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Fannie Mae a perdu 23,2 mrd USD au T1, après 25,2 mrd USD au T408
L'organisme américain de refinancement hypothécaire Fannie Mae, placé sous tutelle des pouvoirs publics en septembre, a enregistré une nouvelle et lourde perte au premier trimestre, de 23,2 milliards de dollars, à peine réduite par rapport à celle de 25,2 milliards enregistrée trois mois plus tôt, selon un avis boursier publié vendredi.
Une rallonge de 19 milliards...
La société a ajouté qu'elle avait dû réclamer 19 milliards de plus au Trésor pour maintenir une situation nette positive. Elle avait déjà fait appel à cette facilité à hauteur de 15,2 milliards de dollars en février.
Qui va payer ? Le contribuable bien sûr!
Le Trésor avait porté il y a trois mois de 100 milliards à 200 milliards de dollars la ligne de crédit ouverte à la fois à Fannie Mae et à son concurrent Freddie Mac pour leur permettre de maintenir la valeur de leurs actifs à un niveau supérieur à celle de leurs passifs.
Qu'est ce qui explique cette perte abyssale ?
Fannie Mae a expliqué ses pertes par l'augmentation de ses provisions pour créances douteuses, à hauteur de presque 21 milliards, en hausse de 74% par rapport à la fin 2008. En effet le nombre de saisies immobilières est loin de fléchir comme le rappelle opportunément Paul Jorion sur son (excellent) blog : "le plus spectaculaire, c’est évidemment que le chiffre record de 121.000 mises en demeure du 1er trimestre 2008 (portant sur des crédits subprime), vient d’être battu au 1er trimestre 2009, avec 135.000. (...)
C’est la deuxième vague, et elle est plus formidable que la première."
Du coup, les dépréciations d'actifs ont également pesé sur les résultats de Fannie Mae à a hauteur de 7,2 milliards de dollars.Au total, la perte nette est plus que décuplée depuis le premier trimestre 2008 (2,18 milliards de dollars).
Le chiffre d'affaires de la société a encore reculé par rapport à la fin 2008, à 5,2 milliards de dollars.
Fannie Mae a précisé qu'elle allait devoir poursuivre l'effort de provisionnement sur son encours de crédits, alors qu'elle constate "une augmentation des défauts de paiement résultant de la forte hausse du chômage et de la poursuite du déclin du prix des logements".
"Certains types de prêts ont continué à représenter une part disproportionnée" des défauts de paiement, a-t-elle noté. Traduction par Paul Jorion : "Ce ne sont plus les subprimes cette fois-ci, ce sont les prêts Alt-A dont les emprunteurs n’étaient pas requis de justifier leurs revenus et les prêts Pay-Option ARM dont les traites étaient dans 85 % des cas inférieures aux intérêts dus, débouchant sur un accroissement du principal, du montant à rembourser. "
En gros, plus grand monde n'est disposé à rembourser un bien hier surévalué et dont on espèrait une juteuse plus value mais qui se trouve aujourd'hui complètement dévalué.
Quelles sont les zones les plus touchées par ces mauvais payeurs?
Il s'agit notamment des prêts contractés dans les quatre Etats américains les plus touchés par l'éclatement de la bulle immobilière: la Californie (ouest), la Floride (sud-est), l'Arizona (sud-ouest) et le Nevada (ouest). Mais aussi les prêts contractés au sommet de la bulle en 2006 et 2007 et les prêts consentis à des ménages peu solvables, notamment ceux où les emprunteurs ne remboursent dans un premier temps que les intérêts. Pas de miracle : on a endetté des NINJA (No income, No Job nor Asset) c'est à dire des gens sans revenus, sans travail ni biens; on ne peut s'étonner que ces mêmes personnes ne puissent aujourd'hui faire face à leurs dettes... et que l'immobilier s'effondre, entraînant la planète finance avec lui.
Conséquences sur le marché
Le marché, hyper optimiste, pourrait à plus ou moins long terme s'alarmer de ces nouvelles pertes. Même si l'Etat comble les trous aujourd'hui, la facture devra tôt ou tard être payée par le contribuable. cela pourrait se traduire par une inflation massive ... ou bein une chute du billet vert ... ou les deux !
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