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Les contes de l'ordi sacré : La vengeance du caribou fou : 11

Publié le 05 mai 2009 par Porky

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EPISODE 11 : Où le caribou fou précise son plan débile et où le caribou magique prend son frère jumeau de vitesse en ce qui concerne les connexions magico-spirituelles.

Gudule s'étant aplatie contre une des cloisons du laboratoire maudit, et le Servile Séide étant fort occupé à essayer de la ranimer en l'éventant avec un piège à loups, le caribou fou poursuivit l'explication de son plan, sans tenir aucunement compte du fait que la sorcière, assommée, ne l'entendait pas.

« Tu vas donc te présenter comme une repentie de la sorcellerie, dit-il en se grattant le museau. Mais comme je n'ai pas du tout confiance en toi, je serai caché à l'entrée de la grotte pluricentenaire et je te soufflerai ce qu'il faut dire. Tu entendras ma voix dans ton non cerveau et tu n'auras qu'à redire exactement mes paroles. Ca devrait limiter les dégâts. Et pour que le Masque de fer ne résiste pas, tu lui feras boire un petit somnifère qui le rendra inoffensif pendant un certain temps. Je me chargerai de notre retour au laboratoire maudit. Tu as écouté ce que je viens de te dire ? » termina-t-il en se tournant vers Gudule, toujours inanimée. « Elle est évanouie », plaida le Servile Séide. « Attends, je vais te la remettre d'aplomb ! » dit le caribou fou et il empoigna Gudule par les cheveux et lui fit refaire, mais cette fois sur le dos, quelques tours de laboratoire. Le traitement se révéla fort efficace. Le contact du ciment rugueux avec le dos bossu de la sorcière réveilla instantanément l'horrible Gudule qui, loin de se plaindre de cette brutalité, ouvrit la bouche pour supplier le caribou fou de ne surtout pas s'arrêter. Ce que, bien entendu, il fit dans la seconde. « Je ne suis pas là pour te faire plaisir, connasse, dit-il en l'abandonnant à son triste sort. Demande au Servile Séide de te répéter ce que j'ai dit, moi, j'ai d'autres préoccupations en tête. » Et il s'installa devant la table et attaqua avec appétit les restes du saucisson.

« Mais tu es génial, ô mon maître ! gloussa Gudule au terme de la narration du Servile Séide, ponctuée par quelques gifles données ça et là. Jamais je n'aurais pu imaginer pareille vilenie, et pourtant dieu sait ce dont je suis capable... » « Tu n'es capable de rien, rétorqua le caribou fou. Si je pouvais agir sans toi, je te jure bien que je n'irai pas m'encombrer d'une pareille tache ! Et maintenant, va enfiler des vêtements un peu moins merdiques que ceux-là ! Il faut que tu fasses bonne impression. Si tu pouvais aussi te rendre moins moche, ce serait un sacré atout, mais je crois qu'il ne faut pas trop t'en demander. » « Tes désirs sont des ordres, mon maître », glapit Gudule et elle se précipita dans sa penderie pour y décrocher son habit du dimanche puis s'assit devant son miroir lequel se fendit incontinent, refusant de refléter ce qu'on osait lui présenter. Puis, estimant qu'elle avait fait de son mieux, elle se tourna vers le caribou fou qui poussa un hurlement en la voyant. « C'est encore pire qu'avant ! gronda-t-il. Remets tes vieilleries, enlève le plâtre et refais tes couettes ! C'est monstrueux, mais on peut quand même, en s'accrochant bien, arriver à supporter le spectacle ! »

Chez Marsupilania, on dormait du sommeil du juste. Seul le caribou magique ne parvenait pas à fermer l'œil. Il essayait régulièrement de se connecter sur l'esprit de son frère jumeau et à force de tenter le diable, il finit par lui attraper la queue. Quelques bribes du plan immonde dressé par le caribou fou se présentèrent à son cerveau. Il ne lui en fallut pas plus pour le décider à agir. Il se leva, enfila jean et bottes, puis descendit silencieusement au salon, après une longue marche dans d'interminables couloirs. Avisant une feuille de papier, il écrivit quelques mots et la laissa bien en évidence sur la table. « Je suis allé voir le Masque de fer à Sainte Marguerite. Si je ne suis pas revenu demain matin, ne vous rendez sous aucun prétexte soit  sur l'île, soit  au château d'Onyx Noir. » Estimant que l'avertissement était suffisamment clair, même pour des esprits aussi embrouillés, il prononça une formule magique et disparut.

Le Masque de fer, bien à l'abri dans la grotte pluricentenaire, écrivait, écrivait, écrivait. Il n'en finissait pas de raconter sa vie ; il ne quittait Word et son ordinateur que le temps de manger sur le pouce quelques cochonneries grasses et indigestes et il avait transformé la cuisine en un abominable foutoir. Mais peu lui importait. L'inspiration était là, et il fallait la saisir au vol. Adonc le clavier fumait, l'écran clignotait de fatigue et le modem demandait grâce. Aussi ne prit-il pas garde au fort coup de vent qui ébranla la porte de la grotte pluricentenaire.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'était ni le caribou fou ni Gudule qui s'annonçaient. Ces derniers étaient encore dans le laboratoire maudit, l'un à manger son saucisson et l'autre à rendre présentable ce qui n'avait jamais pu l'être. C'était le caribou magique qui, à partir des quelques éléments glanés dans le cerveau dément de son frère, avait réussi à comprendre à peu près ce que ce dernier tramait. Il était donc venu prévenir le Masque de Fer du danger qui rôdait autour de lui et s'était dit qu'il valait mieux arriver par la porte, comme tout le monde, plutôt que de débarouler sans prévenir au beau milieu de la cuisine. Il frappa donc courtoisement sur le vantail de bois.

(Que va donner cette démarche ? Le Masque de fer écoutera-t-il ce qu'on a à lui dire ? Le caribou magique sera-t-il suffisamment convaincant ? Pourra-t-il contrer les sombres desseins de son frère ? Et Gudule sera-t-elle à la hauteur malgré une fâcheuse tendance à tout rater ? Encore une mi-temps.)


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