Pas d’enjeux. Pas de choix. Pas de participation. Les élections européennes qui se profilent semblent mal engagées. La faute aux deux principales formations politiques, PS et UMP, qui ont volontairement tronqué le débat. La première, sur un air d’Europe des bisounours, veut transformer le scrutin en vote de défiance contre le président de la république. La seconde, ectoplasmique, se confond avec un Nicolas Sarkozy homme orchestre qui se rêve en leader de l’UE.
Au PS on n’est plus à un double discours prés. Sous prétexte d’unité, le débat interne sur le choix de l’orientation européenne a soigneusement été évité. Mieux on a botté en touche, récupérant opportunément le travail réalisé par les socialistes avec le fameux Manifesto.
Le PS aurait donc un programme. En couverture au moins. Car si tout le monde en parle, il est bien difficile de se faire préciser ne serait-ce que trois mesures concrètes sinon emblématiques. Solférino prend le risque du double discours en avançant que voter socialiste c’est voter contre Barroso. Vœux pieu ou mensonge assumé les observateurs un peu avertis savent qu’au sein des socialistes européens, Gordon Brown et Zapatéro sont à l’inverse favorables à la reconduction du lusitanien dans ses fonctions. Faute de biscuits sur la question européenne, voilà donc la vieille maison socialiste contrainte de revenir sur le terrain intérieur et donc à Nicolas Sarkozy.
“Le 7 juin, ce sera stop ou encore“ claironne Benoît Hamon. “Le 7 juin, les électeurs ne voteront pas sur les programmes européennes mais sur la situation française” renchérit Henri Emmanuelli. Le PS souhaite capter le vote défouloir contre Nicolas Sarkozy mais craint que ces suffrages ne se portent sur l’extrême gauche mais aussi les Verts et le Modem de François Bayrou.
Tout le drame de la classe politique française est là. Ne voir dans les élections européennes qu’un scrutin intermédiaire alors que l’UE a récupéré en catimini un pouvoir législatif et réglementaire de première importance qui réduit en partie le parlement français à une simple chambre de retranscription des directives européennes.
A l’UMP le programme pour les élections européennes est plus que réduit. Il tourne autour de la personne de Nicolas Sarkozy encore tout enivré de son passage à la présidence tournante de l’UE. Un programme limité à réserver à l’Europe le traitement actuel appliqué à la France. Un exécutif fort omnipotent, aiguillon du mammouth bruxellois.
Une proposition antinomique avec l’idée d’un parlement européen fort capable de contrebalancer la Commission et les Chefs d’Etat. Une Europe radicalement différente dans laquelle les grands états réunis en directoire prendraient la main, ravalant les petits Etats au rang d’acteurs de seconde zone. Une addition de préoccupations nationales très éloignée de l’ambition des pères fondateurs de l’Europe.
A défaut de poser correctement le débat, le taux d’abstention pourraitatteindre un taux record . La faute également à nos eurodéputés qui n’ont pas su faire partager à nos concitoyens les enjeux et le rôle des institutions européennes.
Aller plus loin:
- Et si on supprimait les élections européennes ? (Eric L’Helgoualc’h/Au fil de la campagne européenne)
- Silence on vote (François Hollande/Slate.fr)