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Hôpital : la réforme de tous les dangers

Publié le 13 mai 2009 par Hmoreigne

 Roselyne Bachelot prend l’eau.Les oppositions se cristallisent autour de son texte Hôpital, Patients, Santé, Territoires. “Loi Bachelot : personne n’est content” résume parfaitement le quotidien 20 minutes. Pas plus les personnels soignants que, les gestionnaires d’hôpitaux ou encore les citoyens-patients, légitimement  inquiets d’une réduction de la qualité des soins. Au-delà du texte lui-même, les interrogations se multiplient sur la capacité de Nicolas Sarkozy à conduire et surtout réussir ses réformes.

Roselyne Bachelot n’aura pas eu le temps de manger le pain blanc de sa gestion de crise reconnue comme réussie par l’Elysée dans le dossier de la grippe Mexicaine. Le plat principal est beaucoup plus difficile à faire avaler et à digérer. Derrière de faux airs de Castafiore la ministre de la santé est une vraie politique. Elle sait qu’en cas d’échec, le président lui fera payer le prix fort. Signe avant-coureur, la moue boudeuse a déjà remplacé le large sourire.

La petite dose de compromis pour la réforme de l’hôpital public” apportée par l’Elysée, comme le titrait Libération, n’a pas suffi à faire tomber le vent de contestation.

Alors que les personnels hospitaliers appellent de nouveau à manifester jeudi, Nicolas Sarkozy a lâché du lest en assurant que “le directeur ne sera pas un despote absolu“. Le chef de l’Etat a annoncé que les médecins disposeraient de davantage de sièges au sein du directoire des CHU. Dans tous les hôpitaux, certains membres du directoire seront nommés sur proposition de la communauté médicale. Ces concessions qui marquent un geste à l’égard des  grands pontes ont pour effet de susciter la colère du principal syndicat de directeur d’hôpital (SNCH), qui estime que “les directeurs risquent d’être ligotés de toutes parts” et dénonce “une réforme pour rien“.

Les gens voient bien qu’on est en train de modifier aussi l’appareil de santé du pays et d’en faire, comme tout le reste, un système marchand” a pour sa part déclaré sur Canal + Jean-Luc Mélenchon. Les propos du turbulent sénateur du Parti de Gauche traduisent bien la crainte d’une majorité de Français et l’agacement de la haute assemblée.

Au Sénat pourtant habitué aux ambiances feutrées, les papys de la république font de la résistance.  ”La procédure accélérée devient de plus en plus insupportable sur ce projet de loi, où l’improvisation le dispute au changement de pied“, a protesté Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste alors que la majorité sénatoriale a voté un amendement supprimant la pénalité financière prévue pour sanctionner les médecins exerçant dans des zones où les praticiens sont nombreux et qui refuseraient de prêter main-forte à leurs collègues travaillant dans des déserts médicaux.

La grogne touche un électorat traditionnellement proche de l’UMP. Bernard Debré figure parmi les opposants remarqués au projet de loi. Dans France Soir, le député UMP et professeur de médecine reconnaît l’existence d’un malaise profond au sein de l’hôpital. “Il n’y a plus de personnel soignant et plus de médecins. Cette année, il y a 20.000 postes en moins. Le problème ne vient pas de la gestion ou de la gouvernance des hôpitaux mais de la mauvaise répartition des flux financiers. Il y a beaucoup de petits établissements qui ont de graves difficultés. Il faut mener une réflexion sur la carte hospitalière.

Au delà du fond, le député UMP est critique sur la forme considérant qu’il “y a un côté paranoïaque ou schizophrène” dans le parcours de la loi Bachelot. “On a fait une loi HPST sans tenir compte de la commission qui travaillait sur les CHU et maintenant on va essayer de faire en sorte que ces deux lois puissent se coordonner.

Des inquiétudes se sont exprimées. Je les ai entendues“, “le texte peut encore évoluer“, a convenu Roselyne Bachelot avant de prévenir : “Le statu quo n’est pas possible, le débat que nous engageons aujourd’hui déterminera en grande partie de l’avenir de notre système de santé“. A titre d’illustration la ministre a fait savoir qu’elle entendait réintroduire le concept de pénalité financière pour les médecins libéraux.

Et si cette réforme était celle de trop ? Une réforme vouée à l’enlisement comme avant elle celle de la carte judiciaire ou de l’université. Un point de bascule semble être atteint dans le mode de gouvernance de Nicolas Sarkozy. Son stakhanovisme de la réforme commence à lasser surtout quand celles-ci ne sont pas réellement abouties. Un papillonnage stérile contre-productif qui vient rogner le lien ténu de confiance entre les citoyens et leurs dirigeants. Et ce n’est pas un hasard si, à l’occasion du deuxième anniversaire de l’élection de Nicolas Sarkozy, on est bien en peine pour citer une réforme marquante de son début de mandat.


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