Eboche de repentance
La repentance est une boisson qui ressemble au Coca Cola.
Premièrement, comme la célèbre marque rouge, elle fut pensée pour être utilisée comme médicament, mais a connu une fulgurante ascension mondiale sous un packaging adapté à la grande consommation.
Deuxièmement, quoique amère et acide pour l’estomac de celui qu’elle ingère, elle provoque une certaine addiction. La coupe se boit jusqu’à la lie…
Tertio, sa formule est immuable et gardée secrète. Seule divergence : la repentance light n’existe pas. C’est soit du max, soit du zéro.
Prenons un cas appliqué : celui du discours de Benoît XVI à Yad Vashem. La formule alchimique n’était pas la bonne. Je passe sur le cas Williamson où effectivement il n’a pas joué finement. Mais le reste des critiques reste incroyable. Si l’on parle de juifs tués et non assassinés, ça compte zéro point, et non 1 point : Avner Shalev, le directeur du Mémorial, s’est même cru autorisé à parler de « ratage » dans le discours « important, mais froid et abstrait » du souverain pontife.
Pire, nous dit-on. Le Pape n’a pas demandé pardon. Au nom de qui ? Il est venu pour représenter une religion, pas un peuple ! Quel scandale pourtant. En tant qu’allemand, le pape Benoit XVI devrait s’excuser chaque matin d’être né. Il doit faire ses excuses à des gens qui n’étaient pas nés à l’époque pour des faits commis par des gens qui sont morts depuis. Voilà qui lui donne même pas la moyenne en physique chimie israëlienne.
Israël, l’archipel emmuré
Puisque Israël s’intéresse tant à la repentance, pourquoi ne s’exercerait-il pas à cet art qu’il impose à d’autres avec tant d’aplomb et de culot ? Car, si la responsabilité des crimes commis par le régime nazi est peut-être extrapolable à toute personne née en Allemagne dans l’entre-deux-guerres*, la responsabilité des crimes commis par l’Etat d’Israël en territoires occupés est très largement partagée par la société toute entière.
Celle-ci n’a-t-elle pas élu le premier gouvernement d’extrême droite qu’Israël ait connu depuis sa naissance, un gouvernement qui refuse le processus d’Oslo ?
D’ailleurs, les 1 500 palestiniens victimes de l’incursion israëlienne à Gaza en décembre dernier, faut-il dire qu’ils sont assassinés ou tués ?Et par qui ?
oui, Israël joue un jeu stupide, en osant lancer des anathèmes sur des faits commis il y a un demi-siècle, aussi terribles soient-ils, alors qu’il mène une politique de conquête incompréhensible pour la totalité de cette planète. D’un coté l’exigence de la repentance, non pas au coupable mais au témoin. De l’autre, le sang des victimes.
Quelle dramatique erreur historique ! Alors qu’Israël est fort, il refuse une paix qu’il ne pourra que se faire imposer, le jour où la bombe démographique sera plus terrifiante que la bombe nucléaire et que la Chine aura supplanté les Etats-Unis.
C’est à leurs aïeux que les jeunes juifs de 2020 exigeront une repentance…A moins qu’ils n’aient compris que sur le long terme, c’est une boisson qui rend aveugle et insensible aux drames du présent.
* Lire le billet de Samuel.
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