Il y a quelques jours, un article du Monde.fr, signalait que la France figurait parmi les pays d'Europe, où la corpulence
moyenne était faible, en regard de l'appréciation et de l'insatisfaction manifestée par les Français vis à vis de leur poids.
Le numéro d'avril de la revue Population et Sociétés, qui est disponible gratuitement en ligne, propose en 4 pages de revenir sur ce thème. Intitulé "Surpoids, normes et jugements en matière de poids : comparaisons européennes", ce
numéro rédigé par Thibault de Saint Pol est intéressant à double titre : il permet de rappeler les différences genrées dans l'appréciation subjective du poids idéal, deuxièment, il permet de
pointer des différences de perception à l'échelle européenne.
Il n'est pas inintéressant de remarquer, au moment où fleuirssent sur les couvertures des magazines les recettes minceur miracle de l'été, que les femmes sont plus
fréquemment insatisfaites (51 %) que les hommes (39 %) de leur poids, bien que ces derniers soient plus souvent en surpoids ou obèses selon les critères de l’OMS. Une différence genrée donc. Par ailleurs, les motifs d'insatisfaction des uns et des autres ne se recoupent pas. Tandis que les hommes considèrent le sous-poids comme
un problème, une corpulence importante étant un signe de virilité, le lecteur ne sera pas étonné d'apprendre que la situation est différente chez les femmes, pour qui le surpoids est un problème
plus important que le sous-poids. Remarquons que le sous-poids est dévalorisé chez les hommes dans tous les pays européens
A l'échelle européenne, c'est en France, que le sous-poids féminin est le plus valorisé. On peut ainsi lire dans ce numéro que
" En France, les femmes jugeant leur poids trop faible sont deux fois moins nombreuses que celles effectivement en sous-poids. Au Portugal, en Espagne et au Royaume-Uni, c’est l’inverse : elles
sont plus nombreuses à se juger en sous-poids qu’elles ne le sont effectivement "
Les niveaux de corpulence sont perçus différemment selon les pays, ce qui pemet de pointer le rôle des normes sociales, c'est à dire des attentes socialement
constituées dans l'appréciation des individus : un individu qui se trouve trop gros en France, dans un environnement où la corpulence moyenne est assez faible, se satisfera du même poids dans un
pays où la corpulence moyenne est plus élevée. Comme le note Thibault de Saint Pol, les Français semblent avoir ont un idéal de corpulence plus faible
que leurs voisins, ce qui est peut-être le signe d’une pression plus forte exercée sur le corps dans leur pays.