C'est Libération qui nous donne le constat de cette journée :
"Il y avait vendredi pas loin d'un million de personnes dans les rues (465 000 selon la police, 1,2 million pour la CGT). C'est beaucoup plus qu'un 1er mai ordinaire : l'an dernier, dans les cortèges, on totalisait entre 120 000 et 200 000 manifestants. Mais on est loin des records «historiques» espérés par les dirigeants syndicaux ... / ... l'utilité d'une troisième journée d'action n'était pas évidente. Le 29 janvier avait déclenché le sommet social du 18 février, où Nicolas Sarkozy avait annoncé quelques mesures comme la création d'un fonds d'investissement social (Fiso) doté de 2 à 3 milliards d'euros. Le 19 mars précédait le G20 de Londres. Cette fois le débouché paraissait incertain.
Nous ajouterons que le mouvement syndical est en train de tomber dans l'institutionnel. A quoi sert de défiler en hurlant des slogans si :
- Dès le lendemain, on retrouve l'usine ou le bureau sans aucune certitude de conserver son emploi ?
- On apprend qu'en fin de compte, les responsables de la crise continuent à fort bien vivre et perdre de sommes colossales (5 milliards de pertes pour la Société Générale )
- On apprend que l'action du groupe pharmaceutique Roche a gagné 3,51% à 144,50 francs sous l'effet d'une hausse possible des ventes du médicament antiviral Tamiflu, recommandé pour traiter la grippe porcine
- On sait que le Livret A passe à 1,75% privant les petits épargnants d'un rendement au combien important pour leur avenir
- Les "Conti", les Molex ou les Caterpillar, FM Logistic, Faurécia, Scapa, 3M-SANTE, Sony France, Celanese ou Madrange et tant d'autres sont finalement perdants dans leurs luttes ?
Notre Président a décidé de "choyer" les syndicats à l'exception de SUD dans la mesure où il compte sur eux pour maintenir la "cohésion nationale" et les débordements. Or, il est évident que l'absence de réaction du MEDEF et le silence des ténors et aboyeurs de la majorité (aucune déclaration affichée sur le site de Frédéric Lefebvre ni sur le site de l'UMP) prouve que même si la mobilisation était inférieure à ce qui était prévu, chacun a joué son rôle et retient son souffle ...
Alors, que faire ?
Organiser encore un nouveau défilé drapeaux en tête pour dire qu'on est mécontent et dire que "si on ne retient pas, on fait un malheur" ? En l'état et compte tenu de la proximité des congés d'été, les défilés devraient se dépeupler et transformer la colère populaire en un mouvement "au rabais"
Car du côté des syndicats, on balance entre plusieurs types d'actions :
En face, le front syndical, uni depuis plusieurs mois, doit décider de la suite à donner à son mouvement. La plupart des leaders ont affirmé leur volonté de maintenir l'unité, malgré des divergences de vue sur les moyens d'action, seuls FO et Solidaires (Sud) se déclarant favorables à l'appel commun à une grève générale. "Il faut monter d'un cran" pour faire bouger le gouvernement, a déclaré vendredi le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly, partisan d'un appel à 24 heures de grève générale.
"On est pour la grève générale, mais la question, c'est surtout de la construire ensemble au niveau national et surtout avec la diversité des salariés", a déclaré de son côté Annick Coupé (Solidaires). François Chérèque (CFDT) s'est lui déclaré "certain" que l'unité durerait "On trouvera une solution lundi soir, j'en suis sûr. Ce qui change aujourd'hui, c'est que, malgré nos différences, à chaque fois on trouve une solution entre les organisations syndicales", a-t-il dit - Source AFP/Google
Une fois de plus, l'union mais pour quoi faire ?
Du côté des salariés on s'inquiète, voire on déprime. Car, si le gouvernement et sa majorité se plaisent à voir des manifestations "bon enfant" comme on peut le lire un peu partout, rien ne bouge si ce n'est sur le front des diminution de postes ou des fermetures.
Les syndicats sont allés au maximum de ce qu'ils pouvaient faire dans le cadre de leur unité mais la CFTD jouera toujours la carte des pouvoirs publics dans le but inavoué de rester le bon élève avec qui on discute. Et oui Monsieur Chérèque, qu'est devenue votre idée gentiment offerte au gouvernement (qui s'est rué dessus) du FISO dont même la CFTC critique le fonctionnement te le financement ?
Le Fiso est doté de 2,5 à 3 milliards d’euros. Une goutte d’eau à côté des dizaines d’autres accordés aux banques et aux entreprises, et compte tenu des besoins et de l’accélération de la dégradation de l’emploi. En matière de mesures anti-crise, l’emploi fait figure de parent pauvre. Et sur le 1,5 milliard d’euros apportés par l’état, seuls 800 millions sont des crédits nouveaux. Charge aux partenaires sociaux de compléter eux-mêmes l'enveloppe en puisant dans les caisses de l'assurance-chômage et de la formation professionnelle. On attendait mieux.
Et que penser de votre déclaration à l'issue du lancement de ce fonds : " Le président de la République nous dit qu'on fera une première évaluation avant l'été et qu'il s'engage à rajouter des moyens si le système fonctionne et qu'il est nécessaire d'en faire plus" "c'est un premier résultat important des mouvements de mobilisation" ... / ... Source Nouvel Obs
Si vous y croyez, sachez que de plus en plus en plus de salariés ne croient plus le Président ni ... vous même !
Et que dire du cadeau de la taxe professionnelle dont personne ne sait par quoi la remplacer mais sur lequel le MEDEF a des idées : " Cet allégement important doit se faire sans être compensé par de nouveaux impôts, il faut arrêter de raisonner par vases communicants" ... / ... pour que le bénéfice de la réforme soit garanti aux entreprises, " il faut demander aux collectivités locales de travailler sur des gains de productivité et l'optimisation des dépenses de fonctionnement " Madame Parisot, certainement prise de pudeur, oublie d'ajouter que ses adhérents se feraient un plaisir de récupérer les services publics qui seraient abandonnés pour cause de gains de productivité et d'optimisation des dépenses.
En clair, ni les syndicats, ni l'opposition parlementaire ou territoriale ne peuvent faire céder les dirigeant économiques ou politiques. Ce qui nous amène à pencher plus que sérieusement pour la grève générale et pas seulement pour une journée comme certains syndicats le proposent.
En effet, alors que le projet d'extension du travail du dimanche va plus que probablement être voté et qu'on apprenait que les seniors au chômage sont en sursis pour encore quelques mois, il n'est plus possible de faire confiance au gouvernement et sa majorité pour limiter la casse économique et sociale. Ce gouvernement et cette majorité qui n'ont plus aucun pouvoir sur l'économie et les entreprises et qui ne fait qu'éructer contre des méthodes qu'il avalisait encore en 2008.
Il est temps que les salariés pensent qu'en se taisant lors des dégraissages, ils pourront gagner quelques années ou mois avant de subir le sort des intérimaires et de leurs collègues licenciés. Il est temps de faire pression, non plus en chantant des slogans, si beaux soient-ils, mais en bloquant l'activité globale du pays pour amener le gouvernement à forcer le MEDEF, la CGPME et l'UPA (entre autre) à accepter de négocier une plus juste répartition des bénéfices avec TOUS les salariés.
Cette répartition doit se faire en augmentations de salaires et pas au travers d'une éventuelle participation dans la mesure où les salariés n'ont pas à assumer les fautes de gestion des dirigeants ou actionnaires qui les soutiennent.
Nous ne pouvons plus compter sur les traditionnels partis de gauche ensuqués dans le débat de la présidentielle de 2012, il va falloir réagir vite et fort et tant mieux si des mouvements ou partis politiques s'y joignent.
Comme le dit cette gentille mamie : " Il faut une grève générale". Elle est retraitée après avoir été éducatrice et travaillé dans la presse. "Je viens à toutes les manifs. Avant, j'étais encartée à la CGT, mais maintenant, je n'en ai même plus les moyens. Je ne touche que 85 % du minimum vieillesse... Je pense qu'il faut une grève générale. Les gens sont prêts à la faire. Même dans les villages, tout le monde en a ras le bol. Mais il faudrait réussir une coalition avec les jeunes, comme pour le CPE" - Source Midi Libre
Salariés, la grève générale c'est s'affranchir d'un tabou, c'est un peu (comme dans mon enfance) marcher sur des plates-bandes interdites et surveillées par un gardien à jambe de bois. Le premier pas fait, on se demande pourquoi on a attendu si longtemps ...
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