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Les hommes de la pensée structurelle et de la révolution culturelle peule par Oumar N'Diaye

Publié le 08 mai 2009 par Bababe

Les hommes de  la pensée structurelle et de la révolution culturelle peule par Oumar N'Diaye"Tene Youssou Guèye

Quelques hommes de la révolution culturelle peule : Tène Youssouf Guèye, (sur la photo)  Aboubacry Kalidou BA, Yéro Doro Diallo, Sall Abdoul Aziz, Mourtodo DIOP, Saïdou Kane, Tidjane Anne, Ibrahima Sarr, Baaba Maal...,  

L’homme peul doit s’approprier de son héritage culturel dans son ensemble, sans jamais frôler le repli identitaire exagéré, qui peut nuire au rayonnement  de la civilisation peule, le prolongement de celle-ci dépend de la capacité de ses héritiers à fructifier les valeurs qu’elle incarne et la force de transmission aux générations futures.

 

Oui la révolution guerrière a toujours fait du peul le défenseur de l’honneur et de la dignité, celle de l’instruction et de la culture fait de lui  le contestataire des écrits mensongers, de l’exploitation raciale moderne et un ardent gardien de notre patrimoine culturel. C’est dans cette optique que des grands hommes peuls conscients des enjeux de notre siècle et surtout de  perspectives du futur, ont cherché à bâtir les bases solides de la révolution culturelle et intellectuelle peule que nous vivons aujourd’hui.

Je ne peux commencer cet article sans rendre hommage aux précurseurs de la pensée structurelle de la révolution intellectuelle et culturelle peule, Cheikh Moussa Camara de Gannguel, El Hadj Mamoudou BA de Djeol, fondateur des écoles Falah dans le Fuuta qui donneront naissance aux premières migrations pour la quête de savoir, le regretté Yéro Doro DIALLO en était le parfait exemple de réussite, que dire du regretté Amadou Hampâté BA, à lui seul il incarnait la sagesse, la vision, la grandeur, l’universalité et l’humilité peule, c’est avec son aide précieuse que Théodore Monod léguera à l’Afrique le précieux bijou qu’est l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN), aujourd’hui fleuron de la recherche sur les vérités de la place de l’homme africain dans l’histoire.

La révolution culturelle peule  est née dans les 1950, c’est en 1956 que le feu Amadou Malik Gaye de Dounguel fonda l’association pour la jeunesse peule à Paris, où il suivait une formation d’administrateur, conscient de la force unificatrice de la langue peule et de la nécessité de jeter les bases de la pensée structurelle peule, il va fonder au Sénégal l’association pour la Renaissance Pulaar, avec l’appui de quelques fidèles amis tels l’animateur radio Sall Djibi de Thioubalel, Dia Silèye, Samba Hawoly Seck, etc.

Le  congrès des intellectuels peuls à M’Bagne en 1962 à l’initiative d’Amadou Malik Gaye et présidé par le regretté professeur Oumar BA, autrefois pilier de l’institut des langues nationales en Mauritanie et premier traducteur du Coran en Pulaar marque un tournant dans la pensée structurelle de la révolution culturelle et intellectuelle peule, désormais l’oralité autrefois gardienne de la mémoire peule sera renforcée par l’écriture Pulaar grâce à l’adoption de l’alphabet Pulaar et à sa transcription, cela malgré les réticences du pouvoir maure en Mauritanie qui ne voyait pas d’un bon œil le réveil de la conscience peule pour ne pas dire noire.

Le village de M’Bagne par le biais de son  chef village à l’époque en la personne de El Hadj Samba Boudel Diop bravèrent l’interdiction de la tenue du congrès formulée par les autorités mauritaniennes et mobilisèrent notables, décideurs et intellectuels peuls pour lancer la pensée structurelle de la révolution culturelle peule. Ainsi pour rendre honneur à ce village point de départ de ce réveil de la conscience peule, on associera son nom à l’alphabet Pulaar d’où l’appellation « Alkule M’bagne ».

Le succès de ce congrès a jeté les bases de l’appropriation culturelle, intellectuelle, historique et structurelle de la pensée peule ainsi que la recherche sur les valeurs et les traditions de l’identité peule dans sa diversité à travers sa concentration géographique.

 Quelques années plus tard des hommes et des femmes peuls tels Tène Youssouf Guèye, Aboubacry Kalidou BA, Yéro Doro Diallo, Sall Abdoul Aziz, Mourtodo DIOP, Saïdou Kane, Tidjane Anne, Ibrahima Sarr, Baaba Maal et tant d?autres, armées de la confiance du peuple et conscient des enjeux d?acculturation et de la guerre silencieuse au nom de la domination culturelle ont continué le flambeau à travers la radio, la poésie engagée ou sensibilisatrice, l?écriture, la recherche historique, la sociologie, la musique etc. pour faire vivre cette fibre peule.

Aujourd’hui on voit une jeunesse peule porter et fructifier cet héritage par le biais des nouvelles technologies tels l’Internet ou l’usage des médias numériques, qui continue de sensibiliser la société peule sur les dangers de s’éloigner de sa culture, de ses traditions, de ses valeurs et surtout d’être porteuse de cette fierté peule, que dire de l’écriture Pulaar qui n’a rien a envier aux autres et  qui a fait ses preuves par des publications de valeur.

Je conclus qu’aucune civilisation ne doit périr au nom de la continuité ,de celle des autres, cette dernière phrase est une reconnaissance à celles et ceux qui ont payé cher de leur liberté parfois de leur vie la promotion de la culture peule, de Rénovation Ndjoum aux ardents défenseurs de notre héritage culturel, la société peule a de la mémoire.

Oumar Moussa N’DIAYE


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