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Paso Doble n°137 : France-Uruguay, le match démocratique

Publié le 06 mai 2009 par Toreador

A las cinco de la manana,

Good Democracy et mauvaise démocratie

Les Kiwis ont été mis au défi par l’Hérétique d’analyser le classement du Economist Intelligence Unit sur les démocraties. Il se trouve que la France est au 24ème rang, juste derrière l’Uruguay. Elle reçoit des notes plus basses que ses concurrents dans la catégorie « fonctionnement du gouvernement » et « libertés civiles ».

Il est toujours intéressant d’aller regarder comment les classements sont faits. D’autant que celui ci (mais quelle surprise de la part d’un journal anglo-saxon !) place 13 pays anglophones ou nordiques dans les 20 premiers… On ne s’étonnera donc pas que certains de ses critères soient en réalité relativement idéologiques sur ce que doit être une démocratie.

La démocratie du Dr Queuille et de Napoléon III

Par exemple, il est probable que la France perd des points pour le volet « fonctionnement du gouvernement » de ce classement parce que sa branche législative n’est pas « suprême » par rapport aux autres pouvoirs, comme l’exige l’EIU.

Considérer qu’un législatif fort est forcément garant d’une bonne démocratie est une idée absurde. La Convention de Robespierre aurait par exemple eu un très bon score sur ce critère, de même que la fragile IVème République. Une démocratie c’est avant tout une réalité : il y a des constitutions très démocratiques sur le papier et terriblement arriérées dans leur fonctionnement… Le régime d’assemblée en est un.

Un autre concept anglo-saxon qui « compte » dans cette rubrique est « accountability », ce qui en français donne « la possibilité de rendre des comptes entre les élections ». Voilà un concept qui laisse songeur, car le principe de la démocratie représentative est de laisser une minorité gouverner et de choisir de les réélire (ou non) à la fin de leur mandat, en fonction de leur bilan… et non de les évaluer en cours de mandat.

Sans doute l’EIU aurait aimé les référendums-plébiscites de Napoléon III qui, entre deux élections  (en fait, il n’y en eut qu’une, suivie d’un coup d’Etat) permettait au souverain de renouveler sa légitimité.

Embrassons nous Tocqueville !

Quant au volet « libertés civiles », on y trouve des choses rigolotes. Par exemple si le pays n’est pas doté d’une presse électronique libre, il est moins démocratique que s’il en a un.  Voilà qui handicape dès le premier critère les pays pauvres.

Le droit de pétition citoyenne est également un élément qui compte dans cette rubrique alors que cet élément de démocratie fait partie des caractéristiques d’une démocratie directe, et non représentative.

Enfin, j’aimerais que l’EIU m’explique si laisser participer Dieudonné aux élections est un signe de bonne vitalité démocratique ou pas…

Tous ces éléments montrent qu’en réalité, si l’on suit les préceptes de ce classement, il ne peut y avoir qu’un « bon » modèle de démocratie : celui prôné par les Etats-Unis et les pays anglo-saxons at large. Qu’importe que l’Islande, jugée très bien classée, ait sombré dans la crise par la faute d’une classe politique complètement aveugle.

Quant au bon score obtenu par l’Uruguay, qui figure à la 23ème place mais qui est démocratique depuis 1985, il s’explique sans doute par le fait qu’il a eu le bon goût de copier sa constitution sur celle de l’Amérique… Nicolas Sarkozy sait ce qui lui reste à faire !

démocratieEconomist Intelligence Unitl'Hérétique

Sujets: Paso Doble | 6 Comments »


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