Jeudi 7 octobre 1948 §3

Transfert

Prêts ? personne ne dit rien trop apeurés que nous sommes tous les 5 !
Jusque là tout a été parfait, comme indiqué sur la plaquette.

Accueil chaleureux, rappel historico-économique de rigueur et ensuite belle partie de rigolade quand nous sommes passés en salons de vêtements et grimage.
Quelles allures et quel poids ces habits amenés par d'autres voyageurs et bien classés par chronologie, sexe, condition sociale, ethnie, âge, taille, et que sais-je ! Les accessoires tels que montres-bracelets, colliers prothèses visuelles, excusez "lunettes", rangées de la même façon ! des images animées en relief nous expliquent les rudiments de l'élégance pour chaque époque, sur de mini écrans de télévision authentiques de 1948.

Je choisi de paraître en vendeur d'automobiles, d'Amérique du sud. Etrangers nous nous devons de leur ressembler, fait obligatoire pour pouvoir éviter d' intriguer les gens de l'époque. Les voyages temporels ne seront connus que dans plusieurs siècles ! Avec toutes ces langues parlées sans traducteur vocal quels problèmes nous risquons de provoquer ! Nous serons donc un groupe de SAO PAULO en passage à Paris ...

Nos bagages furent réduits au strict minimum, 1 seul ensemble de change et un habit de gala, de l'argent de poche d'époque nous est "prêté" (pas de cadeau chez ce voyagiste Historama zI6) rangé avec les papiers dans un portefeuille en cuir de reptile "croco" animal préhistorique aujourd'hui éteint et oublié .

mais je suis imberbe.
de la musique de mon temps ...

Nous prenions quand même des risques. Nous allions rentrer dans une atmosphère contenant une multitude de virus, bactéries et gaz toxiques, des lieux publics sans aucun contrôle de déplacements télé-gérés, et un climat quasi polaire d'avant le grand adoucissement ! Comment nos ancêtres avaient bien pu survivre à tout ceci ?

SSSSIIIIZZZZZSSSSXXXXIIIIII.....POF

Silence, odeur souffrée, obscurité, immobile.

Puis des bruits de tissus épais froissé "BONJOUR LES MIEUSES ET LES SIEURS ! "  BONJOUR PARIS " "TERMINUS TOUT LE MONDE DESCEND "
" E perigoloso sporgesi "

On se congratule, nous avons survécu ! La voix se présente, c'est Albert notre accompagnide ! 

Il fait nuit, je demande où sommes nous Albert? il me répond de lever la tête, deux hommes en habit de travail démontent une bâche de camion ! Nous sommes à l'arrière  d'un camion ! Albert sourit, regardez plus haut dit-il. Une mégastructure sombre nous couvre et nous entoure. Qu'est ce que c'est que ce géant ? pense-je,

"Mes sieurs mes mieuses la TOUR EIFFEL !" OH quelle merveille !
Non, vous ne saurez pas pourquoi nous en sommes tellement ébahis ! d'ailleurs vous ne pourriez pas comprendre à votre époque !
Albert (Albert, son visage m' est connu, de quand vient-il? mais là n' est pas le sujet) nous explique le mécanisme technique de transfert, j'en ai souvenir qu'un rayon très long doit balayer une surface plane (le plancher du camion ) et il était facile de régler l'émetteur en le fixant sous le plancher du 2ème étage de la Tour Eiffel.

Quel puanteur, quel froid ! nous étions prévenus.  Et encore me dit une personne du groupe, habituée apparemment, si vous revenez dans une cinquantaine d' années vos yeux vous brûleront comme votre gorge!

Nous sommes à quelle heure ? 20 heures 17 minutes le dimanche  5  octobre 1938 me répond Albert. MAIS ce n' est pas possible nous allons au 7 octobre 1948 ! Oh non, l' émetteur de départ à encore fait des siennes, comment peuvent-ils être aussi incompétents ces agents techniques baragouine Albert, attendez, il tape sur sa montre, tape dans ces mains, et sous nos regards effarés éclate de rire, "c'est une blague nous sommes bel et bien le mardi 5 octobre de l' an 1948 !"

