En d'autres temps, presque aussi troublés que le nôtre, au fond, quoique pas aussi dangereux pour la survie de l'humanité, on raffolait de certains textes construits par simple juxtaposition de vers (ou de fragments de vers) provenant de différents auteurs. Le terme de "centons" désignait ces compositions originales, très prisées, imaginées à partir d'oeuvres célèbres empruntées ici ou là. Au moyen-âge, les oeuvres d'Homère et de Virgile ont été les plus fréquemment utilisées. Il se pourrait bien qu'à l'avenir ce procédé retrouve une seconde jeunesse. Le champ des possibles, sur le web, est illimité et chacun y va de son kaléidosope personnel pillant allègrement les sites les plus divers entreposant parfois des textes très précieux et des photos inédites. Faut-il s'en désoler ? Oui, car un tel vandalisme, à terme, interdit aux artistes et aux intellectuels de continuer à vivre de leur travail, dans le modèle économique qui est le nôtre. Non, car cette fertilisation de la pensée par d'autres approches autorise d'ores et déjà une nouvelle manière d'envisager le partage des savoirs ; elle ouvre aussi la voie à des formes d'expressions collectives inédites. Qu'on le veuille ou non et, surtout, qu'on le regrette ou pas, la figure de l'artiste solitaire (écrivain, photographe, plasticien) appartient peut-être déjà au passé. Bien sûr, j'anticipe un peu, et je ne dis pas non plus que cela m'enchante... Reste à savoir s'il ne faut pas en profiter pour innover plutôt que de se lamenter. Traverser l'océan a toujours été dangereux. Mais infiniment prometteur, en vérité.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble