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Naufrage urbano-social et radeau pour sauver le futur.

Par Sandy458

Etat des lieux...ils sont loin les jours heureux !

En ce week-end de 1er mai, propice aux réflexions d'ordre social,  je vais revenir sur un événement plutôt personnel mais qui a suscité pas mal de questions et de constatations sur la position de plus en plus délicate de ma ville, et qui est malheureusement le lot de bon nombre de cités de banlieues ou de quartiers abandonnés dans les grandes villes.

Si vous désirez avoir une première vue de Boissy Saint Léger, je vous invite à lire mon article de présentation, rédigé suite à la proposition de décrire son lieu de vie initiée par Thierry Benquey.

Fin avril, les centres de loisirs de la ville ont organisé un Carnaval pour fêter le terme des vacances scolaires, en réunissant les enfants des classes maternelles, primaires et les adolescents du Club Jeunesse de la ville.

J'y ai accompagné ma fille, bien contentes de participer à ce petit moment de liesse.

Jusque là, rien de bien traumatisant, ce type d'événement étant des plus ordinaire dans n'importe quelle commune.

Mais, il faut savoir que Boissy Saint Léger est l'exemple même d'un melting-pot de catégories sociales (les 2 extrêmes se côtoient, le haut de la ville étant « CSP+ » et le bas de la ville étant considérée comme la « zone») et d'origines diverses mais c'est  aussi une ville qui part à la dérive, malade du fossé social grandissant qui touche sa population...

Le phénomène s'est amorcé il y a quelques années et s'est très largement accentué depuis 2006, faute à qui on pourra bien accuser, à la conjonction des étoiles si ça tente certain... mais surtout faute à un repli des individus, que ce repli soit conscient ou inconscient, volontaire ou involontaire et à un désengagement très préjudiciable des habitants !

Depuis que je suis utilisatrice et impliquée fortement dans les services de la ville (petite-enfance, système scolaire, activités sportives et culturelles, participation à l'association des parents d'élèves), mon inquiétude ne cesse de grandir au fur et à mesure que je constate les graves problèmes qui commencent à gangréner la vie boisséenne.

Des questions, des constatations... un embryon de réponse ?

Comment offrir un avenir à cette ville tant que subsisteront des inégalités frappantes touchant les enfants dès leur plus jeune âge et leur famille mais aussi des préjugés tenaces et grandissants entre les « 2 » Boissy ?

Comment expliquer à ma fille pourquoi sa petite camarade vit avec sa famille dans un hôtel de catégorie économique de l'autre côté de la route nationale ?  Cette famille est en voie de relogement dans une HLM du coin mais cela fait mal de voir M*** et sa maman regagner discrètement l'hôtel Première Classe le soir venu...

Certains tout-petits sont accueillis 12 heures par jour  dans les structures scolaires. Cet accueil n'a pas d'autres raisons que de leur offrir l'assurance de repas équilibrés, d'un cadre éducatif correct et d'une extraction de leur quotidien... ambiance...

Cette année, nous n'étions que 4 parents prêts à s'investir dans la délégation d'école... un grand moment de solitude ! Désengagement, désintéressement, manque de temps ?

Le niveau scolaire est très bas malgré le grand investissement du corps enseignant qui se bat comme il peut pour assurer sa mission malgré les moyens réduits (on ne parie pas sur l'avenir des élèves provenant d'ici qui ,de toute façon,  grossiront les rangs des classes de CAP, BEP ou de Pole Emploi!).

Heureusement, il y a une réelle implication d'une partie de la jeunesse qui refuse de subir la réputation désastreuse du quartier. Ils sont les premiers à défendre leur droit à un enseignement décent, à veiller au respect des installations communes, à monter des opérations de nettoyage des espaces verts (je ne sais pas pourquoi mais nous avons hérité d'une étrange espèce de caddies de supermarché fugueurs et de scooters tentant de se suicider dans les étangs).

Parallèlement, il y a un désengagement des adultes (parents ou non) pour la vie de la cité... ceux-là même qui devraient se battre pour que cette ville retrouve le sourire et soutenir les initiatives des jeunes.

Depuis quelques temps, j'ai constaté une animosité préoccupante entre les 2 catégories sociales de la ville. Agressions, prises à partie tendent à se multiplier.

