- Lors des dernières élections présidentielles les citoyens issus de l'immigration afro-maghrébine avaient très largement voté en faveur de la candidate socialiste. Depuis tous les sondages indiquent que cet électorat est toujours solidement ancré à gauche. Là où il est majoritaire ou tout simplement fortement implanté la droite parlementaire n'a pratiquement aucune chance de l'emporter. Cela explique d'ailleurs les défaites cinglantes de l'UMP lors des dernières élections municipales dans plusieurs agglomérations où cet électorat a fait la différence. Le calcul de Nicolas Sarkozy en donnant une telle publicité aux listes de Dieudonné est d'empêcher le parti socialiste d'arriver en tête en détournant une partie des votes des français issus de l'immigration afro-maghrébine en faveur des listes de Dieudonné. Il est même probable qu'il pense à l'élection présidentielle de 2012 dans l'espoir de favoriser la présence d'un candidat issu des minorités. Ce calcul n'est pas idiot même si il est dangereux. En effet, en 2004 l'humoriste avait déjà conduit une liste aux élections européennes, "Euro-Palestine", dans la région Ile-de-France dont les résultats avaient désagréablement surpris. Jugez-en plutôt : cette liste avait passé la barre des 5 % dans 12 des 40 communes du département de Seine-Saint-Denis, avec des pointes à Villetaneuse (8,1 %), la Courneuve (7,19 %) ou encore Bobigny (6,7 %). Et dans les bureaux de vote des cités Euro-Palestine avait réalisé plus de 12 % des voix. Or depuis 2004 les tensions ethniques et religieuses n'ont fait que prendre de l'ampleur. On peut légitimement penser que les listes de Dieudonné amélioreront leurs scores ce qui se fera au détriment de la gauche, voir de l'extrême gauche. Nicolas Sarkozy a malheureusement la sale habitude de jouer avec le communautarisme qui mine la société française. Le président de la République prend le risque d'enraciner dans le paysage électoral français un vote ethnique et religieux qui, tôt ou tard, sera récupéré par des islamistes qui feront passer Dieudonné pour un plaisantin. Il sera alors très difficile de refermer cette boîte de Pandore.
- L'autre lecture que l'on peut faire de cette intervention, qui est tout sauf innocente, est la crainte des autorités politiques, médiatiques et intellectuelles de voir éclater au grand jour ce qu'elles tentent par tous les moyens de camoufler : l'antisémitisme et le racisme d'une grande partie des populations issues de l'immigration afro-maghrébine. Que les listes de Dieudonné fassent un tabac dans les cités ou les villes où ces populations sont massivement présentes et voilà qui risque de provoquer un terrible mal de tête à nos zélateurs du "vivrensemble" et des sociétés multiculturelles. Est-ce que des indices en faveur d'un vote important pour les listes de Dieudonné remontent du terrain et provoquent la panique au point de vouloir les interdire ? Je n'en sais rien. Mais ce dont je suis sûr c'est que la sortie de Claude Guéant répond à l'une des deux lectures présentées ici.
Décidément les Strasbourgeois n'ont pas de chance. Un mois après avoir vu des sauvages détruire tout un quartier de leur ville voilà qu'une polémique enflamme la ville sans qu'ils puissent prendre la parole. La mairie socialiste de Strasbourg, sans aucune concertation, a en effet décidé de lancer un partenariat entre la capitale alsacienne et une grande ville en... Turquie. Sans que l'on sache exactement ce qui se cache derrrière ce partenariat. Et depuis on assiste à une véritable foire d'empoigne dans laquelle les Alsaciens n'ont aucun mot à dire. Car si dans un premier temps l'affaire semblait dans le sac - la grande majorité des Turcs de Strasbourg sont originaires de la ville de Kayseri et poussent en faveur de ce choix - la tardive découverte que cette ville était dirigée par un islamiste de l'AKP (le parti au pouvoir) a provoqué un choc. Oh pardon ! Excusez-moi ! Pour la feuille de choux locale (Dernières Nouvelles d'Alsace) il ne s'agit pas d'un islamiste ni même d'un islamiste "modéré" mais d'un "musulman modéré de centre droit". Bref une sorte d'UMP locale... Malgré ce louable effort de propagande en faveur des islamistes de l'AKP la nouvelle a du mal à passer et a plongé la majorité socialiste de la ville dans l'embarras. D'autant plus qu'une minorité des Turcs de Strasbourg a proposé la ville d'Izmir comme solution de rechange ce qui agace prodigieusement les "Kayseriotes". Et comme si tout ce pataquès ne suffisait pas voilà que le président "d'Amitiés Alsace-Arménie", Pierre Zouloumian, a suggéré, un rien perfide, que la ville de Strasbourg lie un partenariat avec une ville multi-ethnique, en l'occurence la ville kurde de Diyarbakir. Si cela enchante l'importante minorité kurde de Strasbourg inutile de vous dire que cette proposition "arménienne" en faveur d'une ville kurde provoque la colère de la minorité turque. Ah oui, avec tout cela on en viendrait presque à oublier que Strasbourg est toujours la capitale de l'Alsace même si les Alsaciens de la ville semblent devenir une ethnie parmi d'autres. Sauf que celle-ci n'a pas son mot à dire.
