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Européennes 2009 : de l’absence du duopole (UMPPS), à l’émergence des sans-grades

Publié le 04 mai 2009 par Marc Vasseur

Européennes 2009 : de l’absence du duopole (UMPPS), à l’émergence des sans-grades.

A un mois de ce scrutin, plusieurs constats peuvent déjà être faits :

Le lancement effectif de la campagne et des débats est toujours reporté au lendemain par les deux principaux partis de notre vie politique, avec en prime des enjeux européennes qui disparaissent pour faire place à un pseudo plébiscite ou non de l’action de Nicolas Sarkozy.

Pire, ce dernier a vainement tenté il y a près de quinze jours d’imposer à nouveau la question de l’insécurité ; aujourd’hui, l’UMP prend pour seul argument le bilan de la présidence française… omettant sciemment de dire que celle-ci s’inscrit dans un cadre dépassant les seuls 6 mois de présidence tournante. Ce positionnement est semble se confirmer par le Premier Ministre lui-même, ce dernier refuse tout débat et jette en pâture son habituel ritournelle du « les autres n’ont rien à proposer ». D’ailleurs, s’aventurer sur ce terrain des propositions peut être une situation périlleuse quand la Commission, bien à droite, tente de faire passer aux forceps une directive de confort pour les hedges funds alors que dans le même temps Sarkozy veut défendre un capitalisme moralisé…

Le PS, quant à lui, après avoir tenté de mettre en avant le Manifesto du PSE (si c’est un progrès significatif pour les sociaux démocrates européens, il y a cependant des décalages sensibles entre le texte initial et sa traduction finale), semble s’être laissé prendre au piège du pour ou contre Sarkozy. Ce glissement peut constituer une erreur stratégique majeure avec comme principal dommage, le fait de n’être qu’un parti d’opposition incapable de proposer une alternative tant au niveau européen (et la cacophonie sur Manuel Barroso au niveau du PSE n’est pas là pour rassurer… même si tout le monde s’en fout…) qu’un niveau national. Alors si au final, le Parti Socialiste bat à nouveau le pavé, sa convalescence est encore loin d’être entamée voire commencée au niveau de son corpus idéologique. Sans parler de cette rumeur de plus en plus insistante qui place DSK comme remplaçant d’un Fillon fantomatique. Ce n’est qu’une rumeur mais nul doute qu’elle risque d’être montée en sauce dans les prochaines semaines, alimentée en sous-main par un Président « bienveillant ».

Dans ce contexte « sous-européanisé », les petits partis tentent d’élever le niveau du débat avec à la clef des convergences pour le moins inattendues comme cet appel du 2 mai qui bien qu’essentiellement franco-français sur la forme et entre bel et bien dans le champ européen. En effet, sur les premiers signataires, on compte trois têtes de liste pour les élections de juin avec Corinne Lepage, Marielle de Sarnez, José Bové. D’autre part, l’initiateur de cet appel n’est autre que Pierre Larrouturou, connu pour son militantisme pour la semaine des 4 jours mais aussi pour avoir lancé, il y a quelques années, l’idée d’un Traité Social Européen cosigné par Stéphane Hessel, Michel Rocard, Borislaw Geremek ou encore Enrique Baron Crespo….

D’autre part, cet appel appuie sa démarche avec son site Nouvelle Donne où il apparaît que la problématique européenne est au cœur de cette convergence des hommes, des femmes et des idées. Si il est repris un nécessaire traité social européen ; le développement durable y tient une place importante où l’environnement est par essence transfrontalière, transnationale.

Au-delà des solutions proposées par cet attelage, pour le moins hétéroclite et pour le moins surprenant quand on regarde de près certaines signatures, on ne peut constater que la crise actuelle a ébranlé de nombreuses certitudes et de nombreuses têtes.

Encore faut-il espérer qu’elle puisse durablement modifier les comportements boutiquiers et que cet appel ne reste pas comme lettre morte dans un monde finissant.

Au fond, cette campagne des européennes apparaît comme un révélateur de pratiques caduques pour notre duopole arcboutésur ses derniers carrés de fidèles ; de l’autre, petits et sans-grades tentent de réorganiser le débat politique…

Mais un appel fait-il le printemps ?


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