C'est l'un des titres du journal Le Monde d'aujourd'hui. Et cela ne sent pas bon. Quand l'Elysée se mêle de déontologie, c'est qu'il y a anguille sous roche. Un code de déontologie pour les journalistes avec «des droits et des devoirs ». Attention ! Les droits, ça va, mais les devoirs ? Je suis journaliste depuis 1971 et le seul code de déontologie que je connaisse c'est la charte des journalistes adoptée il y a bien des années. Cette charte est extrêmement claire et simple : on annonce la couleur c'est à dire sa fonction, on ne mêle pas information et commerce, on ne mélange pas vie privée et vie publique, on vit de son métier et pas de subsides ou de ménages annexes. La charte des journalistes est le code de déontologie reconnu par tous les vrais professionnels. Je connais tant de « grands » journalistes, comme Mme Ockrent pour ne pas la nommer, qui animent des conférences ou des débats à 10 000 euros la sortie ! C'est ce qu'on appelle faire des ménages mais pas au tarif des femmes de ménages.
Nicolas Sarkozy est celui qui a déclaré que Marianne était animé par « des fascistes et des enculés », il est le président d'un gouvernement qui, aujourd'hui même, a fait sanctionner (autrement dit virer) un journaliste de TF1 qui avait écrit à sa députée de Paris pour l'interroger sur la loi HADOPI. Mme Albanel a vendu la mèche à TF1 (délation) et ce sont ces gens-là qui veulent de la déontologie ! Ce sont les mêmes qui déguisent des policiers en provocateurs ! J'invite mes confrères journalistes membres de la commission chargée de rédiger ce nouveau code déontologique à la plus extrême prudence. Je les somme de ne pas devenir les dindons d'une farce qui commence à sentir l'âcre et le rance. Je les prie de bien vouloir se référer à la Charte des journalistes de 1918 révisée en 1938 et 1971, elle s'intitule d'ailleurs « charte des droits et des devoirs des journalistes professionnels. »
Je la résume :
« Paris, Juillet 1918 - révisée en janvier 1938, Un journaliste, digne de ce nom, prend la responsabilité de tous ses écrits, même anonymes ; tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ; ne reconnaît que la juridiction de ses pairs, souveraine en matière d’honneur professionnel ; n’accepte que des missions compatibles avec la dignité professionnelle ; s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque ; ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ; ne signe pas de son nom des articles de réclame commerciale ou financière ; ne commet aucun plagiat, cite les confrères dont il reproduit un texte quelconque ; ne sollicite pas la place d’un confrère, ni ne provoque son renvoi en offrant de
travailler à des conditions inférieures ; garde le secret professionnel ; n’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ; revendique la liberté de publier honnêtement ses informations ; tient le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières ; ne confond pas son rôle avec celui du policier. »