Je tiens à féliciter la ministre de
l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, pour sa pugnacité à défendre sa réforme qui va dans le bon sens, même si elle est insuffisante, et qui a dénoncé l'irresponsabilité des socialistes
face aux agissements des étudiants extrémistes que j'avais moi-même pointé du doigt le 10 avril (http://www.rebelles.info/article-29953319.html) :
"Avoir un parti de gouvernement, comme le parti socialiste, qui ne condamne pas les violences, qui ne condamne pas les blocages universitaires, qui n'appelle pas à la reprise des cours et
à la tenue des examens, excusez-moi mais çà me choque. Le parti socialiste, en partie par opportunisme politique, en partie par peur de se faire dépasser sur sa gauche, n'a pas condamné les
violences universitaires, n'a pas condamné les dégradations, n'a pas appelé au déblocage des facs, n'a pas appelé à la reprise des cours, n'a pas appelé à la tenue des examens, ne s'est pas
prononcé sur la valeur des diplômes. Je suis désolé de dire à tous les universitaires qui croient que le parti socialiste défend les valeurs de l'université que pour moi ce ne sont pas les
valeurs de l'université". Bravo !
"Putain j'en ai marre d'avoir raison !!!" C'est la réflexion qui m'est venue à l'esprit lorsque les talibans pakistanais s'étaient emparés du district de Buner à
100 km de la capitale pakistanaise fin avril. Il faut dire que je me souvenais de ce que j'avais écrit le 18 août 2008 (http://www.rebelles.info/article-22046919.html) :
"Je suis consterné par tout ce que j'ai pu lire ou entendre à propos de la démission de Pervez Musharraf. On lit
que "les Etats-Unis ont laissé faire" ; que les Etats-Unis ont lâché Musharraf en disant que c'était une "affaire intérieure pakistanaise", et qu'ils ne voulaient pas s'en mêler ; que "les liens
entre l'armée pakistanaise et le Pentagone sont toujours très solides" ; que cette démission "ne va pas changer grand-chose" etc..., etc... N'IMPORTE QUOI ! Si les Etats-Unis ont laissé faire c'est qu'il ne pouvait pas faire autrement. Cette démission, je le répète, prouve
que les éléments radicaux au sein de l'ISI et de l'armée ont remporté la partie. Car au Pakistan, un peu comme en Turquie, rien ne se fait sans l'aval de l'armée. Ces éléments radicaux de l'ISI et de l'armée sont proches des islamistes. Cela ne veut pas dire que demain les islamistes vont s'emparer de la bombe atomique
ou gouverner le Pakistan. Mais cela veut dire que la victoire de l'OTAN en Afghanistan s'éloigne davantage : talibans et djihadistes pouvant compter sur le soutien de l'ISI et une neutralité
officieuse du gouvernement civil pakistanais. Cela veut dire que le Pakistan va accentuer son double jeu dans la guerre contre le terrorisme.
Cela veut dire que l'Inde va devoir faire face à une recrudescence du terrorisme islamiste et que l'on risque d'assister à une dégradation des relations
entre Islamabad et New Delhi."
C'était le 18 août 2008. Quelques mois plus tard les dramatiques attentats de Bombay sont venus confirmer mon analyse. Puis les événements se sont accélérés avec la signature de la capitulation
du président face aux islamistes pakistanais avec l'ordonnance imposant la loi islamique dans la vallée de Swat. Mais alors que beaucoup m'accusent d'être un Cassandre je dois reconnaître que je
faisais encore preuve de trop d'optimisme. Je n'avais pas imaginé que les talibans puisent s'emparer du pouvoir au Pakistan. Aujourd'hui c'est une option qui devient probable. Je ne suis pas le
seul d'ailleurs à revoir ma copie. Olivier Guillard, directeur de recherche Asie à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et reconnu comme l'un des meilleurs experts du
Pakistan a déclaré au Figaro : "Le gouvernement n'est à l'abri de rien. On n'aurait jamais imaginé il y a deux ans que la vallée de Swat,
qu'on
surnommait la «Suisse du Pakistan», allait tomber aux mains des talibans. On n'aurait jamais imaginé non plus que la mosquée rouge, à Islamabad,
allait être prise, alors qu'elle se trouve à 500 m des palais gouvernementaux, au nez et à la barbe des uns et des autres. Aujourd'hui, les pakistanais commencent peu à peu à se faire à l'idée
que des islamistes pourraient arriver aux portes de la capitale. C'est extrêmement préoccupant."
Depuis il y a eu une offensive de l'armée contre les islamistes. Mais cela n'est qu'une mascarade. Elle est surtout destinée à répondre aux accusations de capitulation par
Washington contre le président Asif Ali Zardari. Mais bientôt les militaires vont se retirer. Les talibans pakistanais vont reprendre leur stratégie de grignotage. District après
district. Fief après fief. Jusqu'à Islamabad ? Encore une fois tout dépendra du rapport de force au sein de l'armée et de l'ISI. Quant à la bombe pakistanaise si le président Zardari assure
qu'elle est sous contrôle je suis loin de partager sa certitude. Avouez que tout cela est bien plus grave et important que la grippe A.
David Bescond pour Rebelles.info le 04 mai 2009 (http://www.rebelles.info)