J'ai un peu traîné des pieds pour aller au ciné voir Coco avec Audrey Tautou. J'avais vu récemment à la télé le téléfilm qui retraçait la vie de Coco Chanel, le premier épisode étant consacré à sa liaison avec Etienne Balsan et sa rencontre avec Boy Capel, l'amour de sa vie et point de départ de l'incroyable carrière qu'on lui connait.
Pourquoi donc revoir ce qu'on a déjà vu à la téloche? Et là , surprise, l'angle de vue n'est pas le même. Gabrielle Chanel étant mytho sur les bords ,par fierté elle avait tendance à enjoliver sa vie et les détails de son passé. Ce qui fait qu'on connait sa vie dans les grandes lignes et qu'on peut en faire un interprétation artistique libre.
Un jour, le prince Balsan l'embrassa puis repartit sans la belle Coco sur son cheval blanc. Alors, elle prit le train et s'invita dans son château. Le prince ne s'y attendait pas:"D'accord, 2 nuits et après tu t'en vas!" Les deux nuits devinrent un an.
Dans le téléfilm, Etienne Balsan demande à une Coco très mimi, toute prude et franche d'abandonner son poste de couturière en province et de venir s'installer dans son chateau près de Paris. Dans la version cinoche, Coco s'impose dans le château du prince et enfourche son cheval blanc comme un homme. Cette façon de s'imposer dans la vie de son riche amant met en relief le caractère opiniâtre de Coco.
J'avais un doute côté prince: Benoit Poelevoorde le clown en sexy lover? Poelevoorde en Balsan, ça le fait, je vous dis. Une répartie, un charme fou, il m'a fait plus craquer que Boy Capel esthetiquement rien à redire mais moins séducteur. Faut dire que Balsan- Poelvoorde est le genre de type qui existe encore, il vous fait l'amour, il vous héberge mais il ne vous jugera pas assez bien pour vous présenter à la prestigieuse classe sociale dont il fait partie. Balsan, c'est le friend fucker des temps anciens. L'ami avec qui on prend du bon temps au lit tout en n'attendant rien et surtout pas le mariage n'est donc pas une nouveauté de s années 2000. Je me pose toujours la question des moyens contraceptifs à l'époque du 19ème siècle et malheureusement comme je m'en plaignais pour le téléfilm, Coco avant Chanel ne répond pas à ma question.
D'autre part, Audrey Chanel s'est enlaidie et ne s'est pas épilé les sourcils, j'ai même cru que je m'étais trompée de salle " ah zut, c'est l'histoire de Frieda khalo, ah non c'est bien Coco!" pour le film alors que la Coco n'avait pas de cernes et était plutôt jolie si on en croit les photos. Cela dit, à l'époque , il n'y avait pas photoshop mais il y avait tout de même des moyens de corriger la prise de vue si le tirage blanc et noir ne suffisait pas à cacher les imperfections. Audrey Tautou et je reprends la la formule employée par Cecile de france dans un interview récent du magazine Psychologies a un visage protéiforme. Elle peut se transformer en bombe ou en insignifiante voisine de porte d'a côté (j'ai du mal à traduire l'expression la fille next- to- door, sorry). Coco par rapport aux autres femmes qui laissent exploser leurs nibards de leurs décolletés voltigineux est toute en simplicité. Elle choisit le confort des pantalons et des matières, se moque de ses femmes coupés en deux par leur corset, ces femmes patisseries avec leurs chapeaux à la Barbapapa. Quand on voit le style des femmes de son époque et celui épurée crée par Coco et qui est encore le nôtre, la dichotomie est flagrante. Coco Chanel a inventé la femme moderne et elle mérite un prix.
Si on avait garder ses vêtements certes très "princesses et glamour", on aurait jamais pû évoluer professionnellement. Pourriez- vous travailler dans un bureau avec votre robe de bal sans ressentir d'handicap physiques: comment rester des heures assises dans un bureau avec un corset?
Le film ne fait pas trop référence à la mode mais à la nature de ses relations avec deux hommes (en même temps). L'amour libre existait de tout temps. On comprend le pourquoi de sa farouche envie d'indépendance même si il lui faut d'abord dépendre des hommes pour évoluer.
Si je n'avais pas vu le téléfilm, peut- être aurais- je pleuré mais je ne vous dirais pas pourquoi! Je ne vais pas tout vous raconter non plus.
Je ne me suis pas du tout ennuyée. Bravo au monteur qui a fait un boulot formidable et aux casteurs. J'étais contente de retrouver Emmanuelle Devos et moi qui suis habituellement pas fan du jeu de Marie Gillain, je trouve que le temps lui a donné plus de profondeur. Bravo, bravo! J'attends maintenant la suite, Coco pendant Chanel: COCO CHANEL & IGOR STRAVINSKY sera bientôt en salle en éspérant que ça parle un peu plus du travail de Chanel, de Chanel numéro 5 et de ses tailleurs.
Voici un autre billet pour comprendre le style Chanel peu traité dans le film, là
ou là
Une autre critique du fil, ici
Chantez maintenant " qui qu'a vu Coco dans le trocadéro?"!