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Money Money Money

Publié le 09 mai 2009 par Ansolo

En l'emportant face à Castres lors de la pénultième journée du Top14, Bourgoin a condamné l'US DAx à la rétrogradation en ProD2. Les Dascquois accompagnent leur voisin Landais, le Stade Montois, à l'étage inférieur.

Nombreux étaient ceux qui, avant même le début de la saison, voyaient les deux clubs Landais descendre en ProD2. Notamment parce que Dax et Mont-de-Marsan présentaient les deux plus petits budgets du Top14.

Avec la montée du Racing Métro dans l'élite et, peut-être, celle d'un autre poids lourd du rugby Français, le Top14 2009-2010 va afficher une masse budgétaire cumulée sans équivalent depuis le début du professionnalisme. A titre d'exemple, le Racing Métro devrait présenter un budget de 15 M€ environ.

Et si un gros budget n'est pas synonyme de réussite sportive (le RCT peut en témoigner), il n'en demeure pas moins, désormais, une condition préalable aux ambitions de Brennus, pour ne pas parler de H Cup. Calendrier démentiel, effectifs internationaux des provinces Celtes et des rivaux Anglais, doublons, tout cela nécessite de pouvoir aligner une feuille de match "significative".

Et cette course aux armements s'accompagne de l'inflation des salaires. On parle de chèques à six voire sept chiffres signés par certains présidents pour attirer dans leurs filets des joueurs susceptibles de faire basculer le sort d'un match, ou à tout le moins de faire venir le quidam au stade et dans les boutiques vendant les maillots et produits dérivés du club.

Certes, ces situations sont encore réservées à quelques joueurs emblématiques, présentées commes des "stars" par des médias pas toujours très regardant dans l'attribution de ce qualificatif. Evidemment, même pour ceux-là, les chiffres avancés sont éloignées des hallucinantes flambées footballistiques.

Pourtant, il y a quelque chose de discutable dans cette lente, mais sûre, escalade.

Question de nostalgie (qui n'est jamais ce qu'elle était avant...), de refus de voir la réalité économique en face ?

Peut-être. D'un autre côté, il n'est pas certain que le niveau du jeu suive celui des salaires. Le temps n'est certes plus à '"l'ailiers chirurgien qui récupère la gonfle que lui passe le demi d'ouverture garagiste de son état, lui-même servi par un numéro huit représentant de commerce ou cafetier". Mais celui des joueurs formés (formatés) dès leur plus jeune enfance dans l'espoir de devenir des supports publicitaires pour une eau de toilette ou une assurance, et accessoirement de bons manieurs de ballon ovale, ne semble pas forcément plus excitant du point de vue de l'amateur de rugby.

Pour un élu, combien de recalés, qui n'auront pour seul bagage qu'un bac (et encore) et un talent limitant leur prétention, au mieux, à la fédérale 1 ?

La course au recrutement, la hausse des salaires, la manie des contrats d'une durée inférieure à la saison sont autant de symptômes d'un rugby qui assume sa condition de nouveau riche. Mais qui risque (qui commence ?) de voir débarquer les à-côtés moins reluisant qu'un ballon doré tombé du ciel du Stade de France : arbitrage contesté, entraîneurs virés en moins de deux, propos limites dans les stades... Et bientôt bagarres entre supporters ?

Sans aller jusque là, on entrevoit ce que craignent les supporters des petites villes qui, jusquà présent, font vivre le rugby de haut niveau en France : la disparition des clubs les moins riches situés dans les sous-préfectures, au profit de ceux des grandes agglomérations. Cette évolution conduirait à concentrer un peu plus le rugby dans une zone géographique limitée. Car il n'est pas certain que les les grandes cités du Nord de la Loire accueillent des clubs de l'élite.


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