L'héritage de Mme Thatcher et quelques autres billets m’amènent à me demander si John Galbraith n’a pas tiré contre son camp. En narguant les économistes classiques, en leur révélant que le monde était sous l’emprise d’une forme de socialisme, non seulement il leur a fait voir rouge, mais encore il leur a montré les faiblesses du dispositif.
Et ces faiblesses sont les ressources de l’état. D’où les tire-t-il ? Des impôts et des taxes (TVA). Il suffit de convaincre le peuple que l’état est inefficace et que le prélèvement c’est le vol, et l’affaire est dans le sac.
En fait, comme souvent, l’argumentation anglo-saxonne à l’endroit de l’état ressort du sophisme. Elle prend l’exemple de l’Union soviétique et en déduit que l’état, dirigé par la volonté d’un homme, ne peut qu’être inefficace puisque l’homme ne peut prévoir l’avenir (démontrer cela est l'oeuvre de Hayek). Ce qui est vrai. Alors, il ne reste que le marché. Car il n’y a que le choix entre le marché et la dictature.
Oui, mais l’état n’est pas là pour nous imposer la volonté de tel ou tel, mais pour mettre en œuvre la volonté générale. Actuellement celle-ci consiste à relancer l’économie et à contrôler les excès du marché et des organismes financiers. Pour mettre en œuvre de tels plans d’ensemble, il y a besoin d’une coordination de la nation. Elle est effectuée par l’état.
Quant au marché, sa fonction est de déplacer et d’échanger des biens. Il ne sait pas mieux prévoir que l’homme, il n’est pas innovant, pas plus qu’il n’investit dans l’amélioration du meilleur actif que nous possédions : l’homme et la société. Et il a besoin d’être fermement contrôlé.
D’ailleurs, la stimulation financière a-t-elle la moindre efficacité ? Si je reprends l’histoire de ces dernières décennies, que vois-je ? On parle de la gloire du marché, de la récompense pécuniaire de l’effort (« travailler plus pour gagner plus »). Mais si ça avait été vrai, tout le monde anglo-saxon, stimulé par l’argent, aurait dû travailler plus et mieux, et s’enrichir. Or, il n’y a qu’une petite élite américaine qui a suivi ce modèle (d’ailleurs a-t-elle plus travaillé ?). Tout le reste a été délocalisé. Même dans l’entreprise, la soif du lucre est peu efficace.
Complément :
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CALDWELL, Bruce, Hayek's Challenge: An Intellectual Biography of F.A. Hayek, University of Chicago Press, 2005.