En début de semaine a eu lieu en Afghanistan le bombardement le plus meurtrier depuis le début de la guerre lancée en octobre 2001. "Au moins" 100 personnes dont des civils et des insurgés sont mortes sous les bombes américaines. "Une centaine de morts" titre le journal Le Monde, comme si le nombre exact de victimes civiles, parmi lesquelles des femmes et des enfants, n'était pas important aux yeux de l'Occident, comme si la vie d'un afghan comptait moins que celle d'un militaire occidental.
Dans le même temps, on apprend que des soldats américains basés à Kaboul et appartenant à une association évangéliste prosélyte mènent une opération de conversion religieuse des Afghans en leur distribuant des bibles traduites en pachtoun et en dari, les deux principales langues parlées en Afghanistan. Cette révélation avait déjà été faite il y a un an dans un documentaire tourné par un journaliste britannique, mais il semble que rien n'ait été entrepris par l'armée américaine pour stopper ce prosélytisme, malgré le fait qu'il soit théoriquement interdit par la Constitution américaine, par le droit international et par le règlement intérieur des forces alliés basées en Afghanistan.
En résumé, la configuration de cette guerre est claire. D'un côté, l'Occident utilise la force armée pour lutter contre la résistance afghane et talibane. Et de l'autre côté, il a recours à la foi religieuse pour convertir la population afghane aux valeurs occidentales. Nous voici donc revenu au temps des Croisades, ou plus proche de nous, au "temps béni des colonies". Cette guerre dure depuis maintenant 7 ans, et les troupes occidentales semblent toujours ne pas avoir compris l'absurdité et l'inefficacité de cette opération militaire qui apparaît plus meurtrière que libératrice du point de vue de la population afghane. Il va bien falloir pourtant quitter cette terre afghane un jour ou l'autre, si l'Occident ne veut pas subir le même sort que les Soviétiques à la fin des années 80.