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Indigènes de la république : frères d’armes mais cousins éloignés de pension

Publié le 08 mai 2009 par Hmoreigne

 On les appelle les Indigènes de la république. Une majorité de Français a découvert leur existence avec le film que leur a consacré en 2006 Rachid Bouchareb. Jacques Chirac à la suite de sa projection s’était engagé à revoir la différence conséquente de montant de pension allouée entre anciens combattants des colonies et leurs compagnons d’armes français. Trois années plus tard l’engament n’est toujours pas tenu. Face à cette promesse de Gascon, le PS emmené par Alain Rousset président de la région Aquitaine et député de Gironde demande que l’injustice qui touche les “Oubliés de la République” soit réparée.

A partir de 1942, les “Indigènes” venus d’Afrique et du Magrehb, ont participé sous les ordres du maréchal Juin à la reconquête de l’Europe. En 1959 en pleine mouvement de décolonisation une loi est adoptée portant sur ce qu’on a appelé la « cristallisation » des pensions. Autrement dit avec l’indépendance de leurs pays, les Indigènes se retrouvent avec des pensions diminuées en fonction du coût de la vie du pays où ils résident au moment où ils demandent la pension. Une règle de résidence qui ne s’applique qu’aux étrangers.

En 2007, le gouvernement accorde une décristallisation partielle portant uniquement sur les pensions militaires d’invalidité, sur demande des intéressés, mais exclu les pensions civiles et militaires de retraite, les plus importante. Pour exemple, quand un ancien combattant français touche 600 € par mois, un Sénégalais ne perçoit toujours que 159 €. Parce que la revalorisation ne portent que sur les « prestations du feu », c’est à dire les indemnités liées aux combats.

Le 28 octobre dernier, Alain Rousset, dépose une proposition de loi, soigneusement enterrée par le gouvernement depuis, portant sur une décristallisation complète. Celle-ci fait suite à la décision historique du tribunal administratif de Bordeaux rendu le 15 octobre qui a revalorisé pour la première fois les pensions militaires de six anciens combattants “ indigènes ” marocains. Avec cette décision de justice, les retraités d’armes concernés toucheront huit à dix fois plus qu’avant. Cette décision qui fait jurisprudence reste toutefois insatisfaisante dans la mesure où la décision est juridique et non politique et où elle est fondée sur un accord international signé avec le Maroc. Un ancien combattant sénégalais a ainsi été débouté alors qu’il présentait la même demande.

Face au mouvement mené par le parti socialiste, l’extrême-droite française tente de brouiller l’image des Indigènes en s’épanchant longuement sur les exactions commises pendant la campagne d’Italie de juin 43 à juillet 44 par des soldats marocains et algériens du Corps Expéditionnaire du général Juin. La polémique porte sur l’ampleur des viols et pillages perpétrés. La responsabilité des généraux Juin et Monsabert est pourtant avancée. Ces derniers sont accusés d’avoir donné quartier libre à leurs troupes en récompense de la victoire de la bataille sanglante du Mont Cassin.

Sans rien excuser la réalité des chiffres est difficilement appréhendable tant ceux-ci sont contradictoires. Il doivent dans tous les cas être replacés dans une période de barbarie dans laquelle le bien et le mal étaient entrelacés. Selon l’historien américain J.Robert Tilly les GIs auraient commis 17000 viols par pendant les campagnes de France et d’Allemagne. Mais le pire revient à l’Armée Rouge pour laquelle on évoque le viol de plus d’un millions de femmes allemandes en 44-45. Un tabou qui commence tout juste à être levé en Allemagne.

La décristallisation porterait sur 80 000 anciens combattants encore en vie, ce qui représenterait un coût pour l’Etat d’environ 500 millions d’euros par an. Mesquine jusqu’au bout des ongles, la réglementation actuelle impose aux intéressés, pour toucher leur pension, de passer 9 mois sur 12 en France. Une double injustice alliée à un cynisme d’Etat : attendre qu’avec le temps le nombre de bénéficiaires potentiels diminue pour faire un geste.


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