Ouf. mes jambes en flageolent, je n'ai plus de prothèse depuis 2 mois, cela se ressent.

Nous jouons donc aux touristes que nous sommes et suivons Albert vers un autobus , tiens un Citroën, oh un fioul la spécialité de ce constructeur. Première, des bruits de moteur lancé des grincements des secousses , voici la machine qui avance, ma première ballade en véhicule à moteur thermique !
J'évite de penser à l'absence de toute assistance de direction ou de freins, aucun moyen d'anticipation, les radars embarqués c'est pour dans 70 ans !, j'ouvre de grands yeux crispe les mains quelle frousse.

Nous croisons un cortège de gros véhicules d' un cirque national itinérant, très impressionnante cette caravane, les tracteurs sont des surplus militaires américains re-carrossés.

Ma rétine ne détectant aucun être vivant connu ne fait que dire "Albert" quand je l'aperçois et les prénoms donnés de mes autres co-voyageurs.

Bizarre, pourquoi sont ils de ce voyage, que viennent-ils voir de spécial au Salon de l'Auto 1948, deux couples, il leur faut des sacrés moyens financiers pour se payer ces billets ? Ils n'ont l'air de rien connaître sur le 2CV ! ... sûrement des voyageurs nantis passant par Paris pour aller aux J.O. de London où il n'y avait plus de place ? Cette supputation était plausible. Comme c'est interdit par les règlements , je ne puis en avoir confirmation, et cela ne me regarde pas .

Albert nous rappelle rapidement les consignes de sécurité d 'Historia zI6 pour cette époque en particulier. Il nous annonce fièrement que comme nous le savions le Salon de l' Auto sera tenu au Grand Palais et que la foule y sera dense et que tout se passera bien . N'oubliez pas que les gens d'aujourd'hui viennent de passer des années de conflit en guerre, et que leur allure peut surprendre, quasi pas d'obèse ni de gens de couleur dans les rues, peu d'automobiles, et Les mieuses, pardon mesdames, votre condition est encore loin d'égaler celui des hommes et veuillez bien rester toujours légèrement en retrait de votre partenaire. Ces dames ont des sourires désapprobateurs mais doivent s'y résigner

Nous arrivons à l' hôtel G.V, Georges V , V comme quel nom? ... silence.

Belle chambre antique, d' époque pense-je en souriant, mais quel froid partout.

J'ai faim, bizarre, j'ai faim et bien sur pas de repas en capsule sous la main j'en prends souvent quand je suis trop occupé.
"Forfait restauration Brasserie non-smoke", était écrit sur les publicités de ce fameux voyage. Voyons, allons y.
Non-smoke car nos bronches n'arrivent plus à supporter cette habitude primitive de fumer ! Des escrocs ! Cette soi-disant Brasserie était une "Soupe" une cantine ! un simple restaurant populaire ouvrier sous bâches aux 4 vents, tenu par Mr Godefroy surnommé De Bouillon ! Iconoclaste ! Tant pis je vais mettre une écharpe jouer au grippé  et rembourserai Historia zi6 pour cette ponction financière, zou retour au G.V et son restaurant... d'époque !

L' argent prévu devient "juste" car une dévaluation importante vient d'avoir lieu, et une prochaine est annoncée dans le journal sur le comptoir de la réception, pour les réservations des voitures demain il y a des affaires à faire. " Je vous paie cash d' avance cher vendeur de Mr Bugatti" Monsieur est bon ! Jackpot oui ! Je ne suis pas venu pour m' acheter une Bugatti...

Je rencontre mes quatre co-voyageurs au bar, je leur lance un "Godefroy de Bouillon ?" ils rient en me confirmant dans ma surprise peu positive, Historjama va m'entendre au retour ! Eux m'avouent préférer les destinations où le restaurant Mac-Donald existe, je ne connais pas, "nous vous le conseillons !".

à suivre, toujours et encore le mois prochain !