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Travailler moins pour vivre mieux

Publié le 12 mai 2009 par Pslys

André Gorz écrivait que  « dans tous les pays industrialisés et développés, la concurrence capitaliste conduit à réduire les prestations sociales, à réintroduire le travail du samedi et du dimanche, à précariser l’emploi, à marginaliser une fraction croissante de la population, à laisser se détériorer le cadre de vie bref à sacrifier l’essentiel afin que le superflu puisse être produit avec plus de profit ». Cette remarque date de 1991 et pourtant tout laisse penser qu’il s’agit d’une description lucide des actions de notre gouvernement actuel.

Nous vivons dans une ère de productivisme effréné où la valeur travail est portée à son paroxysme. A droite d’abord. Le culte du travail n’a jamais été autant glorifié que depuis l’époque de Vichy lorsque le maréchal Pétain dénonçait la diminution du temps de travail du Front Populaire comme facteur de la défaite française en 1940 (« l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice »). Après « la France qui se lève tôt », le « travaillez plus pour gagner plus », la possibilité laissée aux salariés de travailler jusqu’à 70 ans, le nouveau projet sur le travail du dimanche s’apprête à déstructurer notre société. Fini la grasse mâtinée, les silences apaisants des rues sans voitures, les repas en famille ou entre amis, les rencontres sportives ou les manifestations associatives. Place à la très sainte consommation. Pour « libérer » la croissance (« molle », « en berne »… l’idiotie sémantique est sans borne) il faut consommer plus et, donc, travailler plus. Voici la Nouvelle Trinité : au nom de la Croissance, de la Consommation et du Travail !

La situation d’autant plus absurde que la question, dans l’avenir, est inéluctable étant donné que l’augmentation de la productivité liée au progrès technique réduit la quantité de travail nécessaire. Or le système capitaliste pose le problème à l’envers en formulant la question suivante : comment faire pour que, malgré les gains de productivité, l’économie conserve autant de travail que par le passé ? Répondre à cette question implique de s’engager dans une escalade de la marchandisation. C’est-à-dire nous faire désirer de nouveaux besoins pour maintenir le travail comme place centrale de nos vies.   Résultat : après avoir consommer des biens, on consume des individus qui n’ont plus de temps, d’énergie ou d’envie pour se consacrer à des activités plus épanouissantes : lire, rêver, militer, aimer…


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