Les familles les plus favorisées quittent Boissy, notamment le bas de la ville,  pour assurer un avenir à leurs enfants dès que ceux-ci intègrent l'école primaire. Avoir l'étiquette du « quartier du bas » est déjà un sérieux handicap pour le futur.

Ce dernier point est malheureusement symptomatique du naufrage social de la ville.

Petit à petit, la mixité sociale qui faisait la satisfaction des habitants (et qui nous avait poussé à relever le pari de nous installer ici) s'efface de plus en plus, faute de protagonistes !

Une ghettoïsation se profile, même si de l'aveu de certains habitants « nous ne sommes pas encore dans le 93 (département de Seine Saint Denis) ». Non, pas encore...

Restent à Boissy ceux qui n'ont pas d'autres choix.

Ou  ceux qui veulent encore donner une chance à ce qui était une ville si agréable et recherchée auparavant.

Vous savez, les utopistes, ceux qui pensent encore qu'on peut agir...

Des raisons de croire encore ...

Depuis quelques mois, les initiatives ne manquent pas qu'elles soient de la volonté des citoyens ou sous l'impulsion des élus :

- constitution de conseils de quartier pour briser les préjugés et réinstaurer un dialogue entre tous,

- projets d'embellissement et d'aménagements du bas de la ville (les jeunes seront intéressés aux réalisations) pour susciter l'envie de venir et de constater que la vie est possible ici! Paradoxalement, ceux qui crachent sur le bas de la ville et ses habitants n'y ont jamais mis un seul pied. L'équation banlieue + présence de population défavorisée leur permet de tirer des généralités et de rejeter les individus sans chercher à les connaître...

- nos petits jeunes foisonnent de projets et les mettent en réalisation: studio de création musicale autogéré, projets humanitaires en direction des pays de l'hémisphère Sud, création d'entreprises locales, soutien scolaire...

Pour en revenir au Carnaval des enfants, grâce soit donc rendue aux organisateurs qui ont eu la bonne idée de réunir les enfants du HAUT et du BAS de la Ville qui ont tous défilés dans la « zone », heureux de montrer les déguisements et les chars qu'ils avaient créé !

Je ne sais pas si les animateurs des centres de loisirs mesurent le bien qu'ils prodiguent aux enfants et aux familles de tous bords.

Ils réussissent ce que les adultes ne parviennent pas (plus ?) à faire : créer un contact entre les catégories par des échanges sans complexes entre le haut et le bas de la ville.

Quotidiennement, ils ouvrent l'esprit des enfants en cultivant leur esprit de curiosité et en mettant à leur disposition les installations de la ville ou l'accès aux activités : informatique pour tous, bibliothèque, activités sportives et culturelles, spectacles, rencontres inter-âge avec les personnes âgées, partages avec les familles.

Sans gros moyens, ils parviennent à gommer les disparités entre les enfants et à les mettre sur un pied d'égalité l'espace d'une journée. 

 

Naufrage urbano-social et radeau pour sauver le futur.

Des enfants qui s'amusent lors d'une mémorable bataille de confettis :
la "Zone" est belle!!!

Et si c'était cela le secret de l'entente : partager sans arrière pensée, rencontrer l'autre sans préjugé, admettre que nous avons tous les moyens de nous enrichir mutuellement, tirer partie de ce qui est à notre disposition et arrêter de croire que cela n'est jamais suffisant et forcément voué à l'échec  ?

 

Et si nous retroussions nos manches, à nos petits niveaux, au lieu d'attendre que les avancées viennent « d'en haut » ce qui revient à dire que nous pouvons toujours attendre que les poules aient des dents ?

Et si nous prenions de plus en plus les commandes pour nous mener là où NOUS désirons nous rendre et non pas là où ON veut nous parquer ?

Si cela semble réalisable dans une ville de 10 000 âmes, pourquoi cela ne le serait pas dans une grosse ville, dans une région, dans un pays ou encore dans d'autres aspects de la société ?

Pourquoi pas ?

Et spécialement pour le 1er mai, un clip de No One Is Innocent, un groupe de parigots... écoutez les paroles et admirez la fougue de Kémar, le chanteur qui marche à la pile Wonder!!!


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