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Des monnaies de plus en plus diaphanes

Publié le 10 mai 2009 par Kalvin Whiteoak

Évènement particulier durant la deuxième partie de la semaine passée : le trésor américain n’a pas trouvé preneur pour une portion importante de l’émission hebdomadaire de ses tranches de nouvelles dettes de l’État US.

Pas intéressant et trop risqué ont jugé les cheiks, les Chinois et d’autres investisseurs institutionnels pourtant en manque flagrant de produits financiers sûrs et garantis. La signature de l’État américain deviendrait donc de qualité médiocre aux yeux de certains, retour quelque part assez juste d’une politique du laisser-faire de quelques dizaines d’années couronnées par la présidence Bush 2 qui dans la catégorie des catastrophes mettra du temps à trouver son pareil. Voilà qui ne va pas arranger Barack dans sa guerre contre la crise, car qui dit doutes sur la signature de l’État dit dévaluation automatique de sa monnaie et recours imposé à la planche à billets.

Sur le plan européen, la situation n’est guère meilleure et en Suisse, la BNS use et abuse aussi, sans le crier sur les toits, des mêmes instruments pour contrer la crise : l’émission de monnaie à qui mieux mieux.

Il est clair que cette débandade ne pourra continuer sans risques majeurs pour les économies et l’indépendance même des pays riches. Car si les États se mettent eux aussi à jouer au jeu de l’avion à la place des banques, on n’est pas sorti de l’aéroport.

Sarkoléon a voulu s’emparer du G 20 comme d’un joyau de la politique internationale à mettre à son seul actif ou pas loin. Mais personne n’est dupe, le G 20 qui aurait justement dû se pencher sur ce problème de masses monétaires n’a été qu’une aimable conversation autour d’une “little cup of tea” de facture anglaise, bien évidemment.

A trop vouloir augmenter les masses monétaires globales, les pays dits riches voient de fait leurs monnaies respectives perdre de la valeur jour après jour. Et le temps des vautours ne va pas tarder.

Que dira-t-on quand un pays (l’Islande par exemple) n’aura plus d’autres solutions que de financer son déficit en empruntant auprès des fonds souverains des dragons asiatiques ou d’un émirat arabe quelconque. De quelle  autonomie ce pays disposera-t-il ? sera-t-il encore un peu autonome et souverain ?

Plus vraiment, et c’est bien là que mène la folie des banques et du système capitaliste. Il transfère encore plus le pouvoir dans les mains d’une oligarchie qui peut et ne manquera pas d’en user pour son intérêt exclusif, même si l’intérêt au sens strict est interdit par la religion d ‘État qu’il pratique.

On a peine à comprendre que sous couvert de masquer la crise et ses effets, les gouvernements occidentaux se soient lancés à tête aussi baissée dans une politique commune de dévaluation compétitive monétaire. Car tous leurs beaux discours sont regardés depuis l’Asie et le Golfe, et aussi en Inde, comme des comportements de gamins. Il faut dire que dans ces pays, l’épargne est une valeur qui le dispute au travail, du moins pour ceux qui y sont assignés.

Continuer d’imprimer des billets de dollars, d’euros et de francs suisses à la vitesse à laquelle cela se produit actuellement revient à nier la cause de la crise et à repousser sa solution : la remise à plat de la notion de valeur, de prix et de juste répartition des profits et des risques, autant à l’intérieur des pays “riches*” que des pays émergents.

Un déficit notoire inquiétant de réflexion en matière géostratégique.

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