“L’insurrection qui vient”

Julien Coupat est ce “dangereux terroriste” de “l’ultra-gauche” soupçpnné par les services de MAM des attentats contre les lignes électriques du TGV, maintenu en prison préventive faute de preuves, dans l’espoir d’en trouver, et dont les “complices” arrêtés à Tarnac ont tous dûs être libérés, faute de preuve sans espoir d’en trouver.

Tout dernièrement, en liaison avec cette affaire, une photographe a été placée 72 heures en garde à vue, avant d’être “relâchée sans aucune charge”. (Le Monde)

Faute de preuves,  matérielles, il est reproché à J. Coupat d’avoir commis un ouvrage, “L’insurrection qui vient” (Ed. La Fabrique, 2007), en vente au prix de 7 € et par ailleurs gratuitement téléchargeable là.

Quelques extraits des premières pages des constats lucides de ce tonique petit ouvrage: 

- “La sphère de la représentation politique se clôt. De gauche à droite, c’est le même néant qui prend des poses de cador ou des airs de vierge, les mêmes têtes de gondole qui échangent leurs discours d’après les dernières trouvailles du service communication. Ceux qui votent encore donnent l’impression de n’avoir plus d’autre intention que de faire sauter les urnes à force de voter en pure protestation… Le couvercle de la marmite sociale se referme à triple cran tandis qu’à l’intérieur la pression ne cesse de monter”.

- Au sujet des émeutes des banlieues en 2005: “Toute cette série de frappes nocturnes, d’attaques anonymes, de destructions sans phrases a eu le mérite d’ouvrir à son maximum la béance entre la politique et le politique. Nul ne peut honnêtement nier la charge d’évidence de cet assaut qui ne formulait aucune revendication, aucun message autre que de menace ; qui n’avait que faire de la politique”. 

- “On n’arrivera pas à enchanter le fait de torcher à vil prix des vieillards abandonnés des leurs et qui n’ont rien à dire. Ceux qui ont trouvé dans les voies criminelles moins d’humiliation et plus de bénéfices que dans l’entretien de surfaces ne rendront pas leurs armes, et la prison ne leur inculquera pas l’amour de la société”. 

- “Si «la société» n’était pas devenue cette abstraction définitive, elle désignerait l’ensemble des béquilles existentielles que l’on me tend pour me permettre de me traîner encore, l’ensemble des dépendances que j’ai contractées pour prix de mon identité. Le handicapé est le modèle de la citoyenneté qui vient. Ce n’est pas sans prémonition que les associations qui l’exploitent revendiquent à présent pour lui le «revenu d’existence»”.

 - “…on a employé nos pères à détruire ce monde, on voudrait maintenant nous faire travailler à sa reconstruction et que celle-ci soit, pour comble, rentable. L’excitation morbide qui anime désormais journalistes et publicitaires à chaque nouvelle preuve du réchauffement climatique dévoile le sourire d’acier du nouveau capitalisme vert, celui qui s’annonçait depuis les années 1970, que l’on attendait au tournant et qui ne venait pas”.

Dans la lignée des situationnistes, constat de désespoir se terminant par des propositions d’actions plus directes (“Harceler la police, c’est faire qu’étant partout, elle ne soit nulle part efficace”, …), cet ouvrage me semble prémonitoire de la réaction que risque d’avoir une jeunesse lorsqu’elle se rendra vraiment compte que nous lui avons avant tout légué des dettes et un sombre avenir.

En termes plus policés, c’est la thèse que développe G. Courtois dans Le Monde. Personnellement, j’ai tendance à penser que cet ouvrage est un cri de société, une alerte civilisationnelle, que nous ne devrions pas prendre à la légère et surtout pas traiter bêtement et policièrement.

- Sabotage des TGV, au lieu de Tarnac, s’il fallait chercher en Allemagne ? Libération.

- Laïcité en danger. Le Monde.Voir aussi l’article sur J. Bauberot.

- 34 000 postes de fonctionnaires supprimés en 2010, 3 fois plus que l’année précédente. Libération. C’est normal, il faut bien payer les conneries des banques et les libéralités du “bouclier fiscal”. Enseignement, Recherche, Santé, Police, c’est vrai qu’il y a pléthore!

- “Grand gâchis des Universités”. La presse le déplore tous les jours. Il faut se rappeler que le décret Pécresse a été publié en catastrophe et en catimini pendant les vacances d’été 2007, sans concertation ni négociation, dans l’espoir qu’il passe inaperçu. Il serait plus exact que les journaux titrent sur le “Grand gâchis de Pécresse”.

- Le délitement de la “Gauche autrement” niçoise… Blog de X. Garcia.

- C’est à Nancy. Nouvel Obs… A Nice, on tient une conférence de presse. 

- Bessoneries (2). NouvelObs.

- Sécurité sarkozienne. Le Monde . “Le rapport souligne, en outre, qu’en 2008, la proportion gardes à vue/mis en cause a été la plus importante (91,19 %) en matière de vols avec violences, et la plus faible dans le domaine des infractions économiques et financières (26,50 %)” (…) “Les infractions économiques et financières représentent l’unique bémol mis en évidence par le rapport, avec un taux d’élucidation en baisse, de 59,89 % à 51,52 % sur la même période”. La bande du Fouquet’s a le sourire.

- Propriété intellectuelle. J’en avais récemment parlé là. “La Commission européenne doit examiner un texte visant à prolonger de 50 ans actuellement à 95 ans le droit d’auteur des musiciens et des maisons de disques…, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis”. Telos. “L’allongement de la durée des droits est une fausse bonne idée car le surplus de revenus dégagés bénéficiera uniquement aux best-sellers, en accentuant encore la coupure avec les titres dits de la longue traîne”… et “Je n’ai jamais entendu un musicien décider de ne pas enregistrer un disque parce que ses droits tomberont dans le domaine public dans seulement cinquante ans”…