C'est à juste titre que la leader socialiste demande la clarification du calendrier des primaires. Ce calendrier impacte directement la bonne conduite d'une campagne électorale.
Avec les primaires, tout candidat doit affronter deux étapes successives avec des logiques distinctes voire opposées.
Dans un 1er temps, pour faire la différence au sein de son parti, il doit pratiquer un discours assez "intégriste" pour séduire les militants.
Dans un second temps, il doit chercher à rassembler le plus largement possible.
Ces deux étapes produisent des contradictions redoutables à gérer.
Les "effets de campagne" à usage interne à un parti risquent d'être des boulets pour le passage devant le suffrage universel. Il y là un problème neuf et majeur de communication.
Le candidat qui participe dans l'objectif de gagner l'élection ultime doit résoudre l'équation suivante : que les conditions de victoire de la primaire dans son camp politique ne soient pas de nature à marquer son profil au point de l'handicaper pour la victoire finale.
En effet, une élection c'est d'abord la rencontre à un moment précis entre le profil perçu d'un candidat et l'attente d'un électorat.
L'électorat d'un parti politique est rarement à l'image de l'électorat dans son ensemble. Pour gagner une primaire dans un parti politique il faut donc parfois " forcer le trait ". Encore faut-il que ce ne soit pas au prix d'un divorce ultérieur avec l'électorat dans son ensemble...
C'est un enjeu de communication que les Etats-Unis d'Amérique vivent depuis longtemps.
Le Parti Républicain comme le Parti Démocrate ont parfois connu des vainqueurs de primaires internes qui étaient manifestement trop des " candidats du parti " pour être ceux du pays tout entier. Pour le parti républicain, la dernière candidature de ce type fut celle du ticket Dole-Kemp contre Clinton-Gore en 1996.
La candidature de John Kerry n'échappe pas à ce reproche en 2004. Il est certain que Winsley Clark aurait été, par son profil de carrière militaire, susceptible de séduire une frange des républicains.
Quand Ségolène Royal ouvre ce dossier, elle pose donc une question fondamentale.
La victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 a reposé sur deux socles techniques :
- un parti puissant entièrement mobilisé pour sa victoire,
- mais aussi une absence de primaire donc de division au sein de ce parti et par conséquent la possibilité de s'adresser tout de suite à l'ensemble du corps électoral. En cas de primaire, il n'est certain que les références d'alors à Jaurès auraient été aussi nombreuses et appuyées ...
Les démocrates Américains ont corrigé le tir en 2008 car ils savaient que les défauts de leur parti en terme de pure logistique rendaient une victoire quasi-impossible. C'est une nouvelle réalité à voir en face. Ceux qui nient cette réalité ne sont pas réellement attachés à la performance du PS pour 2012.