" Une immense châsse de pierre dressée au-dessus d'une tombe illustre " - Bernard Craplet
Avec plus de 70 mètres de longueur, la basilique Saint-Julien de Brioude est la plus grande des innombrables églises romanes qui parsèment tout le territoire d'Auvergne. Elle se rattache à l'école auvergnate par son chevet à étages et ses pierres multicolores mais elle en diffère par l'agencement de ses portails, lesquels sont surmontés de voussures lisses, sculptés ou en dents de scie ( dénotant du traditionnel cordon à billettes ) et par l'ornementation, façon bourguignonne, du chevet.
Façade Nord et le porche d'entrée
de la basilique Saint-Julien de Brioude ( Haute-Loire )
Entreprise par le narthex en 1060, la construction de l'église actuelle fut achevée en 1180 avec le chœur et le chevet. Sa nef fut surélevée et voûtée d'ogives en 1259; la façade Ouest et le clocher qui la surmonte, ayant été repris au cours du XIXè siècle.
Le chevet, d'une belle ordonnance concentrique est une des parties les plus remarquables de l'ensemble. La haute nef absidiale, ornée d'un large bandeau de mosaïques marqueté blanc et noir, s'entoure, à sa base, d'un très beau déambulatoire d'où se détachent cinq chapelles rayonnantes toutes épaulées par des contreforts. Sous les toits de lauze étagés des corniches du chevet, apparaissent des modillons sculptés de monstres, de personnages, de feuillages et de copeaux.
Voûtés d'arêtes, les porches latéraux proposent un aspect assez original dû à leur utilisation comme chapelles au XVIè siècle et à la tribune qui les surmonte. Le porche Nord conserve les restes d'un très beau tympan du XIIè siècle qui représente l'Ascension. Le porche Sud est orné de beaux chapiteaux à feuillages et abrite un portail dont les vantaux ont encore leurs peintures romanes et leurs heurtoirs de bronze qui figurent pour l'un, une tête de lion et pour l'autre, une tête de singe.
A l'intérieur, ce qui frappe d'emblée le visiteur, c'est l'ampleur de l'édifice et sa chaude coloration qui tire partie des grès rouges des murs et des piliers de même que le pavage de galets. Le narthex avec ses trois tribunes qui s'ouvrent sur les nefs et les quatre premières travées de la nef elle-même, constituent les éléments les plus anciens ( fin du XIè siècle ). Leur sobriété contraste avec l'exubérance architecturale et décorative du reste de l'ensemble, notamment du reste de la nef et du chœur dont les parties hautes ont été transformées au cours des XIVè et XVè siècles selon la forme ogivale, renvoyant quelques aspects gothiques à l'édifice.
Les chapiteaux, hauts placés sur les piliers multicolores, sont à feuilles d'acanthe ou historiés et illustrent des thèmes que l'on retrouve souvent dans d'autres églises d'Auvergne ( bestiaires, fabuleux personnages, masques, scènes infernales... ).
La basilique Saint-Julien recèle en son intérieur quelques belles pièces maîtresses de premier intérêt telles une Vierge à l'oiseau en lave du XIVè siècle, une Vierge parturiente couchée en bois polychrome du XIVè siècle, un Christ lépreux en bois marouflé polychrome, un Christ en majesté entouré des quatre évangélistes ou les fresques de la chapelle Saint-Michel représentant le Christ dans sa gloire, la Punition des mauvais anges, le Triomphe des vertus sur les vices...
➥ Le martyre de Julien
La tradition rapporte que Julien, tribun de la légion romaine, originaire du Viennois et converti à la foi chrétienne, se réfugia à Brioude où il subit le martyre en l'an 304. Le tombeau vénéré de Saint Julien valut à Brioude une énorme affluence de pèlerins, particulièrement à l'époque de Grégoire de Tours.