Magazine Humeur

Les menaces de Frédéric Lefebvre contre le blocage des facs : étude de texte…

Publié le 05 mai 2009 par Kamizole

frederic-lefevbre-pourfendeur-dinternet.1241534898.jpgUn drôle de bon client ! Du vrai nanan pour mémé Kamizole… Il a sûrement pris un abonnement sur Lait d’beu et va finir par me réclamer des royalties. Il me vient tout à trac une idée : c’est qu’il doit se faire un nom… Bien que député, il n’a jamais affronté réellement le suffrage électoral : il n’était que le supplément d’André Santini. S’il veut l’égaler en humour, il est mal barré !

Toujours est-il que le petit roquet – dixit Laurent Joffrin dans Libé – jappeur patenté et chien de garde de l’UMP aboyait hier contre le blocage des universités…

Ses propos n’ont sans doute pas la concision et la précision ni l’intelligence d’un article du code civil mais les quelques lignes de son intervention se prêtent toutefois à un petit exercice comparable quant à l’analyse… Ou comment tirer en 4 pages la substantifique moelle d’un très court texte.

“Nous n’acceptons pas que l’avenir de jeunes Français soit pris en otage” (…) “nous souhaitons que le gouvernement, les autorités publiques soient particulièrement vigilants” (…) et que toutes les entraves soient poursuivies” (…) “Je souhaite que les autorités publiques réagissent si un certain nombre d’individus devaient participer à entraver les examens comme ils menacent de le faire, parce que ce n’est pas acceptable dans une démocratie” (…) La “ronde des jusqu’au-boutistes” - allusion à la “Ronde des obstinés” - ont décidé de prendre en otage” les étudiants “pour défendre des positions idéologiques et sont prêts à mettre en cause la réussite de ces jeunes à leurs examens. C’est scandaleux!”

  • «otages» !
  • Mot favori des réactionnaires de tout poil dès qu’un mouvement de grève bloque un service public. L’emploieraient-ils ainsi à contre-emploi et à tort et à travers s’ils savaient exactement ce qu’il en est des vrais otages qui souvent craignent pour leur vie ?

    Quitte à me répéter, je dirais une fois de plus qu’une grève qui ne gêne personne, ni les usagers ni a fortiori les patrons et le pouvoir, est une grève vouée à l’échec. C’est toujours un problème de «rapport de forces» et explique sans doute pourquoi Nicolas Sarkozy pouvait naguère se moquer : «quand il y a une grève, on ne s’en aperçoit plus»… Sans doute jusque-là les syndicats avaient-ils été trop gentils ? Les grandes mobilisations syndicales depuis le 19 janvier lui ont apporté un cinglant démenti !

  • «Poursuites judiciaires»
  • C’est sur ces mots que je me suis réveillée hier-après midi de ma sieste. Antienne favorite de Frédéric Lefebvre… Il dégaine les menaces aussi vite que son ombre.

    Curieuse conception du dialogue social ! «en toute objectivité et afin d’apporter sa pierre en vue d’ un apaisement définitif du conflit ?»… Jeter de l’huile sur le feu n’est sans doute pas la meilleure façon d’apaiser. Quant à sa «pierre», espérons qu’elle lui reviendra en boomerang : proportionnellement aussi vite qu’il l’aura jetée dans le débat.

    Plutôt que d’accepter réellement de négocier sur le statut des enseignants-chercheurs et la réforme de l’université – la nomination d’une médiatrice n’a été une fois de plus qu’une manœuvre dilatoire : la preuve en étant que le décret est passé encore plus tôt que prévu ! – le gouvernement louvoie, tente de noyer le poisson et… passe en force : méthode Sarko brevetée SGDG (sans garantie du gouvernement selon ce sigle bien marrant visible sur nombre d’appareils dans les années 50-60).

    Appelons plutôt le gouvernement et les autorités publiques à être «vigilants» face au mécontentement de la population, qu’elle fût universitaire ou non… Ça craque de partout !

    Selon un sondage récent, 65 % des Français seraient désormais hostiles à la politique poursuivie par Nicolas Sarkozy notamment économique et sociale. Il n’en continue pas moins de foncer comme un petit taureau furieux pour imposer «ses» réformes – dont celles de l’université. Il y a chez lui quelque chose qui évoque Attila : rien ne doit repousser après lui… Tabula rasa.

    J’ai connu de 1989 à 1995, un certain nombre de grèves étudiantes. Les enseignants étaient parfois solidaires mais je ne les avais jamais vus se mettre en grève. Nicolas Sarkozy, Pécresse et toute la clique de l’UMP réussissent un véritable tour de force : mettre des profs de fac, des enseignants-chercheurs dans la rue. De même que dernièrement, c’est toute la profession hospitalière, médecins chefs de service en tête qui ont manifesté contre la réforme de l’hôpital voulue par Roselyne Bachelot ; du jamais vu !

