mon maître ! » glapit Gudule, enchantée et elle se jeta à genoux devant lui. « Tu es revenu, c'est toi qui m'as déstatufiée ! » « Oui, et je commence franchement à le regretter. Ferme ton clapet et par pitié, ne le rouvre pas avant que je t'en donne l'ordre ! » « Oh oui, mon maître ! » gémit Gudule, radieuse et de la génuflexion, elle passa à l'aplatissement pur et simple. « Nous avons du pain sur la planche, toi et moi, reprit le caribou fou. Mais avant de pouvoir nous venger de nos ennemis, il faut concocter un plan et j'ai besoin d'un endroit tranquille. Envoie-nous dans le château d'Onyx Noir perché en haut d'une montagne plus haute que l'Everest et battue par les vents de neige et de glace. Là-bas, je pourrai penser tout à mon aise. Et passe par la grotte de l'autre ahuri, on va lui piquer sa mobylette, elle peut servir. Et tâche de ne pas te planter dans tes psalmodies ou je te fous ma patte dans la figure. C'est clair ? J'attends ! » « Oui, mon maître, articula Gudule, au bord de l'apoplexie extatique. Dois-je emmener le Servile Séide ? » Le caribou fou jeta un coup d'œil au susnommé, lequel regardait sa Gudule adorée avec le sourire le plus niais qui oncques ne fleurit sur face encore plus niaise. « Au point où nous en sommes ! grommela-t-il. L'équipe de choc ne serait pas complète sans lui. Allons-y, la gadoue ! »

Et Gudule, pour la première fois de sa vie, prononça une incantation qui ne rata pas.

(La fin de l'épisode laisse donc supposer qu'ils ont bien atterri dans le château d'Onyx noir, perché etc. etc. Donc : quel plan va imaginer le caribou fou ? Gudule sera-t-elle à la hauteur ? Le Servile Séide se montrera-t-il d'une quelconque utilité ou bien ne sera-t-il encore qu'une potiche vaguement décorative ? Et nos fringants héros, que deviennent-ils ? Sont-ils arrivés à temps chez Marsupilania pour le rendez-vous du 7 ?... Tant de questions donnent le vertige. Alors les réponses plus tard.)


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