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X-Men Origins : Wolverine

Par Vance @Great_Wenceslas

Un film réalisé par Gavin Hood (2009) avec Hugh Jackman, Liev Schreiber & Will I Am.

X-Men Origins : Wolverine
 

Résumé : James Howlett est un mutant canadien, doté de sens développés et d’un facteur guérisseur impressionnant. Obligé de quitter sa maison dès l’enfance pour avoir tué son géniteur, il a grandi aux côtés de son frère doté des mêmes capacités, traversé trois conflits majeurs avant d’être recruté par un certain Stryker dans un commando formé d’individus comme lui et ne lésinant pas à exécuter les gêneurs. Cependant, James, qui se fait désormais appeler Logan, répugne de plus en plus à tuer et décide soudain de quitter ce groupe, ce qui va entraîner de profondes rancœurs. Il n’aspire plus qu’à vivre une vie tranquille de bûcheron avec sa compagne…

Bon. Ca n’est pas le chef-d’œuvre attendu. Espéré même. Remarquez, on ne s’illusionnait pas trop non plus, faut pas exagérer. La Fox demeurait aux commandes, avec sur les bras un personnage terriblement charismatique et bankable, de ceux qui attireront irrésistiblement les fans de comics et les amateurs du Wolverine interprété par Hugh Jackman – voire les admiratrices du bel Australien de 40 ans (41 le 12 octobre) : il suffisait de pondre un scénario avec beaucoup d’action, une bonne dose d’effets spéciaux censés en mettre plein la vue, quelques punchlines dont une bonne moitié héritées du comic originel ainsi que des références parsemées çà et là destinées à calmer l’appétit des geeks. L’aura du héros fera le reste. Du coup, les cinéphiles avertis redoutaient déjà un manque de prise de risques, une modélisation artificielle, presque un lissage, du personnage et l’éradication de toute forme de violence bestiale, sauvage au profit de celle, plus cool et visuellement payante, des combats stylisés post-Matrix. Autant le dire tout de suite à ceux qui n’auraient pas parcouru le web à la recherche des articles rédigés par mes collègues ou camarades du Palmarès Interblogs * : les craintes étaient fondées. A force, on ne s’étonne guère. Mais il n’était pas interdit d’espérer.

X-Men Origins : Wolverine
Que nous sert-on ? Un film d’action. Rien d’autre, ou presque. Du très beau et parfois subtil Wolverine : Origins de Jenkins & Kubert (ressorti récemment en « Marvel Best Of » chez Panini et dont vous pouvez lire une intéressante chronique chez Neault en cliquant sur le titre), les scénaristes n’ont retenu qu’une séquence au tout début du métrage où on apprend le vrai nom de Logan et l’identité de son frère et on devine sa mutanité. Séquence qui réveille de nombreux échos enfouis chez les lecteurs assidus de la Maison des Idées mais les laisse aussi sur leur faim : c’est trop bref, cadré sans style, maladroit et même un peu racoleur.

L’Arme X, alors ? La bande-annonce, déjà ouvertement pop-corn, nous laissait à voir quelques images ressuscitant les flashes mémoriels du Logan des deux premiers films X-Men, ou comment Wolverine avait acquis ce métal indestructible recouvrant son squelette et le rendant quasiment invulnérable. Comment David Benioff et Skip Woods, les scénaristes, comment surtout Gavin Hood allaient-ils mettre à profit le travail réalisé par le grand Barry Windsor-Smith sur la mini-série Weapon X (publiée en France en 1992 par Semic dans la collection « Top BD », rééditée récemment par Panini en « Marvel Best Of ») ? Encore une

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fois, assez platement. Si l’adjonction d’adamantium en fusion permet quelques belles images et introduit une réelle tension, la sauvagerie et la rancœur accumulées par Logan n’éclatent pas aussi brutalement qu’on aurait pu croire. En outre, les motivations poussant Logan à agir nous apparaissent assez grossières et spécieuses, le faisant passer pour un pauvre pantin assez naïf (ce qui, pour quelqu’un approchant le siècle d’existence, est assez fort de café). L’histoire se meut tant bien que mal à travers les passages obligés (les origines, donc, l’Arme X, mais aussi le groupe qu’il forme avec Sabretooth et Wraith, son idylle avec Silver Fox, le sabotage de sa mémoire où il ne parvient plus à distinguer les implants mémoriels des vrais souvenirs et de ceux qui ont disparus), les modifiant parfois artificiellement et les édulcorant pour les intégrer tant bien que mal dans un script creux et inconsistant, scandé par des rencontres avec des mutants bien connus (Deadpool et Gambit, très réussis, mais aussi le Blob et Sabretooth ou encore le jeune Scott Summers et sans doute la future Emma Frost) qui arrivent à tirer leur épingle du jeu. Quant aux séquences finales post-générique, désormais habituelles (quoique… tous les spectateurs étaient déjà partis depuis belle lurette !), elles parviennent sans aucune élégance à opérer l’opération « raccordement » avec la trilogie X-Men de Singer & Rattner.

Pas de bain de sang, pas de déchaînement de violence, très peu de ce questionnement permanent sur la dichotomie entre l’homme et l’animal qui est si indistincte chez Logan : les dialogues sont risibles dès lors qu’il s’agit de pontifier, moraliser ou même de prêter serment (et la VF, atroce, n’aide pas vraiment), la musique est inconsistante ou inutilement pétaradante, les transitions manquent de fluidité.

Pourtant, cela parvient à être plaisant. Wolverine distilles quelques réparties bien senties et est surtout servi par un Jackman plutôt investi dans un rôle physiquement contraignant : ce gars, il faut le dire, rayonne littéralement. Même si ses duels commencent immanquablement par une charge digne d’un rhinocéros aveugle, il impressionne par son charisme, sa sûreté de geste et un vrai magnétisme dans sa démarche. Qu’il soit nu (pour le plaisir de ces demoiselles), en treillis ou en blouson de

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cuir, il est fascinant. Tant pis pour une hypothétique plongée dans sa psyché et une réécriture du Wolverine de Chris Claremont & Frank Miller (1987), on se contentera de cascades improbables et de ralentis plutôt classe et on ne se focalisera pas trop sur ces effets spéciaux pas toujours maîtrisés (les griffes d’adamantium reflétées dans le miroir font très gadget).

J’aurais pu donc pleurer sur ce qui aurait pu être, avec par exemple un positionnement plus couillu calqué sur le jouissif Iron Man ou une entreprise d’adaptation plus ambitieuse faisant la part belle à ce que ce personnage a de plus noble et de plus controversé. Wolverine plaît, c’est incontestable, pourtant c’est un tueur, le meilleur dans sa partie, encore à la recherche de ses limites comme de son honneur, refoulant autant qu’il peut ses instincts ataviques pour pouvoir s’affirmer comme homme. Ici, ces considérations ne sont que très brièvement abordées. Place à l’action, au bruit et à la fureur. Parce qu’il est Logan, parce qu’il est Wolverine, je m’en contenterai pour cette fois.


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