  • La “ronde des jusqu’au-boutistes”… alias la “Ronde des obstinés”
  • Lancée le 23 mars, la “Ronde des obstinés” a atteint les 1 007 heures de marche continue sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris… Elle s’est arrêtée hier et sur France-Info j’ai entendu hier soir une des participantes exposer clairement et très posément le point de vue des enseignants-chercheurs opposés à la réforme de leur statut.

    Et disant, outre que le décret le modifiant doit être retiré – comme la disposition sur le CPE avait été abrogée – que les enseignants-chercheurs ont le souci constant des étudiants : enseigner et transmettre leur savoir restant leur principale préoccupation. Ce n’est donc pas de gaieté de cœur qu’ils bloquent les facs et vont même jusqu’à envisager de ne pas faire passer les examens.

    Mais point n’est besoin d’être grand clerc pour subodorer que s’il mettent fin à leur mouvement et font passer les examens comme si de rient n’était, il l’auraient définitivement dans le cul. Le gouvernement, Pécresse en tête ne leur en saurait nullement gré, bien au contraire !

    D’ailleurs, c’est tout le gouvernement, Pécresse en tête qui commence, selon Libération à durcir sa position.

    Selon Libération Facs bloquées : l’UMP tonne La ministre de l’Enseignement Supérieur en profite pour agresser les socialistes lors d’un passage le 26 avril au Grand Jury RTL-Le Figaro : le PS «qui ne condamne pas les violences, qui ne condamne pas les blocages universitaires, qui n’appelle pas à la reprise des cours et à la tenue des examens».

    Une attitude qu’elle mettait au compte de la crainte du PS d’être «débordé par le parti de Besancenot, très présent dans les universités». Rien de bien nouveau sous le soleil… J’ai connu assez de grèves étudiantes pour savoir que tant la LCR que LO ont toujours été aux avant-postes et fort peu regardants quant aux règles de la démocratie.

    De là à ce qu’ils soient représentatifs des revendications des étudiants est une autre paire de manche ! Il s’en faudrait d’ailleurs de beaucoup que la poursuite d’un mouvement de grève soit leur fait.

    J’ai le souvenir d’une Convention nationale à Tours en décembre 1995 où ils en étaient encore à dire que la grève générale était à l’ordre du jour , alors qu’il ne faisait aucun doute que le mouvement de grève était sur le point de se terminer… Ce qui arriva le lendemain même !

    Bien qu’épuisée par cette interminable séance de nuit où l’on nous fit voter et revoter, je n’en avais pas moins passé un petit mot à mes voisins de travée, étudiants à Cergy : «La Ligue a tort »… qui les fit bien rire.

    Selon ce que je lis sur Libération «après François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO) a condamné le 30 avril les intrusions de l’extrême gauche dans le champ syndical».

    Il suffit d’être un peu au fait de l’histoire du gauchisme et de FO pour savoir que ce syndicat servit longtemps de repaire pour les militants de l’AJS et de l’OCI – le groupuscule de Lionel Jospin et Cambadelis – devenu depuis le Parti des Travailleurs… Mailly n’étant pas né de la dernière pluie : «qu’il se sente morveux, qu’il se mouche» !

    Enfin, même son de cloche chez Claude Guéant, qui dimanche dans la même émission – décidément, il est comme les mauvaises odeurs : il se répand partout ! – aurait parlé d’un «formidable gâchis» dans les universités bloquées où s’impose «la loi de la minorité».

  • Pour en terminer avec Frédéric Lefebvre, qui accuse les enseignants-chercheurs de défendre des positions «idéologiques»
  • .

    De même que Pécresse dont j’ai depuis longtemps dit qu’ayant fait HEC, elle n’y connaissait rien en matière d’enseignement supérieur universitaire, il est fort mal venu le minus habens à venir donner des leçons en la matière !

    Ce que nous voyons à l’œuvre dans cette tentative de mette l’université au pas – de l’oie ? – c’est effectivement la tentative d’imposer l’idéologie libérale à l’université pour la mettre au service d’une conception totalement utilitariste : entendre selon les desiderata du patronat.

    Or, l’enseignement supérieur, au moins jusqu’au Master 2, n’a pas vocation à former des professionnels mais avant tout des esprits libres et critiques, ais-je mille fois affirmé. D’où l’importance de la recherche qui nourrit l’enseignement.

    Les enseignants qui protestent aujourd’hui entendent bien conserver ce rôle à l’université, n’en déplaise à Frédéric Lefebvre.


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