Inénarrable séquence, hier soir, dans le Grand journal de Canal Plus ! Le petit journal de Yann Bartès (il était très bon hier) a consacré quelques secondes au… 4e lancement de la campagne européenne de l'UMP. Celle-ci n'en finit plus de démarrer puisque les listes ne sont toujours pas bouclées. Les caméras indiscrètes (mais visibles) se sont attardées sur le choix des invités composant le panel destiné à être filmé pendant l'intervention des cadors, Fillon et les autres.
Tout ce qui avait plus de 35 ans, hommes et femmes, venus de tous horizons, était relégué en fond de salle, loin des photographes et des caméscopes. Ne devaient apparaître à l'écran que des jeunes : d'origine asiatique, blacks, blancs, beurs, disposés dans une mise en scène orchestrée pendant plus d'une heure par les jeunes UMP devant lesquels, on s'en souvient, Rachida Dati avait fait non pas UN mais LEUR malheur en répondant « par-dessus la jambe » aux questions pourtant préparées.
Cette séquence de Yann Bartès en dit plus que tout sur les méthodes maintenant utilisées par certains publicitaires politiques. Il ne s'agit plus de convaincre, de distiller des idées, il s'agit de paraître, de sombrer dans le jeunisme pour faire croire que la France de demain est dans le mouvement. Quelle tristesse.
Je pense a contrario à Pierre Mendès France et ses causeries radiophoniques. A la qualité de ses textes et de sa langue, à la haute portée des idées qu'il souhaitait faire partager et surtout faire comprendre. A l'importance qu'il accordait à la jeunesse, son éducation, sa culture, sa participation à la vie de notre société.
D'un côté image, mépris, une forme d'obscénité. De l'autre, confiance, reconnaissance, le pari de l'avenir. Deux époques, deux mondes.