J’ai dîné ce midi avec un gars qui fait du courtage en transport maritime. Il m’expliquait qu’ici au Canada, malgré nos forêts à perte de vue, nous importons beaucoup de bois d’Amérique du Sud... parce qu’il est moins cher. Il me disait aussi qu’on exporte de pleins bateaux remplis de bois franc vers des pays comme la Chine. Là-bas, ils prennent ce beau bois canadien, le transforment en quelque chose comme des meubles et nous retournent le produit fini ici (et ailleurs dans le monde) ! Tout cela en faisant, ni plus ni moins que le tour de la planète.
Encore pire, il me disait qu’aux États-Unis, la réglementation permet d’exporter les troncs d’arbre entiers. Ils sont débités en Chine, transformés en petites étagères chambranlantes et vendues quelques mois plus tard à prix «toujours le plus bas» chez le marchand à grande surface qui a transformé le joli boisé derrière chez vous en stationnement.
L’histoire ne dit pas si les arbres du boisé reviendront un jour, transformés en table à café ou en lit de bébé, être revendus sur le lieu même de leur naissance.
Pendant ce temps-là, on nous rend coupables avec cette planète toute croche et on nous martèle que «chaque petit geste compte». Je veux bien faire ma part et je veux bien surveiller mes petits gestes, mais à un moment donné, il faudra qu’on se rendre compte que tous les gestes sont significatifs et qu’acheter «toujours plus, toujours plus gros et... toujours moins cher» sans se soucier du reste est sans doute bien pire que de ne pas composter son trognon de pomme.